« Tirer les leçons de la crise ce n’est pas externaliser »

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Martial Bourquin sénateur-maire d’Audincourt est, au Sénat, vice-président de la commission des Affaires économiques et président du groupe d'étude sur l'industrie. Il a été ouvrier, syndicaliste, militant au Parti communiste, à la Convention pour une alternative progressiste avant de rejoindre le Parti socialiste. Il est devenu maire d'Audincourt en 1997, s'est fait réélire en 2001 dès le premier tour, de même en 2008. En 2004, Martial Bourquin est devenu vice-président du Conseil régional. Suppléant de Pierre Moscovici aux législatives de 2007 dans le Doubs, il est élu sénateur en septembre 2008. Depuis janvier 2012, il est également vice-président de la Communauté d'agglomération du Pays de Montbéliard (PMA).


Quelle est l’action des collectivités vis-à-vis de PSA ?

Nous souhaitons que se constitue une grappe d’entreprises, un cluster. Autour de PSA, doivent s’organiser l’ensemble des équipementiers, le Pôle Véhicule du futur, les chercheurs universitaires de Sèvenans (un des trois sites de l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard, NDLR), le laboratoire de recherche CEMBA (à présent R&D Moteurs, centre d’essais sur les moteurs thermiques et première réalisation du Pôle du véhicule du futur, NDLR), des structures de l’Education nationale, de manière à former un éco-système industriel. J’ai visité le pôle de Stuttgart, c’est un exemple positif. L’agglomération contribue de façon conséquente à l’effort de recherche, notamment pour CEMBA. Elle a financé non seulement la construction immobiliaire mais permet également le fonctionnement quotidien. Il faut promouvoir une « excellence industrielle » dans notre agglomération, insuffler de l’innovation dans l’ensemble des PME. L’entreprise TEKNAUS à Audincourt est assez exemplaire. Elle s’est modernisée, diversifiée,  ne travaille plus exclusivement pour l’automobile mais notamment aussi pour Alsthom.

S’agissant des relations entre le donneur d’ordre, ici PSA, il convient de trouver un meilleur équilibre, encore une fois de manière à ce que l’ensemble concourt à l’excellence. Un grand donneur d’ordre a besoin de fournisseurs et sous-traitants de haute qualité. En tant que sénateur, je considére que le législateur est resté au milieu du gué. Je ferai une proposition de loi qui aille dans le sens d’un meilleur équilibre. Par exemple, le délai maximal de paiement de 45 jours fin de mois n’est pas toujours respecté, ce qui pénalise les fournisseurs. Une coopération est à établir plutôt qu’un rapport unilatéral. La situation des sous-traitants de rang 1 (qui ont des relations contractuelles directes avec le constructeur, NDLR) est encore assez bonne, celle des sous-traitants de rang 2 et 3 est difficile.

Quelles sont les perspectives de l’automobile ?

Un certain nombre de pistes sont à explorer très sérieusement, qui conditionnent l’avenir de PSA. Je pense que ce sont celles de la voiture décarbonée, d’un nouveau type de carburation, de la pile à combustible ou de l’hydrogène. Il faudra diversifier encore. Je ne crois pas à la voiture électrique de masse. Cela impliquerait une production d’électricité énorme, de nouvelles centrales nucléaires certainement. Il faut progresser sur la voiture décarbonée et impérativement qu’elle puisse être accessible aux classes moyennes et populaires. Si elle est trop chère, réservée aux « bobos », ce sera un échec.

Comment percevez-vous l’alliance avec General Motors ?

Il est encore difficile de savoir quelle stratégie industrielle sera adoptée. On peut se demander quel sera l’avenir d’Opel par exemple. Il est certain que le marché européen connait une certaine atonie.
A l’interne je regrette le manque de dialogue social. Il n’y a pas de culture des restructurations, pas d’anticipations des problèmes sociaux non plus. L’exemple d’Aulnay, après l’annonce du plan à venir par la CGT (en juin 2011, NDLR) le montre. C’est une période de grande inquiétude pour les salariés et la population avec le sentiment d’une fragilité du groupe PSA. Des décisions vitales doivent être prises dans les mois, les semaines qui viennent. Il faut aller aussi vers une sécurisation des parcours professionnels, c’est indispensable. En tout cas, tirer les leçons de la crise actuelle, ce n’est pas aller vers le « low coast », ce n’est pas externaliser. L’exemple de Volkswagen le montre. Le groupe allemand produit pour 55 % dans le pays d’origine. Il est en bonne santé économique. D’autre part, l’Europe doit porter des programmes d’ampleur pour l’industrie et l’innovation. De grands chantiers de recherche et développement, à la mesure de la crise, devraient être engagés.

 

Martial Bourquin s’est vu confier le 14 novembre et pour trois mois une mission parlementaire sur la mise en place, « pour l’ensemble des acheteurs publics et privés, d’une politique responsable d’achat, pour faire le bilan des instruments existants et améliorer les relations entre donneurs d’ordres et sous-traitants ».

 

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