Karima (prénom changé) attend son tour au stand de recrutement de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie où elle a appris qu'un CDD de trois mois allait être proposé. Elle fait partie des « 350 positionnements » comme on dit dans le langage du marché de l'emploi. En fait 300 personnes, une seule pouvant avoir plusieurs rendez-vous, retenues pour l'opération Les rendez-vous de l'emploi des quartiers, au centre Nelson Mandela de Planoise à Besançon. « En face » : 32 entreprises proposant 76 offres d'emploi.
Karima découvre ce mode de recrutement. A l'issue d'une formation pour apprendre à diffuser son CV sur internet, une conseillère Pôle emploi l'a informée de la tenue du forum. Les organisateurs, dont Mme Frédérick Faure, chargée de mission emploi - insertion à la ville, tiennent à préciser qu'il ne s'agit pas d'un forum, mais « de rendez-vous de recrutements concrets préparés en amont ».
Karima a obtenu un BTS de gestion PME-PMI en alternance dans un cabinet d'administrateur judiciaire, a été deux ans au chômage puis a obtenu un CAE de deux ans à la mairie de Saône. Le contrat aidé a été renouvelé une année. Elle recherche donc un emploi depuis septembre. Elle sait qu'elle n'obtiendra ici qu'un contrat court et précaire : « je vais me donner à fond tout en sachant que derrière il n'y aura pas d'embauche surtout dans la fonction publique. Après ces années de contrats précaires, je ne me fais pas trop d'illusion, mais il n'y a pas le choix ».
Hanane a 39 ans, un CAP de cuisine et une expérience de travail dans la sérigraphie. Elle se présente à Jean-Pierre Darnis, le directeur général de Dixi microtechnique, entreprise de 50 salariés. Il a déjà participé au trois précédents « rendez-vous ». Il a le « besoin urgent d'embaucher un micro-mécanicien ajusteur ». Il le fera en CDI. Il embauchera aussi ponctuellement des opératrices en CDD « éventuellement renouvelables ». Il s'impatiente : « je vais devoir me résoudre à aller recruter à Toulouse ou en Allemagne. Je cherche depuis des années. Si le projet de formation en horlogerie se réalisait à Besançon, ce serait un atout. La formation d'horlogerie est la même que celle de la personne qu'il me faut recruter. Je me suis porté volontaire pour participer à la formation si elle se faisait. Nous sommes installés juste en face des usines Breitling ». Hanane est la première candidate d'une liste initiale de dix. Tous ne sont pas là.
Sur une estrade, les différents corps d'armée sont représentés. Un officier parachutiste de l'armée de l'air s'est déjà entretenu avec neuf personnes. Il semble s'étonner du bon niveau de qualification des candidats dans les disciplines techniques qui permettrait de s'engager « pour cinq ans minimum » : « On peut même laisser entendre à certains la possibilité de devenir pilote, pas tout le monde bien sûr, puisqu'il faut 40 personnes au sol pour faire voler un avion ».L'entreprise A4E, dirigée par Fabienne Dabrowski, organisait l'événement en partenariat avec Pôle emploi, la Mission locale, le Plan Local pour l'Insertion et l'Emploi, des associations du quartier et la Mission emploi insertion de la ville.
