Un film sur le pédo-psychiatre Tomkiewicz

Stanislas Tomkiewicz est à l’origine de l’idée de résilience avec Boris Cyrulnik. Dans « On l’appelait Tom », le documentariste Daniel Kupferstein revient sur le parcours de celui qui « passa sa vie à soigner et défendre les enfants maltraités, les adolescents délinquants ou les polyhandicapés. »

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Stanislas Tomkiewicz est à l’origine de l’idée de résilience avec entre autres Boris Cyrulnik. A l’origine d’une idée qu’il a mise à l’épreuve d’une vie. Le documentariste Daniel Kupferstein en témoigne dans « On l’appelait Tom » réalisé cette année. Il revient sur le parcours de celui qui « passa sa vie à soigner et défendre les enfants maltraités, les adolescents délinquants ou les polyhandicapés. »

Tomkiewicz faisait savoir : « je suis entré à l’hopital de la Salpétrière comme malade et j’en suis sorti comme psychiatre ». Enfant du ghetto de Varsovie, rescapé d’un convoi des camps de la mort, il arrive en France à bout de forces, malade de la tuberculose. Il passe son bac, devient médecin, chef de clinique, se heurte aux mandarins antisémites et hostiles à son engagement communiste et rejette les usages brutaux de la psychiatrie. A rebours, il défend une pratique thérapeutique empathique et compassionnelle exigeante, appelée par la suite « attitude authentiquement affective ». Il oriente son activité, ses recherches scientifiques en faveur « des plus exclus » : anorexiques, adolescents en rupture, enfants polyhandicapés, autistes et dirige le secteur médical de « l’Ecole de Vitry sur Seine ». En ce lieu, des pratiques éducatives et psychothérapeutiques nouvelles sont menées qui seront sources d’inspiration pour beaucoup. Tomkiewicz met à jour et combat les violences institutionnelles, la maltraitance par ceux et par là où l’on devrait apporter soin et soutien. Les situations que vivent les patients dans certaines unités psychiatriques lui sont apparues comparables aux conditions d’abandon et de violences pendant la Seconde guerre mondiale.

Les témoignages recueillis par Kupferstein, entrecoupés d’images d’archives, rendent compte de l’engagement humain du soignant. Il va aussi loin qu’il le peut dans la relation d’aide, provoquant quelques fois, mais sans jamais se faire prévaloir. Tomkiewicz est mort le 5 janvier 2003. Il a raconté tardivement l’origine de sa vocation : « Si quelqu'un avait eu l'idée de me demander pourquoi je travaille avec les adolescents, j'aurais pu répondre : « C'est parce que je les aime ». Il n'était pas question d'avouer aux autres ou à moi même une vérité que j'ai mis des années à oser regarder en face : je travaille avec les adolescents parce qu'on m'a volé mon adolescence... L'expression peut paraître abusive. On a toujours une adolescence, bien sûr ; disons que la mienne, entre les murs rouges du ghetto de Varsovie et les barbelés de Bergen-Belsen, n'a pas été tout à fait normale » (« L'adolescence volée », 1999).
Tomkiewicz est décrit par ses proches, ses filles, comme infatigable à promouvoir les forces de vie. Avec pudeur, par la voix de Tomkiewicz lui-même sur un enregistrement audio « découvert de façon imprévue », le film de Kupferstein nous révèle l’indicible tourment d’un homme qui vécut avec la culpabilité d’avoir survécu en quittant ses parents dans un train de déportés. Ensuite il contribua sans relâche à ce que l’on considère dans une commune humanité ceux dont on fait trop vite des reclus. Comme son maître Janusz Korczak. Un documentaire, dont la distribution commerciale semble difficile, rend compte de cet impératif et le prolonge.

Daniel Kupferstein a également présenté à l’occasion des rencontres du CCPPO, un documentaire réalisé en 2001 sur le massacre des manifestants algériens, à Paris, les 17 et 18 octobre 1961, « évènement » que François Hollande vient de dénoncer publiquement.
Dans ses réalisations, Kupferstein a notamment abordé la question de l’image déformée des jeunes des quartiers populaires dans « Dans le regard de l’autre » en 2009, les liens entre une jeune arabe et une jeune juive dans « L’Amitié plus forte que la haine » en 2003, le management arbitraire et la précarité déguisée dans « Au-delà du rêve – ou le monde désenchanté de Disneyland Paris » en 2001, ou l’engagement d’étrangers, d’immigrés, de ressortissants des colonies dans la résistance et la libération de la France dans « Les oubliés de l’histoire » en 1996.

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