Arts, culture et jeunesse : un rapport qui voit grand

Le Conseil économique, social et environnemental de Franche-Comté (CESER) a adopté à l'unanimité un rapport sur l'éducation aux arts et à la culture qui pourrait avoir un retentissement national. Fort d'une cinquantaine de pages rédigée d'une plume alerte par Daniel Boucon , synthétisant une année de travail, quinze auditions et dix-sept réunions, il formule six propositions.

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Le Conseil économique, social et environnemental de Franche-Comté (CESER) a adopté à l'unanimité un rapport sur l'éducation aux arts et à la culture qui pourrait avoir un retentissement national. Fort d'une cinquantaine de pages, rédigé d'une plume alerte par Daniel Boucon ancien directeur du Théâtre de l'Espace, à Besançon-Planoise, synthétisant une année de travail animé par Philippe Bouquet, quinze auditions et dix-sept réunions, il formule six propositions : « 1) ériger l'éducation artistique et culturelle en priorité, 2) veiller à l'équité territoriale, 3) simplifier et harmoniser dispositifs et procédures pour les mettre au service du sens, 4) amener les dotations budgétaires à un niveau cohérent avec les ambitions affichées, 5) aider les plus inventifs et les plus entreprenants, 6) s'acheminer vers la présence permanente d'un ou plusieurs "agitateurs d'idées et de projets" dans chaque établissement ».

« Un ingénieur, un éducateur socio-culturel et un bus »

« La culture résiste à la crise du sens et de la démocratie ».
Lire l'entretien avec Daniel Boucon et Philippe Bouquet

On a l'impression d'avoir beaucoup entendu sur le sujet, notamment des voeux pieux. Et nombreux sont les artistes et les enseignants à s'être échinés, usés, face à la bureaucratie. Mais nombreux aussi ont réussi à mettre en place des projets allant dans la direction indiquée. Du coup, la proposition numéro 6 prend tout son sens, d'autant qu'elle correspond à une réalité vécue depuis plusieurs décennies dans l'enseignement agricole public, ce qu'a résumé dans la discussion Gérard Thibord (CFDT) : « ce que l'enseignement agricole a en plus, c'est un ingénieur, un éducateur socio-culturel et un bus ». Pierre Leroy (représentant du secteur bancaire) en tire une conclusion : « cela demandera un travail de saupoudrage avec des gens répartis dans le territoire ». Dominique Roy (CCI du Doubs) ne rate pas l'occasion d'expliquer que « le réseau consulaire est le second formateur après l'Éducation nationale », et que la CCI envisage des modules en commun entre son école de commerce (IMEA), l'école des Beaux Arts (ISBA) et l'école d'ingénieur (ENSMM). Jean-Luc Piton (Medef) rappelle que « pour les entreprises, la culture concourt à l'attractivité du territoire ». Daniel Boucon lui répondra que « le monde de l'entreprise est pour le moment difficilement accessible... ».
Dans sa présentation initiale, il avait insisté sur l'enjeu d'une meilleure diffusion de la culture qui « sert à mieux vivre en épanouissant l'individu et soudant la société ». Catherine Angyan (CGT), membre du groupe de travail, a expliqué que « le travail est aussi de la culture ». S'appuyant sur les besoins de transmission par des parents qui n'ont pas toujours eu accès à la culture, elle a fait passer l'idée d'un droit à la culture « tout au long de la vie », comme pour la formation professionnelle avec le DIF...

« La culture reste une variable d'ajustement »

Jean-Pierre Thabourin (LPO) lance l'idée d'employer « les temps de vie dans les établissements pouvant être supports de culture : interclasses, pause de midi... » Yannick Favory (FSU) douche un peu tout le monde en évoquant le mail qu'il vient de recevoir de son proviseur : « il m'annonce la fermeture de la section artistique du lycée de Salins... Je confirme que la culture reste une variable d'ajustement.  Pour l'intégrer dans les programmes, il faut qu'elle remplace quelque chose, et que ce soient des gens de terrain qui s'en occupent car ils savent comment ça marche ».
La présidente du Conseil régional, qui est maintenant saisi des recommandations, a aussitôt estimé que le rapport devait avoir un sort national : « Il faut que votre travail remonte jusqu'à Mme Filipetti. J'ai vu son travail engagé au ministère sur comment la culture pourrait être mieux partagée. J'ai aussi lu les déceptions, je me dis que l'exemple franc-comtois peut servir ». Sachant les maigres marges de manoeuvre dont elle dispose, elle ajoute que « dans le champ de réflexion que vous ouvrez, la région ne peut être seule... » Elle indique que « des pistes pourront aboutir rapidement », évoque la médiation culturelle « à creuser ». Elle dit que le Conseil régional devra « avoir le souci que, quels que soient les classes sociales ou les territoires, un jeune soit accompagné pour que les oeuvres lui parlent, l'émeuvent... Les artistes avec lesquels nous passons des conventions ne sont pas mal placés pour ce travail d'accompagnement, sans moyens supplémentaires : c'est la première piste à examiner. Il y a à mener un travail de recherche, de conquête des publics, d'apprentissage... »
Marie-Guite Dufay « salue » enfin le rapport « avec émotion : ce n'est pas si fréquent de mettre la culture au centre du travail de cette assemblée, elle est au coeur du changement. J'y mettrai beaucoup de sérieux, il doit y avoir une suite ». C'est nécessaire : selon le président du CESER, Jean-François Robert, « moins de 10% des lycéens ont des fréquentations culturelles... »

 

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