Transition énergétique : les pionniers l’emporteront-ils ?

La transition énergétique est-elle une « mascarade » comme un visiteur l'a mentionné sur notre page Facebook ? Sans répondre à son affirmation, elle témoigne d'une défiance à l'égard de la capacité des institutions de pouvoir organiser la transition.

energie

La transition énergétique est-elle une « mascarade » comme un visiteur l'a mentionné sur notre page Facebook ? Sans répondre à son affirmation, elle témoigne d'une défiance à l'égard de la capacité des institutions de pouvoir organiser la transition. D'ailleurs, en reconnaissant que les subventions publiques ne sont pas tout, ne serait-ce parce que les budgets publics se réduisent, Marie-Guite Dufay accrédite l'idée d'une relative impuissance du politique. C'est pour ça que les élus se dépeignent volontiers en facilitateurs ou en animateurs, de moins en moins en décideurs, à la rigueur en partenaires... L'histoire dira si c'était une mascarade.

La transition énergétique : « plutôt une révolution »
Lire notre reportage-compte-rendu des débats

Car ils continuent à se comporter en décideurs. Les excès des demandes administratives, les redites auxquelles elles contraignent les porteurs de projets qui s'épuisent à frapper à toutes les portes pour se faire financer, ont été pointés par de nombreux intervenants de la conférence de lancement du débat sur la transition énergétique. La présidente de la région l'a souligné dans sa conclusion en indiquant avoir entendu les messages signalant les « difficultés réglementaires ». Jean-Pierre Laurent, président d'Opale, société de consultants sur l'éolien basée à Fontain, en a donné l'illustration : « On est à 30 mégawatts d'éolien en Franche-Comté, le schéma régional en prévoit 600 en 2002. Mais comment va-t-on faire sachant qu'aucun projet n'est en instruction ? Que le prochain ne verra pas le jour avant deux ans ? Nous sommes dans un canevas d'autorisations inexplicables ». 

Parler d'ingénierie financière sans les banques...

Les autres décideurs importants en matière énergétique, les grands opérateurs, hormis General Electric, étaient absents, ou seulement là pour écouter plutôt que pour exprimer quoi que ce soit. Le représentant d'EDF a certes pris la parole, mais c'était pour répondre à une critique sur la compétence d'un expert en isolation... Alors qu'ont été soulignés les énormes enjeux en matière d'ingénierie financière, les banques étaient absentes ou silencieuses. On a parlé de mobilisation de l'épargne citoyenne, mais pas de réorientation de celle qui alimente la spéculation. 
On a évidemment parlé de la BPI, c'est heureux, elle devra être mise à contribution, surtout s'il faut travailler pour avoir des retours sur investissements, non pas à deux ou trois ans, mais quinze ou vingt ! Reste qu'on se demande au nom de quoi, l'argent fou, celui qui spécule par exemple sur les denrées alimentaires ou s'investit dans la recherche des gaz de schiste, serait autorisé à poursuivre son travail de saccage des territoires. Parce qu'enfin, et c'est Yves Ménat, le directeur de General Electric Belfort qui l'a dit, c'est bien l'usage des gaz de schistes qui a fait chuter les coûts de l'énergie fossile, renchérissant du coup ceux des énergies renouvelables. De même, c'est bien la transformation en carburant du tiers du maïs américain qui est à l'origine de la flambée des cours mondiaux des céréales.

La CGC : «  des compétences à reclasser dans le cadre des PSE à venir »

Retourner à la bougie sera-t-il toujours considéré comme une terrible et angoissante régression alors qu'on n'en est jamais vraiment sorti ? On s'en sert même pour les moments heureux ! Pour les pannes ! De même, revenir à la traction animale n'est pas faire une croix sur les moteurs ! Dany Pujol, président du syndicat des éleveurs de chevaux du Jura, ne dira pas le contraire, lui qui se désespère de voir qu'on parle beaucoup de débardage à cheval dans les parcelles forestières difficiles d'accès, mais que les actes ne suivent pas : « on peut faire de l'énergie renouvelable avec le cheval, j'y croyais, mais ça ne démarre pas. Il faut une volonté politique, réfléchissez bien ». A constater les applaudissements les plus nourris de la matinée, il a au moins été entendu des convaincus... 
Il a aussi été question de biodiversité, le lien avec l'énergie « s'imposant » pour Marie-Guite Dufay. On a parlé climat, Pascal Blain, de France Nature Environnement, s'interrogeant sur le bienfondé des retenues collinaires en montagne : « il n'y a pas d'avenir durable pour le ski en Franche-Comté ». On nuancera : pour le ski alpin... On a aussi parlé social. Eric Frenot (CGC) a rappelé que les nouvelles filières créeraient des emplois : « on va en supprimer dans l'automobile, il y aura des compétences à reclasser dans le cadre des PSE à venir ». Gilles Spicher (CGT) a pour sa part dit sa frustration de ne pas voir les organisateurs initier des « grands débats thématiques, par exemple sur les transports », mais Marie-Guite Dufay a fermé la porte : « pas de débat tout ficelé ». Le syndicaliste craint aussi qu'on « oublie la question politique de la maîtrise technique des questions énergétiques ». La présidente de la région lui répond, ainsi qu'à d'autres : « formation des professionnels et changement culturel ».
Il est temps, car « on ne part pas de zéro », avait souligné Christophe Logez, le président de l'AJENA. Gérard Magnin confirme : « ce sont des pionniers de plus de trente ans... »
Certes, mais les pionniers ont fort à faire avec les mastodontes industriels et financiers qui donnent le la...
 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !