Center parcs : Pierre et Vacances reporte sa décision

Le groupe a annoncé des études complémentaires pour « vérifier la faisabilité technique et la faisabilité financière » du projet avant de prendre sa décision dans un an. Les opposants maintiennent le rassemblement prévu depuis plusieurs jours samedi 6 février à Poligny.

cppoligny

« C'est une décision sensée. Ils n'ont pas eu le temps d'approfondir les études sur l'eau, l'assainissement, la richesse écologique en cas de déplacement du site... » Pour Claude Brévan, la présidente de la commission particulière du débat public qui s'est tenu l'an dernier sur les projets de center parcs de Poligny et du Rousset, le report de la décision du groupe Pierre-et-Vacances n'a rien de surprenant.

Elle l'a sans d'ailleurs anticipé en rédigeant le bilan des quatre mois de débats. Elle écrit notamment dans la conclusion : « Si le projet devait se poursuivre, les citoyens resteront attachés au respect des avancées promises pendant le débat par Pierre & Vacances (....) qui devra expliciter les engagements pris pour répondre aux préoccupations exprimées... Des informations précises seront attendues, en particulier sur les questions environnementales ainsi que sur l’implication des entreprises et exploitations locales dans la réalisation et le fonctionnement du Center Parc. Les citoyens attendent que les engagements pris par le Conseil départemental et le Conseil régional, et la commune de Poligny, concernant l’étude des différentes propositions alternatives (notamment le développement des activités agricoles) soient également respectés, même si ces dernières ne se substituent pas, aux yeux des élus, au projet du futur Center Parcs. Les citoyens seront tout aussi exigeants quant aux engagements pris pour les suites du débat, notamment par le maire de Poligny et le président du Conseil départemental en matière de concertation et de transparence sur les suites qui pourraient être données à ce projet. Dans ce cadre, la désignation d’un garant de la concertation post-débat apparaît des plus pertinentes. »

Une visite en forêt de Poligny pendant le débat public. Au micro, le maire Dominique Bonnet. Jean Chabert tient le haut-parleur.

 

Cette dernière recommandation prend d'autant plus d'importance que le promoteur n'a « pas l'intention de renoncer », nous a précisé Jean Chabert, directeur général de Pierre-et-Vacances-Développement. « Nous avons des études techniques à faire, c'est notre métier. Il y a aussi des modifications des conditions du montage opérationnel liées à la modification des compétences des collectivités territoriales. On sait qu'il y a des difficultés. Il faut approfondir ».

L'eau, question primordiale

Tout est dit. La question de la ressource en eau est primordiale. Le débat a révélé que les périodes d'étiage ne permettaient pas, avec les deux sources envisagées, d'alimenter les 400 cottages et qu'une fermeture temporaire de la piscine sous bulle était envisagée. Mandaté par le groupe, l'hydrogéologue bisontin Pascal Reilé a cependant expliqué que la recherche d'une nappe d'eau dans le karst profond était possible. Il reste aussi à envisager le projet sous l'angle du réchauffement climatique qui n'a été qu'évoqué durant le débat public. C'est d'autant plus important que les prévisionnistes annoncent moins de neige, donc moins de stockage d'eau en hiver.

Les problématiques d'assainissement doivent également être davantage étudiées alors que toutes les rivières du massif jurassien sont, à un degré ou un autre, déjà impactées par l'intensification de l'agriculture et le manque de performance de certains équipements d'épuration des eaux domestiques. Claude Brévan rappelle également la nécessité d'un nouvel inventaire de « richesse écologique » si le site devait être déplacé.

« On va continuer à mettre la pression »

On sait déjà que le débat public a conduit à la modification de l'accès : il ne se ferait plus par Plasne, mais par une route forestière débouchant sur la RN5, peu avant la route de Besain. Le site a été légèrement décalé vers le nord en conséquence, mais l'ONF a proposé deux autres parcelles que le groupe n'a pas retenues : « il y a des difficultés en l'état actuel des études », indique Jean Chabert sans toutefois fermer complètement la porte à l'hypothèse. Le fait que le site des Tartaroz, actuellement choisi, soit la plus belle parcelle, la plus productive de la forêt polinoise, reste toujours en travers de la gorge des forestiers.

Il y a enfin la question du montage financier. Il dépend certes de la nouvelle répartition des compétences entre départements et région. Les premiers n'ont plus la main en matière de politique économique et la nouvelle région est en phase de construction : « ce n'est pas un contexte facile », admet Jean Chabert. Les oppositions au projet, outre les aspects environnementaux, se sont surtout focalisées sur cette dimension. Ils considèrent que l'argent public serait bien mieux utilisé en s'investissant en soutien d'une multitude de petits ou moyens projets locaux plutôt qu'en aidant un groupe mondialisé.

C'est ce qui a conduit l'association le Pic Noir, à maintenir le rassemblement programmé samedi matin à Poligny : « Tant mieux s'ils réfléchissent à trois fois. On va continuer à mettre la pression », réagissait une de ses animatrices, Véronique Guislain.

Prudent, Jean Chabert ne veut pas présager de la décision finale : « C'est trop tôt pour le dire. Il nous faut vérifier la faisabilité technique, parallèlement à la faisabilité financière ». Il trouve « légitime » la décision de la région de faire appel à une assistance à maîtrise d'ouvrage. Le groupe communiquera-t-il durant l'année qui vient ? « Pas beaucoup, cela dépendra surtout de l'évolution des relations avec les collectivités ».

 

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