Center parcs de Poligny : on cherche toujours l’eau, mais…

Le président de la commission d'enquête publique sur le PLU qui doit classer zone touristique 89 hectares de forêt a rendu un avis « favorable sans réserve ni recommandation ». Son rapport fourmille cependant de suggestions en réponse aux nombreuses réserves émises par près de 400 personnes. La communauté de communes Cœur du Jura a approuvé le PLU jeudi soir à Salins-les-Bains.

plu-

« Avis favorable sans réserve ni recommandation ». Jean-Luc Millet, le président de la commission d'enquête publique relative du PLU de Poligny, a halluciné quelques uns des opposants au projet de Center parcs pour lequel le document prévoit le classement en zone touristique de 89 hectares de forêt. Il doit encore être approuvé ce jeudi 23 mars par le conseil de la nouvelle communauté de communes Cœur du Jura, désormais compétente en matière d'urbanisme.

Hallucinante est en effet la lecture de la conclusion du rapport d'enquête. Car au au fil des 126 pages, les demandes de précautions, d'informations complémentaires, les réserves émises par les habitants sont nombreuses. Comment aurait-il pu en être autrement quand le commissaire lui-même relève que 381 personnes ont posé 1146 observations ? On doute en fait qu'il puisse n'émettre pour sa part « aucune réserve ni recommandation » quand justement ce qu'il écrit dans le document aurait dû le conduire à conclure a minima à des recommandations.

Sur la très sensible question de la ressource en eau, il reconnaît « ne disposer d'aucun élément pour donner un avis sur ce point » quand un citoyen formule cette remarque essentielle : « on ne peut raisonnablement pas classer en zone 1AUL (touristique) une zone dont on ne sait pas si l'approvisionnement en eau sera possible ».

En filigrane, on subodore que cette question est loin d'être réglée. Le projet de PLU, établi à l'automne, indiquait que des études étaient menées pour trouver de l'eau ailleurs que dans les captages initialement envisagés, aux rendements aléatoires, rendant les prélèvements impossibles lors d'étiages de plus en plus fréquents. Répondant au commissaire enquêteur qui l'interrogeait sur ce point, la ville de Poligny se contente de répéter la même chose : « trois solutions sont étudiées par le Conseil Départemental pour une alimentation éventuelle en eau ainsi que les coûts induits pour chacune des solutions (Syndicat des eaux du Centre Est, Syndicat des eaux de l'Heute La Roche, Syndicat des Eaux Arbois-Poligny). Toute étude future chiffrée sur les alimentations en eau, sera mise à disposition du public... »

« Une étude d’impact sera conduite
si le projet de center parcs est déposé »

Autrement dit, on n'a toujours pas avancé. Jean-Luc Millet renvoie même la question à plus tard dans son « avis » à la réponse à l'observation de l'Autorité environnementale : « A ce stade les études se poursuivent et la question de l’approvisionnement en eau devra être tranchée au moment du dépôt du projet ». Car, comme le précise une ligne plus haut le maître d'ouvrage, « une étude d’impact sera conduite si le projet de center parcs est déposé ». Ce qui est une autre manière de dire qu'il y aurait une nouvelle enquête publique, procédure n'ayant formellement rien à voir avec celle du débat public. Reste une question non abordée : Pierre et Vacances persistera-t-il sans la certitude d'une alimentation en eau ?

L'éventuelle étude d'impact devra aussi établir un bilan carbone (page 48). Quant à l'assainissement, qui pose souci à pas mal de monde, « la nouvelle station d'épuration doit être réalisée avant la mise en service du centre touristique », suggère, sans que cela ne ressemble à une recommandation, le commissaire enquêteur.

L'avocate du Pic noir, Corine Lepage, avait soulevé ce qui paraissait une remise en cause des corridors écologiques figurant au Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), mais son objection est balayée sans ménagement par le maître d'ouvrage : « Les espaces identifiés par le SRCE ne sont pas des espaces « protégés ». Le rapport du PLU avec le SRCE est un rapport de prise en compte et non de compatibilité ou de conformité. Le projet est localisé en bordure ouest d’un très vaste ensemble forestier de 19.000 ha orienté nord - sud. Il ne se situe pas au cœur de cet ensemble mais sur sa périphérie. »

Lynx et chats forestiers, passez votre chemin...

le lynx et le chat forestier, dont Mme Lepage avait souhaité qu'on ne les dérangeât pas trop, devront aller voir ailleurs. Certes, explique le commissaire enquêteur, ils « fréquentent cet espace », mais il y a de la marge : « l’implantation d’un center parcs, sur une surface représentant environ 3% de la forêt communale, en limite de cette forêt ne me paraît pas mettre en péril la faune qui dispose encore d’un très vaste territoire... »

Il suffira en effet de demander aux vacanciers de baisser leurs sonos pour que les félins sauvages fassent un moins grand détour !

La compensation de la perte forestière est également abordée (pages 67/68). Mais elle n'est pas envisagée par le maître d'ouvrage et Jean-Luc Millet en termes environnementaux comme le prévoit la loi (éviter, réduire, compenser), mais seulement du point de vue financier : « la ville de Poligny s’engage à compenser la perte de surface de la forêt communale par l’achat d’une surface équivalente ou par le boisement ou reboisement d’une surface équivalente. Cela devrait permettre d’éviter les pertes de recettes... » (voir aussi le compte-rendu du conseil municipal de Poligny du 9 janvier, ici).

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !