Tourisme : les élus régionaux anti center-parcs n’en rajoutent pas

Sans mention des projets de Pierre&Vacances, le schéma régional de développement touristique a été adopté par une large majorité du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Pour avoir apporté son soutien aux opposants qui manifestaient devant le siège de l'assemblée, la Jurassienne Jacqueline Ferrari (LREM) s'est fait vivement critiquer par Gérald Gordat (LR, Saône-et-Loire).

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La Jurassienne Jacqueline Ferrari, l'unique élue LREM du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, est opposée aux projets de center parcs. Elle critique notamment la dimension financière d'un projet qui coûte, nous dit-elle avant la séance, 566.000 euros par emploi. Elle explique son inquiétude sur l'eau, sa délégation, sur Youtube (ici). Vendredi 13 octobre, elle est sortie de la séance pour redire son soutien à la quinzaine de militants associatifs qui étaient venus rappeler leur opposition sur le parvis. Durant le débat sur le schéma régional de développement touristique, elle « remarque que l'appellation center parcs a disparu » et souligne qu'elle sera « vigilante » pour qu'elle ne revienne pas.

Cela lui vaut une volée de bois vert de Gérald Gordat (LR, Saône-et-Loire) : « c'est rageant, sur un sujet consensuel, on nous ressort l'opposition entre grands et petits projets. Center parcs, c'est 300 emplois dans la communauté de communes où je suis élu et on a reçu 150 CV. Il ne faut pas balayer ça sur des points idéologiques. En accueillant les opposants, on étant en photo dans la presse, vous donnez une mauvaise image de ce projet ».

La « face heureuse de la mondialisation »

Les autres élus notoirement critiques des projets de center parcs, notamment dans la majorité, n'en rajoutent pas, sauf en creux. Le Jurassien Pierre Grosset « préfère des régions complémentaires plutôt que concurrentielles : ne cherchons pas la première place, promouvons un tourisme solidaire, pensons à la transition énergétique, ne faisons pas pousser la neige mais laissons la tomber », dit-il en faisant allusion aux orientations les plus contestables du schéma du point de vue environnemental. « Ce n'est pas nous qui créons la compétition, elle existe », répondra le vice-président Patrick Ayache. Pierre Grosset pointe également quelques contradictions en insistant sur « l'enjeu stratégique du développement durable » qui y figure en bonne place.

Le schéma entend capter une part de la clientèle de la nouvelle classe moyenne chinoise, ce que Patrick Ayache présente comme la « face heureuse de la mondialisation ». Le Bisontin Luc Bardi douche un peu l'enthousiasme en insistant sur la formation des professionnels du tourisme qui ne doit pas être négligée : « j'ai échangé avec la directrice du CLA qui attire notre attention sur une forme d'acculturation : un touriste asiatique peut avoir des attentes sur des gestes quotidiens, le respect des coutumes, qui peuvent être contreproductifs si nous ne sommes pas attentifs ».

« La majorité des sites touristiques dépendent de la clientèle de proximité »

Reste que la trame du schéma touristique va bien au-delà des projets pharaoniques du groupe Pierre&Vacances. Il y en a pour tous les goûts. Jean-Philippe Lefebvre (LR, Jura) rend « hommage au travail réalisé, à l'intelligence de la concertation ». Il propose de rebaptiser l'aéroport de Dole-Tavaux « qui a toute sa place » dans les orientations « aéroport des trois vignobles » car « nous avons une seule force à l'international : l'oenotourisme ». Il insiste aussi sur le « tourisme patrimonial à la vocation nationale et étrangers proches ».

Patrick Genre (DVD, Doubs) abonde : « la majorité des sites touristiques dépendent de la clientèle de proximité. Les Alsaciens ou les Franciliens sont les plus faciles à capter, ce sont eux qui viennent dans nos sites qui ne sont pas internationaux... Nous avons besoin de relais, il faut transformer les offices de tourisme en offices de destination ». Problème : les offices de tourisme « n'accueillent que 10% des touristes », répond Patrick Ayache, « nous devons les accompagner, ils doivent se moderniser ».

Ane-Laure Breuillard-Fletty (DVD, Haute-Saône) suggère qu'on « propose des séjours courts pour nos habitants », songe à la « manne des touristes des Jeux olympiques de 2024 », déplore « la nouvelle politique de VNF consistant à faire payer des activités en bord de points d'eau : c'est dangereux, ça peut arrêter des projets... »

Le schéma est adopté par les trois groupes : majorité, droite-centre, FN. Les Patriotes et les deux non-inscrits (ex-FN s'abstiennent.

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