Il ne subsiste qu’une seule porte d’enceinte, celle de Rivotte avec son inscription « défense expresse de trotter ». Mais difficile de l’ignorer, Besançon estf une ville fortifiée. D’abord par Vauban au XVIIème siècle, qui bâtit l’imposante citadelle, des tours bastionnés et donc, des portes aux entrées de la ville. La défense est consolidée entre la Révolution et le milieu du XIXème siècle, avec la construction des forts bisontins tels que celui de Bregille, de Beauregard, le Grand et le Petit Chaudanne.
Enfin, par crainte d’une invasion allemande, une nouvelle vague de fortifications a lieu après la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Progrès technique et nouvelle longueur de tirs obligent, les forts déjà en place ne suffisent plus à protéger la ville. Le système « Séré de Rivières », du nom de l’ingénieur qui l’a imaginé, est alors mis en place le long de la nouvelle frontière franco-allemande et à l’arrière de celle-ci. Sont ainsi construits, dans un rayon de 6 km autour de l’enceinte fortifiée de Besançon, les forts Rolland, Fontain, Pugey, Chailluz, Chatillon, Montboucons, Planoise, Benoît et Montfaucon.
Des bâtiments inutiles, mais des terrains utilisés
Aucun combat n’a eu lieu dans les forts Séré de Rivières depuis leur construction. En 1914, la ligne de front est loin. Des soldats mobilisés y sont installés, mais uniquement de manière défensive. Ils n’ont par la suite qu’un usage anecdotique pendant la Seconde Guerre mondiale. Devenus inutiles, l’armée, à quelques exceptions près, vend les bâtiments aux communes sur lesquelles ils ont été bâtis.
La Ville de Besançon va miser sur la Citadelle comme lieu de tourisme, de culture et de mémoire sous le mandat de Jean Minjoz dès 1959. Elle garde aussi la main sur les forts de la ville, les louant ou les exploitant de manière variée. Au fil des années, les forts bisontins se sont vus devenir lieu de dépôt-vente pour Emmaüs, centre de loisirs, entrepôt, refuge pour animaux ou encore club de tir.
Quant aux forts bâtis dans les villages alentours, ils intéressent surtout les municipalités pour les parcelles de terrain qui les entourent et l’opportunité de les exploiter, comme le pointe André Avis, maire d’Arguel entre 2001 et 2019, en commentant le rachat du Fort Rolland par la commune en 1953 : « c’est surtout le bois et la prairie derrière le fort qui étaient intéressants pour le village ». Les forts des petites communes servent alors de refuges occasionnels aux moutons, mais font surtout office de carrières. Les habitants profitent des pierres de façade en abondance pour bâtir leurs maisons ou délimiter des champs.
Laissés à l’abandon, les forts ne suscitent guère l’intérêt des communes qui les possèdent. Comment en effet entretenir de tels bâtiments ? Et dans quel but ? Aucune politique commune n’étant mise en place, et n’étant ni classés ni inscrits, les forts connaissent des destins différents, parfois à contre-courant des habitudes et des besoins des habitants et des usagers du territoire.
Acheter un fort pour maîtriser son voisinage
Le fort de Fontain, construit dans le flanc de la roche, a aussi été vendu par l’armée à la commune dans les années 1950. La municipalité de Fontain le revend à un particulier en 1965 et lui accorde un permis de construire au-dessus de celui-ci. N’ayant pas froid aux yeux et malgré de sérieux risques d’effondrement, le jeune propriétaire bâtit alors au-dessus du fort un bâtiment destiné à devenir un restaurant. Son projet échoue rapidement et le restaurateur se reconvertit en vendeur de pierres. Il écoule principalement les pierres de façade du fort, ce qui fragilise considérablement la structure.
Le site est revendu à des particuliers qui n’exploitent pas le fort et vivent simplement dans le bâtiment au-dessus. Quand ceux-ci cherchent à vendre, les voisins d’en face, Marie-Anne et André Spony s’inquiètent. Le bruit court que la propriétaire va revendre la maison (et le fort) à une association. Le couple prend alors la décision de racheter le terrain qui leur fait face. « On est pas du tout des fanas de fort », précise André « c’était un package, on a acheté la maison pour maîtriser le voisinage, le fort était vendu avec ».
Pas question pour eux d’habiter dans la maison nouvellement acquise puisqu’ils vivent déjà en face. Le couple réalise des travaux de rénovation et transforme alors la maison en trois gîtes 4 étoiles. Lui est ancien maire de Fontain, expert en assurance à la retraite. Elle, est avocate, mais se consacre désormais à temps plein à la location des gîtes.
Pour ce qui est du fort, qui est donc venu avec le « package », Marie-Anne en rit : « ça étonne toujours quand on explique qu’on a acheté un fort ! En hériter c’est déjà quelque chose, mais alors en acheter un... ». Au fil des années, ils s’attachent à ce bâtiment aux profondes infiltrations d’eaux et aux éboulements fréquents. Pour ralentir le processus d’effondrement, ils sont aidés par l’association Avalfort, qui défriche les alentours et déblaie de temps à autre. Ils ont toutefois bien conscience que le mieux à espérer pour le fort est qu’il s’écroule dans le plus grand laps de temps possible. « J’ai fait venir plusieurs entreprises, des associations de préservation du patrimoine. Ils sont tous partis en courant » raconte André. « On a jamais reçu un seul devis », renchérit Marie-Anne Spony.
Les visites sont donc sous contrôle. André en propose aux locataires des appartements de luxe, en leur indiquant scrupuleusement les endroits dangereux. Les coureurs du Trail des Forts et quelques heureux élus des journées européennes du patrimoine ou du Festival des Caves ont aussi la chance d’admirer cet immense espace déserté. Auparavant, il était bien plus fréquenté. Même les enfants des Spony avaient coutume d’y faire des feux avec leurs amis.
Des tags à moitié effacés par l’eau et l’usure attestent d’une vie souterraine passée. André désigne un vieux four à pain dans une casemate, vestige d’une fréquentation d’un autre temps. Il se souvient :« il y avait aussi une champignonnière quand on a racheté ». Pour éviter des visites impromptues, les Spony ont petit à petit fermé le site. « On a condamné les accès, mais je vois de temps en temps des gens qui veulent s’infiltrer en bas », regrette André. Pourquoi interdire l’accès au fort ? « Si jamais il y a un souci, c’est ma pomme qui va payer » explique l’ancien assureur. Toutefois, les habitudes demeurent. «Vous ne pouvez pas savoir le nombre de gens qui passent là, qui regardent, qui rentrent dans la cour. Beaucoup de gens croient que c’est un lieu public », soupire Marie-Anne.
L’utopie contrariée des Rock Shelters
A deux kilomètres de là, deux énormes brasiers flambent dans les cheminées des abris sous roc d’Estel et Jean-Marc Gros. Leur chienne monte la garde devant les portes, sous la neige. Il fait bon sous les roches, bien que la tempête s’agite au-dehors. Le couple a acheté en 2013 un ensemble de cinq casemates à côté du fort Rolland, à savoir des dortoirs de soldats creusés dans un espace souterrain de 550 m². Ils l’ont renommé Rock Shelters. Ils sont par la même occasion devenus propriétaires d’une parcelle de terrain de 15 ares.
Le rêve de départ dans cet espace gigantesque : installer une champignonnière et proposer des animations aux Fontainois. Mais très rapidement, des conflits concernant le passage et l’utilisation du terrain éclatent avec des agriculteurs voisins. Il faut dire que les casemates abandonnées avaient été oubliées et que les exploitants agricoles avaient pris l’habitude d’utiliser la parcelle en question pour leur bétail.
Les aspirations initiales sont alors perturbées. Estel abandonne son idée de champignonnière, bien qu’elle ait suivi une formation pour en exploiter une. Les portes, bricolées en bois de palette, se ferment sur les casemates, qui n’ont finalement jamais accueillies de public. « On est arrivés comme un cheveu sur la soupe, on a dérangé tout le monde. C’est l’agriculture qui décide ici, c’est politique » estime Estel.
Découragé, le couple aura donc principalement déblayé le lieu, avec l’aide de quelques amis. Depuis, le chantier est en stand-by. Néanmoins, les idées fusent pour faire vivre le lieu, en témoigne le fatras d’objets hétéroclites qui jonchent les casemates. Carcasses de vélos destinées à sculpter des portes, bidons préposés à se transformer en braseros, etc. « J’ai plein de projets », assure plusieurs fois Estel. Pourquoi ne pas faire pousser du houblon, ouvrir un centre social ou encore organiser des festivals éphémères et des concerts ? Mais sans le soutien ni l’implication du voisinage, difficile de concrétiser quoi que ce soit. Un espoir cependant : le nouveau maire de la commune semble favorable à un rapprochement entre les forts et leurs bâtiments annexes, ce qui créera peut-être une nouvelle dynamique. Le couple assure toutefois vouloir « garder la main » sur les Rock Shelters.
Jouer dans les forts
Le fort de Pugey, à l’abri de l’usure et du pillage de pierres sous des dizaines de mètres de terre, a été bien mieux conservé que la plupart des forts construits à la même époque. Gowood* y a longtemps joué quand il avait une dizaine d’années, en vacances chez ses grands-parents avec des cousins. « On allait là-bas tous les étés. On jouait avec des pistolets à billes, on faisait des feux de camp, des caches-caches » se remémore-t-il. L’endroit tranquille, très spacieux et regorgeant de recoins, est idéal pour des jeux d’enfants baignés dans un imaginaire épique.
En passant devant récemment en promenant son chien, Gowood, aujourd’hui âgé de 33 ans, a constaté que l’endroit était désormais fermé par des grilles. Et pour cause, l’association Avalfort (Association pour la Valorisation des Fortifications du Grand Besançon) en a strictement barré l’accès.
Créée en 2009, l’association Avalfort émerge sous l’impulsion de Jean Rosselot, alors conseiller municipal UMP à Besançon, déjà à l’origine de la création d’une association belfortaine aux objectifs similaires. Elle réunit des maires des communes alentours, d’anciens militaires, des passionnés de l’histoire militaire et se donne pour but de valoriser le patrimoine fortifié du Grand Besançon post-Vauban. Au programme depuis que l’association prend soin du fort de Pugey : déblayage, installation d’un réseau électrique, installation d’une rampe dans les escaliers en colimaçon et pose de panneaux pédagogiques.
Le lieu, qui appartient à la commune de Pugey, est désormais bien plus agréable et sécurisé. Pourtant, les grilles restent fermées. « On a du changer pas moins de sept fois le cadenas, il y a toujours des individus qui essayaient d’entrer » souligne Jean Nuninger, militaire à la retraite, membre d’Avalfort et résident de Pugey. Comme au fort de Fontain, il faudra être patient si on souhaite y entrer, et attendre les journées européennes du patrimoine, ou le Trail des Forts. Ou alors, de manière plus informelle, connaître Jean Nuninger, qui voudra bien ouvrir les portes aux Pugelots qui en font la demande, moyennant « une invitation à l’apéro » enjoint-t-il en plaisantant à moitié.
Gowood, qui ignore l’astuce, « serait bien retourné le visiter ». Pour lui, le lieu ne représentait pas de danger en particulier, même quand il était enfant. Il imagine toutefois que les grilles restent fermées pour éviter des dégradations.
Les membres d’Avalfort, eux, s’y réunissent régulièrement et ont fêté les 10 ans de leur association à l’intérieur. Il faut dire que les adhérents se sentent bien dans l’ancien magasin à munitions qu’ils ont aménagé comme bon leur semblait, le transformant en véritable local associatif. Pour Pascal Ducros, président, il n’y a à vrai dire aucun intérêt à ce que le bâtiment soit classé ou inscrit. Au contraire, le fait que le fort ne soit pas protégé offre à Avalfort une grande liberté. « Pour le moindre travail, on nous demanderait un architecte des monuments de France, et on nous interdirait de bricoler, si je peux appeler ça du bricolage. » explique-t-il. « Ça, on ne pourrait pas le faire » ajoute Jean Nuninger en désignant une porte en bois peinte en bleu installée par Avalfort à l’entrée de leur local.
Entre le « bricolage », l’installation d’une réplique de canon grandeur nature et l’organisation d’un escape game dans les souterrains du fort, les hobbies des adultes ressemblent curieusement aux anciens jeux de Gowood et des autres enfants...
Un fort municipal sans publicité
Si la municipalité de Pugey a laissé l’exploitation du fort à Avalfort et en a fermé les accès, il n’en est pas de même pour la commune de Fontain. En plus du fort éponyme, qui appartient donc au couple Spony, la commune compte, depuis la fusion avec (feu) la commune d’Arguel, le fort Rolland dans son patrimoine. En bien moins bon état que le fort de Pugey, il est tout de même déblayé et entretenu de temps à autres pour éviter les éboulements par Avalfort et l’employé municipal de Fontain. Le fort est bien caché pour ceux qui ne connaissent pas le coin, aucun panneau n’indiquant sa présence.
Pour Jean-Pierre Vagne, maire de Fontain depuis les dernières élections municipales, il est tout à fait logique de ne pas en faire la publicité. Comme le site n’est pas sécurisé, il ne peut pas y avoir d’incitation à le visiter. Si les questions de sécurité sont bien présentes à l’esprit de l’élu, c’est la responsabilité individuelle des promeneurs qui est engagé selon lui s’ils décident de se promener dans le vieux fort malgré les panneaux informant du danger. Il n’est donc pas rare de croiser des curieux et des coureurs se promener autour du fort, voire dans ses galeries, et ce, en dépit de récents éboulements.
Néanmoins, Jean-Pierre Vagne n’exclut pas d’un jour promouvoir l’existence d’un tel héritage architectural. « On imagine un système de randonnée avec la visite des deux forts [Rolland et celui de Fontain, NDLR] à pied, avec une communication par pancarte pour valoriser tout ça ». Le projet en est au stade d’ébauche. Pour le maire, il s’agit avant tout « de trouver des personnes motivées pour animer le sujet sur la commune, qui s’intéressent à la communication sur ce patrimoine ». L’enjeu étant selon lui de « de préserver ce qui existe pour éviter qu’on enlaidisse nos paysages ».
L'avis de Lionel Estavoyer, conservateur du patrimoine
Pour le grand spécialiste des fortifications bisontines, la Ville de Besançon n’a pas besoin de valoriser les ouvrages du système Séré de Rivières puisqu’elle peut déjà compter sur un patrimoine majeur, dont la Citadelle. En revanche, les petites communes auraient selon lui tout intérêt à préserver un tel patrimoine. Le conservateur se veut réaliste, et n’imagine pas plus d’un ou deux forts qui pourraient prétendre à des travaux permettant d’accueillir des visiteurs. D’abord en opérant de vastes travaux de sécurisation puis en organisant « une promenade paysagère avec un récit historique par l’intermédiaire de panneautage » propose-t-il. Rien de plus ambitieux, « Aucune restitution ou restauration complète, ça coûte trop cher » assure-t-il.
L’acoustique des forts
Qu’ils soient municipaux ou privés, accessibles ou barricadés, les forts attirent certes les curieux le jour, mais aussi des noctambules la nuit.
André Avis a ainsi été appelé deux fois pendant son mandat de maire en pleine nuit pour se voir signaler une rave party dans le fort Rolland. Une centaine de participants ont pu faire la fête jusqu’au lendemain matin, moyennant le nettoyage du site en contrepartie. « Ils font la fête, ce n’est pas dangereux », considère-t-il. « Ils sont là pour s’amuser à leur façon. La gendarmerie était prévenue. Les responsables ont bien voulu venir, on leur a demandé de quitter les lieux le lendemain et de nettoyer le site, ça a été fait » se souvient-il. André Spony a quant à lui eu la surprise de voir sonner chez lui un homme « aux cheveux de toutes les couleurs et avec des pinces à linge dans le nez » chercher le fort de Fontain au sein duquel une fête semblait se dérouler.
Hervé*, organisateur de soirées « hors des radars » de 32 ans, est familier des fêtes dans ce type de lieu. « Le mode pirate, c’est ça qui est rigolo » déclare-t-il. En dehors de cet aspect plaisant, il met en avant le caractère pratique d’une tel événement. Il a ainsi organisé son anniversaire dans un renfoncement du système Séré de Rivière, une salle encaissée dans la montagne :« personne ne nous entend, on peut mettre de très grosses basses sans déranger personne et sans se faire repérer ». L’idéal pour Hervé, d’autant plus qu’il s’abroge ainsi de frais et d’autorisations qu’il juge contraignantes, « Ça permet de faire des grosses soirées quand tu n’as pas de sou ». Il ajoute, « Je comprends bien qu’il y ait des règles, notamment de sécurité. Mais j’aime bien m’en affranchir de temps en temps, en faisant les choses simplement. ».
Une inaccessibilité qui donne du cachet aux lieux ?
Clément*, 25 ans, qui organise aussi des soirées, a particulièrement apprécié en préparer une dans un des forts. Après avoir cherché pendant de longues semaines un endroit pour faire la fête pouvant accueillir des dizaines de personnes sans déranger le voisinage, le fort à l’abri dans une falaise s’est imposé de lui-même. Avec quelques amis, ils passent un coup de balai, montent un bar, installent une tireuse, un groupe électrogène et quelques lumières. Pour Clément, ce genre de fêtes n’est pas organisé à défaut de lieux festifs (hors crise sanitaire), mais bien pour la caractère intrinsèquement éphémère du lieu, « C’est vraiment se dire, il y a ce patrimoine, et se l’approprier, pas le prendre pour soi mais l’utiliser, le faire vivre, se retrouver dans un bel endroit pour passer une soirée, dans un endroit qui sort de l’ordinaire ».
Encore maintenant, quand il se promène ou passe en courant devant le lieu, il se remémore l’endroit et son potentiel, « J’aime bien me dire qu’il y a cet endroit du quotidien, qui, de manière éphémère, peut se transformer en quelque chose tout à fait autre, une vraie guinguette avec plein de gens. ». Selon lui, loin d’avoir dérangé quiconque, la fête et particulièrement le nettoyage des lieux qui en avait découlé avaient été au contraire appréciés. Quelques jours après la guinguette, Clément avait en effet retrouvé une pancarte posée vraisemblablement par un promeneur exprimant son contentement sur laquelle on pouvait lire : « Ce lieu est génial, merci de le garder propre ! ». Qu’il s’agisse des fêtes clandestines, du Trail, des journées européennes du patrimoine ou encore du festival des Caves, le fait de pouvoir entrer dans un lieu ordinairement impénétrable donne indubitablement un charme particulier à l’expérience.
Le Trail, presque la seule manière de rentrer légalement dans les forts
Si l’on ne veut pas tremper dans la clandestinité, l’une des seules manières d’entrer légitimement dans les forts est donc… d’y aller en courant ! En effet, le célèbre Trail des Forts propose des circuits passant par pas moins de treize forts. Jean Marie Baverel, co-fondateur de la course, se souvient : « à l’époque, la communauté d’agglo du Grand Besançon venait de se créer. On était employés municipaux [avec Olivier Tiercet, l’autre fondateur du Trail des forts, NDLR] et le Maire avait donné comme consigne aux employés de mettre en valeur le nouveau territoire, que les gens s’imprègnent ». Grands pratiquants de course, ils soumettent l’idée d’un trail passant par plusieurs communes, afin de « donner une identité commune au Grand Besançon ».
Le trail créée depuis quelques confusions. Les coureurs reviennent fréquemment sur les chemins du trail et pensent pouvoir rentrer dans les forts comme lors de la course. C’est d’ailleurs ce qui a braqué d’autres propriétaires. Celui de la lunette des Trois-Châtels, un ouvrage militaire situé au-dessus de la Citadelle, en a fait les frais et ne renouvellera pas l’expérience. « On a fait le Trail avec lui une année, mais il ne veut pas le refaire parce qu’après ça, les gens venaient boire des coups, faire des barbecues sur son terrain » explique Jean-Marie Baverel. C’est dire l’évidence que revêt le caractère public pour les passants quand il s’agit de vieilles constructions avec un patrimoine apparent. Gowood le remarque pour le fort de Pugey, « C’est bizarre, ça me parait être un lieu historique, ça devrait être accessible ». Or, tout se passe comme si l’inaccessibilité des lieux participait au prestige et au mystère qui entourent les lieux.