Vendanges réduites en haute Loue

« La renaissance de la vigne à Vuillafans c’est une passion, un projet que nous n’abandonnerons jamais ! » Isabelle et Denis Pin terminent ce 3 octobre la première journée des vendanges 2012 dans la haute vallée de la Loue, inquiets et déterminés.

Denis Pin, Gaëtan Madoz et les vendangeurs

« La renaissance de la vigne à Vuillafans  c’est une passion, un projet que nous n’abandonnerons jamais ! » Isabelle et Denis Pin terminent ce 3 octobre la première journée des vendanges 2012 dans la haute vallée de la Loue, inquiets et déterminés. « Si la récolte de l’année prochaine est aussi catastrophique que celle de cette année, ce sera critique. » La gelée à – 4°, du 17 mai, a réduit la vendange du Domaine de la Haute-Loue des époux Pin : « environ 50 hectolitres de raisins cette année contre 350 à 400 pour une année normale. C’est une mauvaise année partout, le marché du vin est morose également. » Les époux vignerons ont dû se faire aussi négociants pour pouvoir acheter du raisin à Champlitte en Haute-Saône et soutenir leur activité.

Leurs vendangeurs viennent bénévolement, comme toujours. Ils sont d’horizons différents, là où Gustave Courbet vantait dèjà « son vin ». L’association Ruranim (voir rappel historique ci-dessous) est à l’origine de la renaissance en question. Elle a initié, fédéré, promu, permis le soutien des collectivités locales et connu des déboires (un contentieux perdure en justice). Ses membres souscripteurs sont encore 2.000. Leurs parts sont transmissibles mais ceux qui en héritent l’ignorent quelquefois. La dynamique associative est en train de se défaire. « Avant, dit Denis Pin, l’assemblée générale c’était l’occasion d’une grande fête, maintenant c’est un petit apéro et puis on se sépare ». Depuis janvier 2010, l’exploitation de la vigne est de la seule responsabilité du vigneron. Un contrat de fermage a été établi. L’activité de l’association est donc distincte. Ruranim reste propriétaire d’une partie des terrains et des locaux. Son président Gaëtan Madoz est dans la vigne pour ce début des vendanges, avec sociétaires et bénévoles.
Une quarantaine de personnes de tous âges ont bravé la pluie pour commencer à vendanger la parcelle de 5 ha de blancs. Sans les bénévoles, la vendange ne pourrait avoir lieu. « Fidèles » locaux et de Pontarlier, mais aussi lycéens et jeunes en formation suivent en colonne le tracteur de Denis Pin qui redescend au village.

Les 22 lycéens et lycéennes préparent un BAC professionel « Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant » au Lycée LaSalle de Levier. Avec leurs professeurs, ils suivent Madame Pin qui va leur expliquer le travail au chai et les équipements. Leur professeur les encourage à revenir avec leurs proches voir «un matériel que l’on ne trouve pas chez beaucoup de vignerons ». Ils ne sont là que pour l’après-midi.
Un éducateur, une monitrice et six jeunes de l’Association Départementale d’Insertion des Jeunes du Territoire de Belfort sont installés dans un gite du village, pour quatre jours. En formations « cuisine » et « service en salle » du restaurant d’application de Bavilliers, c’est pour la plupart d’entre eux une vraie découverte. Mineur isolé demandeur d’asile, Rafiqul a dû quitter le Bangladesh. Il est attentif au savoir-faire du vigneron et apporte son aide pour le nettoyage. Ilies, originaire de Seine-Saint Denis, participe aux vendanges pour la deuxième fois. Il fait partager ses connaissances et assiste son camarade.
Le benjamin de la famille Pin, 11 ans, s’affaire également. Il admire le travail de ses parents. La relève peut être ? Les vignerons assurent vouloir « perpétuer la tradition et travailler dans le respect de l’environnement. » La mairie d’Ornans souhaite elle aussi voir renaître la vigne. Elle a fait appel à Isabelle et Denis Pin qui produisent déjà un vin blanc d’assemblage « Terroir de Courbet ». 2 ha de plantations seront financés à partir du printemps prochain. L’horizon est encore incertain mais l’entrain et la résolution des vignerons sont communicatifs. 

Isabelle et Denis Pin, 14 route de Besançon, 25840 Vuillafans, domainedelahauteloue@orange.fr, téléphone : 03 81 60 97 35


Rappel historique : La volonté de faire revivre la viticulture à Vuillafans est somme toute récente. Elle a été portée par l’association Ruranim. Robert Chapuis de l’Université de Bourgogne rappelle qu’en 1957, l’Institut des Vins de Consommation Courante cite Vuillafans, Lods et Mouthier comme lieux propices pour réimplanter la vigne. La haute vallée de la Loue a connu la vigne pendant mille ans et l’a vue quasiment disparaître au lendemain de la Seconde guerre mondiale.  En 1970, deux jeunes du village en replantent. C’est en 1983 que le maire et des conseillers municipaux fondent Ruranim pour faire revivre la vigne sur les coteaux où la friche gagne. 250 souscriptions de 500 francs sont réalisées dans l’année. Le Crédit agricole accorde un prêt bonnifié de 800.000 francs. Deux parcelles sont formées avec des terrains loués, donnés et achetés. L’autorisation de replantation pour 6,5 ha arrive en 1988. Deux ans après, l’association recrute Monsieur Pin, vigneron professionnel. Il plante d’abord 15.000 pieds de chardonnay et pinot auxerrois sur la grande parcelle de 5 ha. La petite parcelle sur un versant opposé est plantée en 1991, de cèpages rouges (gamay, trousseau, pinot noir surtout). La « première vraie vendange » a lieu en 1993 : 310 hl agréés « vin de pays de Franche-Comté ». Du marc, du mousseux, du rosé et du ratafia sont produits ensuite. Les souscriptions progressent : 700 en 1990, 1.000 en 1991, 1.200 en 1993, 1.700 en 1997, 2.000 en 2007.

 

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