Vaîtes : les écolos changent de discours

EELV du Grand Besançon constate que le projet « a présenté de profondes évolutions qui remettent en cause son bien-fondé », demande la suspension des travaux et un audit afin de le « remanier » en fonction des « nouveaux éléments » survenus depuis son lancement. « On était en train de perdre notre âme », explique dans un entretien à Factuel la co-secrétaire locale du parti, Cécile Prudhomme.

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Dans un communiqué intitulé « Les Vaîtes  : remanier le projet ! Un rappel, un constat, une proposition » et signé de ses co-secrétaires Cécile Pudhomme et Claude Mercier, EELV du Grand Besançon demande la suspension des travaux et un audit afin de « remanier » le projet  en fonction des « nouveaux éléments » survenus depuis son lancement.

Cette prise de position représente une évolution très sensible de la position des écologistes, et notamment de leurs élus municipaux qui ont longtemps soutenu le projet tandis que des militants, les sympathisants et les électeurs se posaient de plus en plus ouvertement des questions. Ces divergences devenaient intenables sur le fond, mais aussi vis à vis de la société civile engagée contre la reprise des travaux. Tout cela nous conduit à poser quelques questions à Cécile Prudhomme qui est également attachée du groupe EELV au conseil municipal.

Qu'est-ce qui vous a pris de publier ce communiqué ce mercredi 27 mars ?

Le parti n'avait pas pros position jusque là car il n'y avait pas eu de réunion du groupe local d'EELV sur le sujet. On a eu cette réunion mardi soir, avec les élus.

C'est nouveau que vous demandiez la suspension des travaux, un audit...

C'est nouveau pour les journalistes. Cela fait longtemps qu'on en parlait entre nous. On n'est pas contre la construction de logements le long du tram. On est pour faire autrement, et pas n'importe quoi comme cela a été fait, notamment en matière de démocratie participative.

Êtes-vous contre les constructions sur les terres agricoles ?

C'est un des problèmes majeurs : ils ont commencé à construire sur la zone la plus sensible sur le plan environnemental. En outre, si une conséquence de l'abandon du dispositif Pinel fait que les besoins de logements sont à l'avenir inférieurs à aujourd'hui, comment on fait ? On dit qu'on peut construire un tiers des logements prévus le long du tram, là où il n'y a pas de problèmes environnementaux.Tout ça mis bout à bout, fait qu'on ne peut plus continuer à construire. Les anciens élus, qui étaient à la réunion, vont dans le même sens. Par exemple, Benoît Cypriani s'était battu lors des précédents mandats sur la partie énergie, or là, il n'y a plus de réseau de chaleur ou de géothermie !

En gros, vous dites que ce n'est plus un écoquartier...

C'est la conclusion à laquelle on arrive. Le projet initial que les élus verts ont voté n'existe plus. On ne fait pas ce à quoi on s'était engagé.

Comment s'est passée votre réunion ?

On a discuté plus d'une heure et demi. Il a eu l'avis des militants sans mandat, celui des anciens élus, des élus actuels… Ce qui a mis un coup à Anne Vignot (adjointe à l'environnement), c'est l'avis du CNPN. Tous ces détails font qu'on était en train de perdre notre âme. Si encore on nous proposait un écoquartier avec du logement public, il y en a quand même aux Vaîtes !

Si on se place dans la perspective de la préparation des élections municipales, vous allez avoir des difficultés avec le PS qui défend le projet, notamment son chef de fille Nicolas Bodin (adjoint à l'urbanisme)...

Ce n'est pas pour autant qu'on doit couper les relations...

Il y a quand même, potentiellement, un projet municipal à construire...

On est pour un écoquartier qui prenne en compte le contexte actuel qui a changé depuis 2000. On est sur une position intellectuelle honnête.

Vous avez informé vos partenaires de votre position ?

On a prévenu l'intergroupe, le PCF, ceux avec qui on se réunit. On sait que ça peut avoir des conséquences...

Là, vous vous éloignez de la position de la majorité municipale et vous rapprochez de celle de la France insoumise...

On est dans une position centrale. On n'est pas pour l'arrêt total, ni pour continuer comme si de rien n'était.

Vous voulez un audit. Qui peut le décider ? Le conseil municipal ?

Oui, le conseil municipal, par exemple. Nous n'avons aucune visibilité sur le besoin de logements à Besançon. L'Insee dit qu'on perd des habitants. On a besoin de logements pour les familles. On a jamais de réponse aux questions qu'on pose...

Avez-vous eu, le groupe EELV du conseil municipal, l'étude Tayeb-Adéquation ?

Je n'ai jamais vu le document...

Ce dossier peut-il avoir des conséquences sur le vote du budget ?

Il faut demander aux élus… A Besançon, on est souvent cité en exemple sur les questions climatiques...

Au dernier conseil, lors du débat du rapport sur le développement durable au cours duquel la majorité s'est félicitée de ce qui se faisait, Anne Vignot a quand même expliqué que Besançon faisait peut-être mieux qu'ailleurs, mais que ce n'était pourtant pas à la hauteur des enjeux...

Oui… Les enjeux climatiques sont compliqués...

 

  

 

 

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