Les centrales syndicales avaient appelé à « manifester aux balcons », en faisant fleurir banderoles et drapeaux. Plusieurs visuels se sont ainsi dressés aux fenêtres, l’un indiquant « vous ne confinerez pas notre colère » quand un autre demande « Macronavirus, à quand la fin ? » Ce dernier est un clin d’œil aux affaires du moment, où plusieurs procédures ont été engagées contre des personnes qui avaient affiché ce message, dont une garde à vue à Toulouse. Certains ont aussi organisé des manifestations de Playmobils chez eux. Et beaucoup regrettaient toutefois l’annulation de cet événement social majeur.
« On risque d’être nombreux à finir sur le carreau »
Alors malgré la pluie et les restrictions, certains ont tenu à être présents en chair et en os. Militants, associatifs, gilets jaunes, citoyens au cœur bien à gauche, ils se sont retrouvés en petit comité place Jouffroy d’Abbans. Souvent avec des masques, et en respectant au mieux les distances. Les affiches et pancartes sont nombreuses : « premier de cordée, dernier de corvée » ; « la ruine en masques » ; « travailleurs sans-papiers - mineurs isolés, les oubliés du confinement ? » ; « l’hôpital public n’est pas là pour faire du fric » ; ou encore « on veut des masques pas des bâillons. »
Les chants révolutionnaires ont rapidement empli l’atmosphère des rues désertes. Bella ciao, l’Internationale, et de nombreuses poésies, se sont succédé. Clément, encarté à Lutte ouvrière, se réjouit de cette opération symbolique. Pour lui « cette crise révèle surtout les failles du capitalisme. La question des masques en est l’illustration parfaite. Mais il y’a aussi le problème des licenciements qui va se poser. Je pense aux intérimaires, chômeurs, et galériens. Le plus difficile est à venir, on risque d’être nombreux à finir sur le carreau. Rappeler tout ça est nécessaire. »
Au giratoire de la Croix de Palente (Palente/Orchamps) et à celui du commandant Marceau (Montrapon/Fontaine-Écu), ils étaient à chaque fois une dizaine à avoir imité en parallèle l’opération. « Le jour d'après se construit aujourd'hui » résume Marc Paulin, par ailleurs infirmier au CHRU Jean-Minjoz. Le tout aura duré une petite demi-heure, la dispersion s’effectuant spontanément et sans accrocs. Les forces de l’ordre ont tout de même contrôlé au moins deux personnes sur le retour : votre correspondant et Frederic Vuillaume, Gilet jaune et syndicaliste.
Et merci à tous ceux qui nous ont envoyé leurs photos ! En voici dans la galerie ci-dessous :