« Lulu suscite des initiatives, il n'est pas directif mais croit en l'autre, en partant des qualités de chacun ». Claude Chevassu est venu de Poligny et n'a pu marcher que quelques kilomètres. Il connaît Lucien Converset depuis près de quarante ans. Lulu est loin, s'est remis en marche. Cent cinquante personnes ont voulu l'accompagner à distance. Les groupes de marcheurs ont convergé vers la saline d'Arc-et-Senans samedi à 15h pour dire leur opposition à l'armement nucléaire et envoyé un message de paix. Pas une seule personne rencontrée qui n'associe sa démarche à l'action du prêtre salinois parti à Bethléem à pied avec son âne il y a un an. Lui aspire à tout sauf au vedettariat.
Eveline, de Pontarlier, a marché avec un groupe venant de Chissey. Elle entretient avec Lulu une correspondance soutenue depuis deux ans : « C'est plus que du courrier, ce sont des échanges de messages qui comptent beaucoup. Ils ne portent pas nécessairement sur la foi. On peut parler de toutes les choses de la vie. C'est un homme simple, près des gens comme les prêtres ouvriers. Cela me ramènerait à une certaine croyance ». Et Claude Chevassu comme en s'étonnant : « Lulu est aussi un développeur économique. Il a été à l'origine de l'association de lutte contre le gaspillage (ALCG) à Poligny qui crée des emplois dans le recyclage et du Comité d'action et de prévention pour personnes isolées à Dole ». Comme Lulu, il a renvoyé ses papiers militaires à la fin des années 60, contribué à la fondation du Mouvement d'action non-violente, participé à la défense des paysans du Larzac contre l'installation du camp militaire. Il est président de l'ALCG aujourd'hui, répète et se répète à lui même « la maxime de Lulu : qu'as-tu que tu n'aies reçu ? »
Adeline est animatrice à la Pastorale des personnes handicapées qui compte six équipes dans le Jura. Elle a succédé à Lulu dans la fonction. Samedi elle a marché avec vingt personnes depuis Chissey. Difficile de succéder à Lulu ? « Tout le monde me raconte son parcours, sa marche grâce au blog sur internet. Je dois faire ma place sans chercher à imiter. La solidarité doit se poursuivre ici, même en son absence ». Les discussions s'interrompent. Elisabeth Lamy signale la présence des différentes associations et groupes : ATD Quart Monde, Floriâne, le Collectif citoyens résistants de Champagnole venu à pied de Pagnoz près de Mouchard, un groupe est venu d'Aiglepierre, des marcheurs des Planches en Montagne, d'autres de Rans à travers la forêt de Chaux... Le groupe Palestine Amitié de Besançon a cheminé à pied depuis Fourg, le groupe Au pas des ânes venu de La Vieille Loye, la Pastorale des personnes handicapées depuis Chissey et un groupe de personnes à mobilité réduite venu de la gare d'Arc-et-Senans. A Marienthal en Alsace, un groupe a marché solidairement.
A 12h30, alors que tous étaient en marche, le maire d'Arc-et-Senans a prévenu qu'il n'apporterait pas l'aide prévue : salle, chapiteau pour abriter les personnes en fauteuil roulant, tables et sono. Les gendarmes de Quingey sont intervenus en ce sens disent les organisateurs… La convivialité ne fait pas défaut pour autant. Boissons, pain, fromage, gâteaux sont distribués. Un moment de partage « sans manière » ni ostentation.
Maggy connait aussi Lulu depuis quarante ans, depuis le catéchisme à Dole. Elle lui a parlé lundi dernier au téléphone. « Sans lui, nous sommes inquiets » dit-elle. Commerciale dans l'immobilier, elle a été présidente de Femmes debout : « C'est grâce à des amis comme Lulu que des jeunes s'en sortent. » Laurent est de ceux-là. A la Pastorale des personnes handicapées, il a gagné en confiance. Pendant les campements de trois à six jours avec les ânes, la confection du jus de pomme pour les écoles, il s'est affirmé. Il participe à l'animation à présent, écrit dans un blog, milite à la Jeunesse ouvrière chrétienne.
L'après-midi se termine en chansons. Anne-Marie a composé pour Lulu et son compagnon de voyage.
Avec les marcheurs pour la paix à Arc-et-Senans
Plusieurs dizaines de militants de la non-violence ont convergé samedi sur Arc-et-Senans, en pensant à Lucien Converset, le prêtre salinois parti à pied avec son âne à Béthléem, il y a un an.
