Un public nouveau au Ciné-Club Jacques Becker de Pontarlier

4400 spectateurs ont participé au dernier Festival d’animation. Une compétition, des débats, des ateliers ont permis à un public jeune de s’intéresser au septième art. Une nouvelle cinéphilie est en train de naître…

Hollow land, pont d'or du jury pontissalien.

Le Ciné-Club Jacques Becker organise depuis 1960 des Rencontres Internationales de Cinéma en présence de réalisateurs du monde entier. Depuis 2004, les organisateurs proposent une manifestation d’abord biennale, puis annuelle à partir de 2014 consacrée au cinéma d’animation.

Cette année Patrick Colle et la nouvelle équipe ont décidé de conforter cette approche en créant une compétition consacrée à cet art trop souvent marginalisé.

L’idée est originale quand on sait que le cinéma d’animation a l’avantage de rassembler jeunes et adultes. Proposer des films de qualité au jeune public est un des moyens pour fidéliser de nouveaux spectateurs susceptibles de rejoindre le public acquis du Ciné-Club (la fréquentation de cette édition ne dément pas le projet puisque 2500 élèves ont vu des films)

Bricolage artisanal et infographie

Au regard de la riche programmation de cette septième édition, on mesure toute la portée de ce cinéma issu à la fois du bricolage artisanal et de la modernité (infographie en 3D et 2D). En effet, si le cinéma d’animation est souvent oublié dans l’aura des festivals internationaux, il regorge de merveilleuses œuvres poétiques en pâte à modeler, dessin, papier plié, animation de bas reliefs et marionnettes réalisées avec une infinie patience par des artistes, des coloristes, des photographes…

Ces oeuvres d’une apparente simplicité cinématographique nous parlent du monde autant que les films de fiction en développant des points de vue politiques et sociétaux, à l’instar de Hollow land de Michèle et Uri Kranot, un film sur l’exil qui renvoie directement le spectateur à l’actualité de Lampedusa (Pont d’or du Jury de cette édition) ou encore Padre, film argentin de Santiago Bou Grasso, où l’on voit une femme consacrer sa vie à la santé de son père, un très haut dignitaire de l’armée en refusant de voir la réalité (Prix du Jury Lycéens).

Rien n’est simple dans le cinéma d’animation, ni la conception qui requiert patience et finesse pour recréer le mouvement en travaillant image par image, ni la diffusion puisqu’il existe très peu de lieux dédiés à ce genre cinématographique. Et pourtant, il s’est particulièrement développé ces dernières années avec des films phares comme Valse avec Bachir ou La prophétie des grenouilles

Débattre et créer

La programmation de ce Festival renouait aussi avec la philosophie du Ciné-Club : recevoir des auteurs et des producteurs et débattre de cet art afin de décrypter les enjeux des films et ce qui se joue au moment de la création.

Arnaud Demuynck, producteur, réalisateur spécialisé dans le court et le moyen métrage d’animation, a rencontré le public et expliqué comment en fondant deux maisons de Production (Les Films du nord en France et La Boite en Belgique), il a su pendant vingt ans développer 80 films et créer un partenariat transfrontalier franco-belge.

Franck Dion, illustrateur et réalisateur, a présenté quelques-unes de ses œuvres et lors d’une carte blanche un choix éclectique de films d’animation.

Samedi et dimanche le festival fut aussi une ruche bourdonnante grâce à la mise en place d’ateliers pour enfants au cours desquels Arsim Imeri  leur faisait découvrir un rudiment de l’image animée : le grattage de la pellicule.

Si l’on ajoute à cela la présence lors de chaque séance de compétition d’un jury de lycéens, on prend toute la mesure de la continuité de l’approche du cinéma. Plus encore, en devenant acteurs culturels dans la cité, les jeunes Pontissaliens perpétuent et restaurent l’approche sensible de la grande diversité du cinéma.

 

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