Claude Buchot : « une grande victoire pour les opposants à Notre-Dame des Landes »

Le viticulteur de Maynal est à l'origine de la création en 2012 du collectif NDDL-Jura. Au retour d'un séjour sur place, il avait coorganisé une conférence qui avait attiré 140 personnes à Lons-le-Saunier, générant visites de solidarité et initiatives locales d'explication. Il prend exemple sur le Larzac pour penser l'avenir avec ceux qui veulent vivre sur le territoire. 

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Edouard Philippe vient de terminer son discours dans lequel il annonce l'abandon de l'aéroport de Notre-Dame des Landes. Un coup de téléphone à Claude Buchot s'impose. Il anime depuis cinq ans le collectif jurassien d'opposants à l'aéroport. On le salue, demande comment il va...

Il répond : « Je suis ému, je rêve... L'abandon est une grande victoire pour les opposants. On se bat pour Julien Durand (porte parole de l'ACIPAassociation citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport de ND des Landes) et les Nantais... L'opposition a commencé il y a 55 ans. Il y a eu une vague d'oppositions en 2012. J'ai alors passé une semaine dans les cabanes de la forêt de Rohanne, au cœur de la ZAD... Et j'en ai fait mon combat. Je suis rentré dans le Jura gonflé à bloc. On a fait une conférence à Lons-le-Saunier, au Puits salé, on avait prévu 60 chaises, 140 personnes sont venues. C'est là qu'on a créé le collectif Notre-Dame des landes Jura. On a établi un pont permanent entre les opposants sur le site et le Jura. On y a été deux fois par an. On est en lien avec des zadistes et surtout des représentants des associations. Je pense à Julien Durand, à Sylvie et Marcel Thébault, un couple de paysans, des gens capables de résister malgré toutes les pressions. Ils font partie des quatre historiques... »

Le premier ministre a dit que la terre serait rendue aux paysans expropriés qui le souhaitent...

« Il faut maintenir les paysans historiques qui n'ont pas accepté les indemnisations de Vinci et les ont mises sur un compte-séquestre à la Caisse des dépôts. Ils doivent rester chez eux. Les autres, ceux qui ont signé et été indemnisés, hormis ceux qui ont eu le courage de rester, ont vendu. Ils n'ont pas plus de droits que quiconque... Il faudra réorganiser le territoire à partir des porteurs de projets. Je souhaite qu'une société foncière de mette en place, on a l'exemple du Larzac. Il faut que les gens qui veulent vivre sur la ZAD aient la possibilité de se porter candidats... »

Ce sera un combat !

« Un nouveau combat nous attend. Ça va être dur. Mais je veux être optimiste après la décision du gouvernement. »

Il y a le risque d'évacuation par la police...

« Effectivement, il ne faut pas le nier. Ces derniers temps, j'ai Julien Durand tous les jours au téléphone. Les associations ont une proximité avec un grand nombre de zadistes et veulent construire avec eux un projet en commun. Les zadistes intransigeants sont minoritaires. »

Qu'en est-il du projet agricole ?

« C'est une agriculture de proximité. On pense souvent au maraichage, mais il y a aussi de l'élevage laitier, de moutons, de brebis, des céréales pour des paysans-boulangers : ce sont la majorité des activités actuelles. Il y a aussi des artisans, menuisiers, soudeurs, travailleurs sur bois, des gens qui remettent en forme du matériel obsolète... Ils ont tous une raison de vivre sur la ZAD... qui ne sera plus une ZAD d'ailleurs. Ils sont entre 150 et 300... »

Ne craignez-vous pas une démobilisation de certains soutiens dans la perspective du rassemblement du 10 février pour lequel la Confédération paysanne de Bourgogne-Franche-Comté a affrété un car ?

« On a récemment eu une réunion des soutiens locaux où on avait dit qu'on ne participerait pas à la manifestation en cas d'abandon. Moi, j'irai, j'ai déjà mon billet de train. Les copains m'attendent. C'est bien que la Conf fasse un bus, je ne sais pas s'il y aura assez de participants. Mais ce sera la fête, l'affirmation d'un projet de société qu'on veut mettre en place. »

Le soutien aux opposants de Notre-Dame des Landes a-t-il pris dans le Jura parce que l'aéroport de Dole-Tavaux est contesté ?

« C'est indépendant. On a milité contre Tavaux surtout en raison de la gabegie financière et des problèmes écologiques. Le collectif Notre-Dame des Landes est intervenu sur Tavaux, mais il a surtout mobilisé contre les projets coûteux et inutiles dans le Jura, comme les zones commerciales de Champagnole, les projets de bétonisation autour des villes, comme ces 150 hectares de terres promises au béton autour de Lons... »

Et les projets de center-parcs ?

« On ne peut pas être partout, mais maintenant qu'il n'y aura plus Notre-Dame des Landes... On est en osmose avec les opposants aux center-parcs contre lesquels des adhérents du collectif sont mobilisés... » 

 

 

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