Seulement dix productions agricoles AOP au Brésil

Le sociologue brésilien Valmir-Luiz Stropasolas, spécialiste du monde rural, assistait à la présentation des propositions de la Confédération paysanne pour l'AOP comté. Enseignant à l'université de l'état de Santa Catarina, berceau du mouvement des sans terre, il évoque les différences entre Le France et le Brésil où l'agro-négoce est roi.

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Lors de l'opération ferme ouverte au cours de laquelle la Confédération paysanne a présenté ses propositions pour le cahier des charges de l'AOP comté, mercredi 13 décembre à Mesnay, il y avait parmi les visiteurs un sociologue brésilien ! Spécialiste des jeunes ruraux, Valmir-Luiz Stropasolas enseigne la sociologie rurale à l'université fédérale de Santa Catarina, un état frontalier de l'Argentine. Il est quelques jours en France comme directeur de la thèse qu'une jeune géographe dijonnaise, Hélène Chauveau, vient de présenter à Lyon, après avoir effectué une partie de ses études au Brésil. Le professeur Stropasolas a effectué une partie de ses études à l'EHESS, à Paris, il y a une quinzaine d'années. 

Êtes-vous surpris des débats dans la filière comté sur la révision du cahier des charges de l'AOP ?

Le niveau de la discussion est très avancé. Au Brésil, dans l'état de Santa Catarina, les paysans essaient de construire une AOP. Ils cherchent à se différencier par la qualité après qu'on les a bassinés avec la quantité et que les plus petits se font exclure du système.

Quelles sont leurs productions ?

Ils sont organisés en coopératives pour le lait, le bio, les fruits, les céréales, le vin... Ils ont un fromage, le queyo serrano. Il y a une tradition de productions de charcuterie, fromages et vins venant des immigrés italiens et allemands qui les ont amenées avec eux à la fin du 19e siècle. Une autre chose est importante dans cet état de Santa Catarina, ce sont les mouvements sociaux, c'est le berceau du mouvement des sans terre. Ils visent à préserver l'agriculture paysanne là où le modèle est celui de l'agro-négoce intensif et de la surproduction.

Quelles différences majeures voyez-vous entre la France et le Brésil en matière agricole ?

La grande différence tient au rôle de l'Etat. En France, il est présent, a l'air de soutenir, alors qu'au Brésil il est absent, surtout depuis le coup d'Etat institutionnel. Avant, deux ministères s'occupaient d'agriculture : celui de l'agro-négoce et celui du développement agraire que Michel Treiner a fermé. Du coup, les aides à l'agriculture familiale se sont réduites à peau de chagrin. Il n'y a plus d'aide à l'installation des jeunes, ce qui tend les relations avec les parents et fait que les jeunes quittent le monde rural. J'ai aussi l'impression que les consommateurs, en France, valorisent les productions de l'agriculture familiale, des produits fermiers. Alors qu'au Brésil, les paysans cherchent à se faire passer pour des industriels : on vend par exemple plus cher un panier en osier fabriqué en usine qu'un panier fait à la main. J'ai enfin l'impression que chez vous, les syndicats ont davantage de pouvoir, au moins de négociation. ALORS QU4AU brésil, l'agro-négoce a un très grand pouvoir, beaucoup d'argent pour corrompre...

Savez-vous que l'action de la Confédération paysanne à laquelle vous avez assisté est celle d'un syndicat minoritaire ?

Ah ! J'ai quand même l'impression qu'il a un pouvoir de négociation, au moins au sein de l'interprofession où il amène des propositions. Au Brésil, c'est violent, il y a des conflits armés. Le Brésil a une taille équivalente à celle de l'Union européenne, mais il n'a que 10 AOP...

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