Center parcs de Poligny : « où sont les études d’impact ? »

A quelques jours de l'ouverture du débat public sur les projets de Poligny et du Rousset, neuf associations de défense de l'environnement de Franche-Comté et de Bourgogne doutent que les « conditions favorables » soient réunies.

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Les défenseurs de l'environnement doutent de la sincérité des collectivités et du groupe Pierre & Vacances. A quelques jours de l'ouverture, jeudi 23 avril, du cycle d'une dizaine de réunions publiques de deux mois et demi qui constituent le débat public officiel sur les deux projets de villages de vacances en forêt au Rousset (Saône-et-Loire- et Poligny, neuf associations signent un communiqué intitulé « les conditions pour un réel débat sont-elles réunies ? ».

Modéré dans la forme mais implacable sur le fond, le texte tend à répondre par la négative. Il critique ainsi le fait que le périmètre du débat soit confiné aux quelques communes voisines des projets alors qu'ils « concernent tous les contribuables des deux départements ». Il souligne à juste titre l'absence de communication des études d'impact « alors que ces documents sont incontournables pour le débat ».

Les associations comparent les dix semaines de débat public avec les sept ans de préparation en amont de Pierre & Vacances et des collectivités. Elles ne le disent pas, mais sous-entendent une disproportion des moyens. D'ailleurs, elles posent des questions qui trouveront peut-être une réponse lors du débat public sur les moyens financiers le groupe a mis dans le débat, les importants investissements publics, la compatibilité des projets avec les « déficits en eau actuels et annoncés pour la région » ou encore avec les fragiles milieux karstiques.

Huit sites étudiés, un retenu...

Le site du débat particulier mentionne la date des neuf réunions programmées, sept à Poligny, une à Plasne, une à Lons-le-Saunier.

Le dossier de présentation du projet de Poligny, en ligne sur le site de la CNDP (voir ici, notamment le chapitre 2.1 Choix du site) donne raison aux associations sur au moins un point, celui de l'avance considérable des promoteurs du projet. Ils ont étudié pas moins de huit sites dans le Jura (voir la carte) avant de choisir la forêt de Poligny où « un pré-diagnostic n'a pas démontré d'enjeux environnementaux majeurs », ce qui a permis d' « engager des négociations foncières » avec la ville de Poligny. Cela n'est pas précisé, mais elles ont été pour le moins discrètes, sinon secrètes, avant que le projet ne soit rendu public.

Le dossier de Pierre & Vacances permet d'en savoir un peu plus sur les critères de choix du groupe. Il a besoin d'un échangeur autoroutier à proximité, exclut les zones à gros risque environnemental telles que Besain (ZNIEFF), le Val d'Amour ou la Bresse, ou le morcellement foncier qui compliquerait les négociations... Ce faisant, plusieurs cartes du dossier omettent de signaler le village de Plasne, sans doute le plus impacté par le trafic généré et la nécessité d'opérer un remembrement coûteux, contrairement au Fied à qui l'on promet de sécuriser son approvisionnement en eau, et Barretaine (dont le nom est écorché page 17)...

Les dernières écrevisses à pattes blanches du Jura

La zone Natura 2000 des reculées de Baume-les-Messieurs et Ladoye-sur-Seille est mentionnée, et plus particulièrement l'enjeu de la dernière population jurassienne de la fameuse écrevisse à pattes blanches. On explique curieusement que cette zone protégée n'est pas trop près (2,5 km !) sans dire un seul mot sur le fait que les tests hydrogéologiques effectués par coloration montrent qu'une fuite au niveau du site retenu se retrouverait dans la source de la Seille. Qu'en penserait alors l'écrevisse à pattes blanches ? Le document mentionne à plusieurs reprises le sous-sol karstique, en explique même quelques caractéristiques essentielles, notamment sa fragilité, mais n'en tire pas de conséquences particulières. Est-ce là une piste pouvant justifier un éventuel arrêt du projet ?

Le document présente aussi les différentes pistes envisagées pour l'alimentation en eau, en fibre optique, en énergie, pour l'assainissement, mais ne va pas plus loin, ce qui augure de choix plus précis différés. Il indique surtout que restent à réaliser études d'impact et procédures réglementaires relatives à la loi sur l'eau. La partie réversibilité du site en cas de retrait du groupe parait un peu légère avec une seule page. Elle explore les éventuelles reprises destinées à éviter l'enfrichement, mais n'évoque pas les conséquences économiques pour les collectivités d'une telle hypothèse. 

 

 

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