Statut quo aux Vaîtes

Une ZAD qui s’enracine, Anne Vignot la maire EELV de Besançon qui souhaite la destruction de la vigie, une tour de guet de 8 mètres de haut érigée le 17 juin, la menace d’une expulsion qui se précise et la promesse de la municipalité de mettre en place un conseil de scientifiques et d’experts pour étudier la question. Censé trancher l’avenir des Vaîtes dans une démarche participative, son indépendance est déjà remise en cause par les opposants. Ceux-ci ne partiront pas avant l’arrêt du projet et se disent prêts à s’allonger devant les pelleteuses.

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Depuis l’occupation du 17 juin aux Vaîtes, la lutte s’enracine durablement. La vigie, une tour de huit mètres de haut montée le premier jour, est toujours debout et symbolise le combat pour la préservation de ces terres historiquement maraichère. Anne Vignot, nouvelle maire EELV, avait exigé sa démolition comme un préalable à toute discussion. Inacceptable pour les défenseurs des Vaîtes qui ont consolidé et sécurisé la vigie. Sur place, la ZAD se construit et s’agrandit, il y a des espaces cultivés, des abris et le début de constructions « en dur » avec notamment l’édification de murs en torchis de terre paille. Les occupants ne souhaitent pas négocier, se disent prêt à se jette sous les pelleteuses si nécessaire et ne réclament qu’une chose : l’abandon du projet.

Après plusieurs propositions de rendez-vous restées lettre morte, Les Jardins des Vaîtes, a enfin pu rencontrer Anne Vignot. Appuyée par FNE 25-90, l’association avait déposé un recours au Tribunal administratif qui a abouti à l’arrêt des travaux. Une décision de justice confirmée par le Conseil d’État…le jour de l’intronisation d’Anne Vignot en tant que maire de Besançon. L’association, qui soutient l’occupation en tant qu’action de désobéissance civile, ne peut pas se revendiquer comme partie prenante « officielle » d’une méthode de lutte qui reste illégale et pour laquelle la maire cherche, en vain, un interlocuteur pour négocier le départ des opposants.

Sur le fond, ce rendez-vous n’a rien changé. Les jardins des Vaîtes ont réclamé, avec en ligne de mire l’élaboration du nouveau PLU intercommunal à l’horizon 2025, la sanctuarisation des jardins en terres agricoles. La maire n’a pas voulu donner suite, pas plus qu’elle n’a accepté le principe d’une motion de la municipalité actant la non-reprise des travaux comme cela avait aussi été demandé. Mais de fait, cette reprise est rendue impossible jusqu’à l’examen du dossier sur le fond auprès du Tribunal administratif de Besançon. Ce qui n’est pas attendu avant plusieurs mois, au moins.

Un conseil d'experts dont l'indépendance est questionnée

Anne Vignot, qui est restée très évasive sur le sujet des Vaîtes pendant toute la campagne et qui, une fois maire, ne répondait aux questions à ce sujet au Conseil municipal que lorsqu’elle y était acculée, n’est pas à l’aise avec ce dossier. Et sur celui-ci, sa première décision sera d’établir un arrêté pour détruire la tour de la Vigie et demandera, si nécessaire, l’évacuation par la force des occupants qui agissent au nom de la défense de l’environnement. Pour une municipalité qui se veut écolo, le symbole d’une expulsion manu militari dans ce contexte serait lourd à porter. Mais elle ne rougit pas en expliquant que Besançon a besoin de logements, que les terres des Vaîtes ne sont que d’un intérêt écologique banal et qu’il vaut mieux construire ici plutôt que de grignoter les terres en périphérie.

Pour se sortir du guêpier et produire des arguments de fonds dans le cadre d’un débat qu’elle souhaite le plus serein possible, Anne Vignot enclenchera une démarche participative censée dessiner l’avenir du quartier. Son idée est de mettre au point un « GIEC » local, composé d’experts et de scientifiques, qui étudieront les conséquences du projet et ses éventuelles alternatives avant de les présenter à une instance citoyenne. Anne Vignot a promis qu’elle se rallierait à leur avis, mais les contours de cette instance en sont encore très flous et pas tous établis. Les choses devraient se préciser à la rentrée.

Mais ce conseil d’experts et de scientifiques ne rassure pas tout le monde. Sur la ZAD, personne ne semble accorder le moindre crédit à ce comité. Les Jardins des Vaîtes s’interroge sur son indépendance, alors que la maire en nommera la présidence, qui nommera ensuite les membres. FNE, qui souhaite que les Vaîtes deviennent un espace de production maraichère, reste aussi très sceptique sur ce conseil d’experts. Ils se demandent l’intérêt de mettre sur pied une telle instance supplémentaire alors que d’autres existent, comme le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN), qui a justement pour vocation d’être un conseil de proximité pour les collectivités territoriales.

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