Vous avez co-signé avec le maire de Lure, Eric Houley, une lettre au ministre des transports dans laquelle vous indiquez que supprimer l'arrêt du train Paris-Belfort en gare de Lure est inacceptable... Tout comme diviser par deux le nombre de trains serait à vos yeux préjudiciable. Ce n'est qu'un rapport, non ?
Nous sommes vigilants et inquiets pour le service public et la gare de Lure. Comme dit Martine Aubry, quand il y a un doute, c'est qu'il y a un loup. Elle n'a pas tort et on commence à avoir l'habitude d'être des sacrifiés des services publics. Quand on voit que Lure n'est pas sur un document, qu'on ne nous dise pas que c'est une erreur d'interprétation de notre part...
On vous l'a dit ?
Non, mais on a l'habitude. On frappe fort dès le début car dès qu'il y a un doute, on sait quel est l'avenir des choses. C'est une fausse idée de croire que ça va coûter moins d'argent. Tout est fait pour que cette ligne 4 se casse la gueule au profit de la gare de Meroux...
Fallait-il ne pas faire la LGV ?
Paris est à deux heures et demi de TGV de Meroux, mais il nous faut une demi-heure pour aller à Meroux. J'ai payé 162 euros mon dernier Meroux-Paris, on arrive à 120-130 euros si on s'y prend à l'avance...
Et avec la ligne 4 ?
C'est moins cher et on met 3 heures 30 à 4 heures. Avec Meroux, on perd du temps, de l'argent et il faut payer le parking. Que le rapport Meroux soit écrit comme ça signifie qu'on veut supprimer Lure de la ligne 4 pour faire profiter Méroux du trafic. Je pense aussi à nos amis de Culmont et Langres, et là il n'y a pas de distinction politique. On nous dit la région fera des TER jusqu'à Troyes, mais ça va coûter à la région ! La SNCF veut supprimer des arrêts et dit aux régions de payer pour ces arrêts et l'aménagement du territoire. Lure est une ville de 8500 habitants avec un territoire de 20.000 habitants qui ont les mêmes droits que les 20.000 de Vesoul ou d'ailleurs.
Avez-vous reçu une réponse du ministre ?
Pas encore. J'ai aussi laissé un message à Philippe Duron, mais je n'ai pas de réponse, il est beaucoup sollicité.
C'est un député PS qui défend un transport à deux vitesses !
C'est un rapport qui préconise une logique financière. Si la SNCF n'avait pas morcelé ses composantes, on s'en tirerait mieux.
La SNCF a investi en Allemagne : sa fililale Kéolis y a 12% des trains régionaux, c'est dans le rapport Duron.
C'est une logique capitaliste. Je suis socialiste dans l'âme et dans le territoire : l'égalité prévaut. Le gouvernement fait ce qu'il peut. Ce n'est pas facile après Sarkozy.
On pourrait imaginer que le gouvernement soit à côté de ceux qui résistent...
Ils sont dans la logique impulsée par l'Europe, la réduction des coûts et des déficits publics. Ce sont toujours les petites villes qui trinquent, pas les grosses.Je ne veux pas défendre le gouvernement. J'ai voté pour la motion A parce que je suis proche de Martine Aubry... On fait aussi attention à la mairie, nous sommes impactés par la baisse de la DGF (dotation générale de fonctionnement), on va avoir 60.000 euros de perte.
Vous avez aussi contracté des emprunts structurés.
On en avait très peu, on n'a pas perdu tant que ça. On est maintenant dans le remboursement du capital... Dexia était une banque publique. Ces prêts ont aussi impacté des familles qui avaient des crédits indexés...
Vous ne pensez pas que ce serait aux banques de payer ?
Quand vous êtes à découvert et que vous voulez les quitter, elles vous demandent de rembourser. L'Etat est dans le même cas, il aimerait se désengager mais ce n'est plus possible.
Revenons au train. Craignez-vous ce qu'on appelle un « mauvais coup de l'été » ?
On n'est jamais en vacances comme eux. On est vraiment très vigilants. Christiane Taubira est à nos côtés, elle a su nous écouter.
Que vous a-t-elle promis ?
Elle travaille sur une prison neuve sur le secteur luron. Elle pousse son administration. Mais on reste prudent.
Iriez-vous jusqu'à stopper des trains ?
Je ne suis pas pour, ça embête plus les voyageurs que la SNCF. Le type qui loupe son entretient d'embauche nous en voudra toujours... Je suis infirmier au SAMU, je sais ce qu'est une urgence, mais aussi comment l'aborder avec calme.
