Retraites : « plus le temps passe, plus la population est avertie »

A la veille de la première journée nationale de l'année contre le projet du gouvernement, le secrétaire départemental de la CGT du Jura Richard Dhivers sent parmi les militants « une volonté de ne pas laisser passer » la réforme. Son homologue de la FSU Nathalie Pszola a retrouvé à la rentrée des enseignants « avec une conscience plus aigüe de ce qui va se passer avec la réforme ». Reste que des salariés du privé ne sont pas mobilisés « à la hauteur de l'enjeu ». A la caisse de grève des cheminots s'est adjointe une caisse de grève des enseignants…

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Alors que les vacances ont apporté leur lot de supputations, que certaines professions, des policiers aux danseurs de l'opéra, devraient voir leurs « spécificités » reconnues, mettant à mal de caractère universel du projet gouvernemental, le mouvement qui n'a pas connu de véritable trêve, connaît sa première journée nationale de l'année ce jeudi 9 janvier. Dans la fonction publique, les discussions gouvernement-syndicats sur la pénibilité qui devaient se tenir ce mercredi, ont été boycottés par FO et Solidaires, tandis que CGT, CFE-CGC et FSU qui s'y étaient rendues en ont claqué la porte en raison de l'annonce de la fin des catégories actives, ce qui pourraient exclure du dispositif de pénibilité 200 à 300.000 des 700.000 fonctionnaires pouvant aujourd'hui y prétendre.

Quant à la réunion programmée vendredi 10 par Matignon pour examiner avec les syndicats quels pourraient être les contours de la conférence de financement proposée par la CFDT, elle fait déjà l'objet de déclarations d'intentions. La CFDT et l'UNSA attendent que d'ici là l'âge pivot soit retiré du projet. Laurent Berger espère que la conférence pourra rendre des propositions en juillet, ce qu'a exclu le Premier ministre… La CGT, qui a prévu d'y aller, considère qu'une conférence de financement dans le cadre d'une retraite à points ne change pas la nature du problème.     

C'est dans ce cadre global que nous avons interrogé deux responsables syndicaux jurassiens très impliqués dans le mouvement. Il s'agit de Richard Dhivers, secrétaire général de l'union départementale CGT, de loin le premier syndicat du département (ailleurs en Franche-Comté, c'est la CFDT), et de Nathalie Pszola, secrétaire départementale de la FSU, première organisation syndicale de la fonction publique, de très loin largement majoritaire dans le monde enseignant.

Trois manifestations dans le Jura le 9 janvier

Richard Dhivers, vous avez pris des vacances ?

J'ai pris une semaine, mais je n'ai pas vraiment décroché. Ne serait-ce pour suivre ce qui se passait...

Que s'est-il passé dans le Jura depuis la dernière journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites ?

Il y a eu une petite accalmie dans les actions, mais certaines ont continué, notamment avec les Gilets jaunes qui sont structurés sur Lons, ou le piquet de grève des cheminots à Dole. Il y a surtout eu des actions dans le secteur de Dole. Quelques dizaines de personnes ont organisé une opération péage autoroutier gratuit le 28 décembre en distribuant des tracts. Ils ont eu la visite des gendarmes et se sont déplacés sur un rond-point. Le 4 janvier, il y a eu un tractage sur la zone commerciale des Epinottes. Lundi 6 le blocage de la sortie des bus scolaires à Foucherans. Et le 7, il y avait du monde pour accompagner les Gilets jaunes pour le démontage de la cabane de Parcey qui ne s'est finalement pas fait...

A Lons, on a organisé avec la FSU une distribution de tracts le 4 janvier sur la zone commerciale de Chantrans pour appeler à la journée du 9 où il y aura trois manifestations dans le département, à Dole, Saint-Claude et Lons. On sera en intersyndicale CGT, FSU, FO, Solidaires, CFE-CGC le 9, mais sans la CFDT. Je n'ai pas encore de retour de la part de l'UNSA… On organisera aussi des débats publics vendredi 10, y compris avec des organisations qui ne sont pas dans le mouvement, pour présenter le système existant et le projet du gouvernement. On est en train de regarder les modalités pour la journée du 11.

C'est un samedi, c'est inhabituel.

Oui. C'est pour permettre aux salariés qui ne sont pas en lutte dans leur entreprise de prendre part au mouvement. On veut faire un événement plus festif place de la Liberté.

« La journée de jeudi sera un test »

Comment voyez vous les relations avec les Gilets jaunes ?

Ça dépend à qui on a affaire. Sur Dole, ça ne se passe pas trop mal. Sur Lons, on a des problèmes avec les positionnements de certains. Le soir de la dernière manifestation, lors du débat, j'ai poussé une gueulante vis à vis de la CNT sur les "bons" et "mauvais" militants. Ils nous avaient bousculés avenue Rouget de Lisle, enfin deux ou trois personnes pas très claires. Ce n'est évidemment pas le cas de tous… 

Quel est l'état d'esprit des militants ?

Je sens toujours une volonté de ne pas laisser passer. La journée de jeudi sera un test pour l'avenir de la mobilisation. La participation aux débats de vendredi sera un marqueur de volonté. De nombreux citoyens ne connaissent pas le mode de fonctionnement de notre système de protection sociale. Quand on a tracté sur la zone commerciale d'En Chantrans, on a eu un bon accueil général, mais beaucoup de refus de la part des 25-35 ans : le message qu'on leur a balancé sur le fait qu'ils n'auraient pas de retraite a eu un effet…

Combien d'entreprises et de services publics sont dans le mouvement ?

C'est difficile de compter. Dans le public, il y a les cheminots, les enseignants, l'énergie, les hospitaliers, les territoriaux… Dans le privé, des boîtes comme NPS à Saint-Claude, Bel, Lactalis ou SKF sont mobilisées. Il n'y a pas de grosses entreprises dans le Jura. Nationalement, c'est dans les entreprises de moins de 50 salariés que ça bouge le plus, ça bouge moins dans des grosses comme Renault…

Et Solvay à Tavaux ?

Ça bouge un peu. Ça fait partie des boîtes où la mobilisation n'est pas à la hauteur de l'enjeu…

 

 

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