Sport et politique : les parallèles osés

La mauvaise foi des supporteurs comme un des beaux arts...

Ce qu'il y a de joyeux ou d'horripilant dans les propos des supporteurs de football, voire des commentateurs, c'est la mauvaise foi conçue comme l'un des beaux arts. Ce qui, soit dit en passant, relativise le caractère exemplaire du sport, du moins du sport de compétition. N'y apprend-on pas ainsi à tricher ? Que dire de l'exemple donné par la star portugaise du Real de Madrid Ronaldo quand il ruse pour obtenir des pénaltys imaginaires et qu'en même temps il fraude le fisc ? 

A l'époque de la dictature argentine (1976-1983), lors d'un match à Sochaux, le joueur argentin Trossero du club de Nantes se fit traiter, par un spectateur politisé, à la grande joie de ses voisins de tribune, de « tortionnaire » pour avoir blessé un adversaire d'un coup de semelle mal placé.

Lors de la précédente coupe du monde de foot, Jean-Luc Mélenchon s'était réjouit de l'éclatante victoire française face à la Suisse en invoquant l'imparable (et impayable, littéralement) argument d'une bataille, évidemment symbolique, gagnée contre un paradis fiscal.

Le lecture des forums de L'Equipe de ce 28 juin nous fait découvrir une pépite du même genre. Un internaute jubile de l'élimination des Allemands en ces termes : « bien fait pour eux qui ont ruiné l'économie des pays d'Europe du sud (dont la France) avec l'euro-mark ».

Si pour certains le spectacle sportif de masse est une autre modalité du spectacle de la politique, on se souvient aussi que selon Clausewitz la guerre est « la continuation de la politique par d'autres moyens ». Dans tous les cas, la violence est là, y compris celle, symbolique, des mots. Ainsi, cet autre internaute nuance - sagement - l'emploi du mot cauchemar pour décrire la désillusion des Allemands : « On parle juste de foot là, pas de crise humanitaire ».

Le foot s'est pas l'alpinisme où le premier de cordée n'est rien sans la cordée et ne peut avancer plus vite qu'elle au risque de la disloquer. Ce principe, mis en œuvre par des guides et montagnards du Briançonnais pour sauver des migrants tentant de franchir les Alpes sans équipement, est le même que le devoir de secours en mer...

Les métaphores ont leurs limites. Les émotions non...

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