Vous avez dit effondrement ?

Ce 23 octobre à Besançon, une journée d'échanges était organisée par FNE 25-90 et le Plateau Débat Public (programme de FNE BFC) pour interroger l'évolution de notre société et les réponses possibles aux multiples questions que cela pose.
Dessins de Louise Plantin : https://www.louiseplantin.fr/

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Il n'y avait pas foule à la maison de quartier de Planoise ce vendredi-là, mais les conditions sanitaires n'auraient pas permis d'accueillir beaucoup plus de monde pour ce débat public. Et c'est bien dommage, car les intervenants, « en présentiel » ou sur écran par vidéo-conférence, avaient été triés sur le volet pour leurs compétences en la matière.

Une journée introduite par Hervé Bellimaz, président de France Nature Environnement – Bourgogne Franche-Comté, qui a rappelé le contexte et toutes les questions qui se cachent derrière les mots « Anthropocène », « effondrement », « collapsologie », « croissance », « décroissance » et bien d'autres encore. Mais le public présent avait-il vraiment besoin de ces rappels ? Il est des questions qui n'intéressent que ceux qui s'y intéressent et qui ont bien du mal à interpeller les autres.

Dommage, car les réponses ne peuvent être données qu'à des questions que l'on se pose or celles de cette journée concernaient toute la société.

La remise en contexte historique faite par Michel Magny, directeur de recherche émérite au Centre National de la Recherche Scientifique et paléo-climatologue au laboratoire Chrono-Environnement, et les précisions apportées par Philippe Bihouix,ingénieur centralien, spécialiste de l’épuisement des ressources minérales et promoteur des low-tech, étaient en mesure d'interpeller tout un chacun : textes et courbes en disent long … sur le court terme à venir, sur les effondrements en cascade dont les effets se multiplient et se renforcent les uns les autres. Taux de CO2 atmosphérique, artificialisation des terres, augmentation de la population humaine, augmentation de la consommation de chacun de ces humains, courbes exponentielles, limites outrepassées, scénarios menant à l'inconnu. … et planète aux dimensions intemporellement fixes face à notre appétit toujours croissant de matières premières de toutes natures.

Alors que faire ?

Là était l'objet principal de cette journée. Car si les films d'horreur ont un certain succès, proposer un récit positif qui donne envie d'agir pour éviter le pire est quand même plus constructif.

L’État se préoccupe du sujet : Alex Roy, responsable du département démarches de développement durable de la Dreal, Marine Huet, chargée d'affaire "Ville durable, animation territoriale et participation", département Construction Aménagement Projet/ Unité Villes, Territoires & Vivre ensemble du Cerema, et Paule Nusa, ingénieur sécurité environnement énergie à l'Afnor, ont présenté leurs actions et propositions pour articuler social et écologie au niveau des territoires, des villes et des entreprises. La résilience de notre société est au cœur de leurs préoccupations. Mais, comme l'a fait remarquer l'une des personnes présentes dans la salle, il n'y avait dans leur propos aucune remise en cause profonde de la société actuelle. Peut-on tout changer sans rien changer ?

Les ateliers de l'après-midi ont permis à chacun de s'exprimer, de lister les problèmes, les freins aux changements, les solutions envisageables et celles qui ne le sont pas.

Action individuelle ? Action collective ? Risque de découragement. Conflits de temporalité entre urgence environnementale et lenteur démocratique. Trouver des solutions avec les citoyens (pour repenser les mobilités par exemple). Quelle échelle de gouvernance est la plus adaptée ?* Comment faire face aux lobbies qui défendent des intérêts privés comme ceux de l'agriculture industrielle que l'Europe même ne parvient pas à diriger ? (Il a beaucoup été question de Responsabilité Sociale/Sociétale des Entreprises) Et les queues observées lors de la sortie du dernier iPhone : sont-elles le fruit de notre instinct ou celui de notre culture ? A-t-on vraiment envie de lutter contre notre mode de vie ?**

D'atelier en atelier, de table en table, les participants ont beaucoup échangé, beaucoup questionné, beaucoup imaginé. Sont-ils pour autant repartis avec des réponses à leurs questions ? Rien n'est moins sûr. Mais du moins ont-ils pu échapper une journée au risque d'isolement et de repli sur soi qu’entraîne toute peur de l'avenir. Ils ont pu conforter cette certitude qu'ils ne sont pas seuls à essayer de rendre notre société résiliente aux défis qui l'attendent.

*La boussole de la résilience : quels enjeux, quelle stratégie pour mon territoire ?

**La fabrique du consommateur Une histoire de la société marchande par Anthony GALLUZZO

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