Réforme des collèges : la FSU quitte une réunion académique sur la formation

A une semaine de la grève programmée le 17 septembre, le principal syndicat enseignant s'inquiète du risque d'une formation hors temps de travail et d'un nombre insuffisant de formateurs.

reformecollege

Le plan académique de formation pour 2016 (PAF principal 2016) sera « ouvert à candidature fin novembre 2015, pour un début des formations en janvier 2016 », peut-on lire dans le document en ligne sur le site du rectorat. C'est une façon de donner la marche à suivre aux enseignants qui veulent suivre des stages. Reste que la réforme du collège qui doit entrer en application en septembre 2016, risque de pas mal mobiliser les formateurs. Au point, explique Sylviane Gutierrez, prof de français à Bethoncourt et militante du Snes-FSU, que ces formateurs « ne pourront plus aider au quotidien les collègues ».

C'est ce que permet de comprendre - un peu - la poursuite de la lecture du PAF : « Le nombre important de priorités liées aux réformes en cours a imposé des choix contraignants aux concepteurs du PAF transitoire (Ndlr : celui qui forme les formateurs au premier trimestre). Ces choix ont été opérés pour permettre à chaque personnel enseignant ou éducateur de centrer son projet de formation 2015-2016 sur l’appropriation, puis la mise en oeuvre des objectifs des réformes : d’abord grâce à un accompagnement académique (PAF transitoire), puis par un accompagnement de proximité (PAF principal). Ces choix ont conduit à décharger partiellement un nombre important de formateurs académiques de collège pour faciliter l’accompagnement sur site ».

700 conseillers pédagogiques mobilisés sur la réforme

Autrement dit, les quelque 700 conseillers pédagogiques de l'académie (cinq professeurs par collège) qui accompagnent leurs collègues, vont être chargés de la formation aux nouveaux programmes, en plus de leur tâche habituelle, après avoir été eux-mêmes formés par les inspecteurs. C'est tout bonnement impossible, estime la FSU pour qui « les formateurs ne sont pas assez nombreux ».  Le syndicat s'inquiète ainsi « du risque d'une formation imposée hors temps scolaire ce qui reviendrait de fait à remettre en cause le droit à la formation continue sur le temps de travail ».

Quant aux « nouveaux programmes annoncés pour tous les niveaux et toutes les disciplines » figurant dans la réforme du collège, ils nécessitent « une nouvelle organisation des enseignements dans tous les collèges alors même que le rectorat prévient d'emblée qu'il n'a ni le potentiel nécessaire en formateurs ni le temps indispensable à une formation correcte : nous sommes donc bien dans une formation d'affichage pour une réforme qui ne répondra pas aux vrais maux du collège ».

« Les enseignants de plus en plus désabusés, voire découragés »

Du coup, la FSU a décidé de quitter le comité miroir, une autre appellation pour groupe de travail réunissant administration et délégués, qui s'est tenu mercredi 10 septembre. Ce comité devait examiner les modalités de la mise en place des formations, mais tout était « déjà verrouillé » et « les représentants du personnel n'ont été consultés que sur quelques modalités pratiques », regrette le syndicat qui, dès juin, a appelé à une grève le 17 septembre « pour une autre réforme ». Laquelle ? « Il faudrait donner des moyens à l'école primaire, et limiter les effectifs des classes en collège : dans le Doubs, la moitié des classes a plus de 25 élèves... La ministre écoute les grands pédagogues et les gens qui disent que l'éducation coûte trop cher, mais pas les profs... »

La grève du 17 septembre va-t-elle prendre ? « On ne sait pas encore comment ça va se passer, on n'a pas pris toute la température de la rentrée, mais on espère que les collègues sont conscients de ce qui risque d'arriver ». Cette conscience apparaît cependant bien aléatoire pour Sylviane Gutierrez : « dans les salles de profs, on sent les enseignants de plus en plus désabusés, voire découragés de tout ce qu'on leur demande. Du coup, ce n'sst pas facile de se motiver pour faire des choses, professionnellement ou syndicalement... Et on n'arrive plus à recruter des profs. C'est grave... »

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