Un regard anarchiste sur Mai 68

La librairie L'Autodidacte a fait venir à Besançon une exposition d'affiches, tracts et autres dessins sur le grand mouvement social qui ébranla la France et le monde il y a cinquante ans. L'imagination ne prit pas le pouvoir mais les esprits ! A voir jusqu'au 6 septembre.

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Un cinquantenaire, ça peut se fêter, se célébrer, se commémorer... C'est selon ce dont on veut se souvenir, ce qu'on veut mettre en exergue, honnir ou adorer. Mai 68 appartient à l'histoire, mais aussi à la mémoire. Aux mémoires, souvent sélectives.

Moment aux accents parfois libertaires, chamboulant bien des représentations, Mai 68 ne saurait être résumé à son iconographie. Celle-ci dit cependant beaucoup, notamment que ce ne fut pas qu'un mouvement étudiant, mais aussi de travailleurs. Les affiches présentées par l'exposition tournante de la Fédération anarchiste nous le rappellent, par exemple par le biais de ces dessins de Wolinski ironisant sur les bureaucraties syndicales. Et surtout par ces affiches critiquant les conditions de travail, fustigeant l'illusion électorale, dénonçant « l'université de classe », appelant à « l'unité ouvriers-paysans »...

L'exposition montre une affiche électorale du PCF - bête noire des anarchistes - affirmant lors de la campagne des législatives de juin 68 qu'il a été « le seul de tous les partis d'opposition à dénoncer les agissements, les provocations et les violences des groupes ultra-gauchistes, anarchistes, maoïstes ou trotkystes qui font le jeu de la réaction ». La sémantique n'a plus cours aujourd'hui où l'on voit libertaires et communistes dans des combats communs au-delà des approches divergentes...

Dépouillée, sans quelques textes d'accompagnement ni documents locaux qui auraient été bienvenus, cette exposition vaut incontestablement une visite. Pour le souvenir des techniques de l'époque, telle que la sérigraphie, influant sur un graphisme aussi suranné que créatif. Pour la variété des angles et des sujets, pour l'humour et le vocabulaire. Pour se souvenir à travers un petit mot manuscrit appelant aux volontaires pour le nettoyage que le combat féministe - qui ici ne dit pas son nom - fut interne au mouvement...

  • A la Galerie de l'Ancienne poste, 98 Grande rue à Besançon. Jusqu'au 6 septembre, de 14 h à 19 h. Entrée libre.

 

 

 

 

 

 

 

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