Quinze jardins familiaux au pied des 408

Les locataires ont pris possession l'an dernier de ce nouveau jardin municipal, inauguré mardi par le maire de Besançon. Entre « valeurs essentielles du travail de la terre » et nécessité d'enrichir un sol limoneux venu d'ailleurs, c'est aussi le « manger bon pour pas trop cher ».

Nicolas, Deutch et Maria : « Il faudra bien trois ou quatre ans avant qu'on récolte beaucoup ». Photos DB

Deutch Mubiayi a désormais son jardin presqu'en bas de chez lui, le dernier étage d'une barre du quartier populaire des 408 sur le balcon duquel il cultive des tomates sous serre... Jusque là, il travaillait le jardin d'amis, à Velotte, au bord du Doubs, à 2 km : « J'y ai fait de nombreux légumes, ça a bien marché. J'ai essayé de refaire pareil ici, mais c'est plus dur, rien ne pousse... » Il montre les maigres choux et fins poireaux de l'automne : « ils sont beaucoup plus petits qu'à Velotte... » Maria, sa compagne, plaide pour la patience : « il faut laisser le temps à la terre de se faire. C'est de la marneuse, il n'y a rien dedans, il faut ajouter du fumier, du compost, des engrais bio, pas des chimiques, je tiens à ma santé ». Un technicien du service des espaces verts de la Ville confirme : « c'est de la terre limoneuse, on a apporté 300 m³ de terre de décapage de prairies de la région, elle a besoin de matière organique ». Michèle Mouneyrac, la directrice du service, ajoute : « on va ramener du compost qu'on a fait à partir des résidus de l'entretien des espaces verts... »

L'équivalent d'un treizième mois

Venu inaugurer ce nouveau jardin familial d'une quinzaine de parcelles, le maire, Jean-Louis Fousseret, a l'oeil : « Ce n'est pas de la terre maraîchère de Port-Douvot, elle a besoin de compost ! » Il a aussi un message : « le jardin rappelle des valeurs essentielles, le travail de la terre, manger bon, bien et pas trop cher... » Anne Vignot, l'adjointe à l'environnement, opine : « c'est l'équivalent d'un treizième mois... » Elle parle aussi de « bien-être » et de « cohésion sociale ».

Créer un jardin familial doit correspondre à une demande locale. En l'occurrence, elle est passée par le conseil consultatif des habitants. Il lui a fallu bien de la « persévérance », explique sa présidente, Mme Maugain. Au point que la « ténacité des habitants a touché » l'adjointe à la démocratie participative, Anne-Sophie Andriantavy. La localisation n'est pas allée de soi. Le CPIE, centre permanent d'initiation à l'environnement, a fourni des formations. Disposer d'un bout de jardin familial demande de s'y consacrer : « les parcelles sont rares, il y a radiation s'il y a manque d'entretien », prévient le maire...

Créé de toute pièce en bordure d'un petit bois d'acacias, entre tram et caserne, ce jardin d'une dizaine d'ares est doté d'une citerne de 5000 litres alimenté, comme sur les alpages du Haut-Doubs, par l'eau du toit de la cabane. Chaque parcelle a son bac à compost. Propriété municipale, il est géré par l'association des jardins familiaux que préside Marie-Thérèse Michel : « on récupère les cotisations des 400 jardins sur 18 sites, on a aussi des vergers et des ruches. On retrouve un attributaire quand une parcelle se libère, on a un groupement d'achat pour les graines, le terreau... » La location d'une parcelle varie selon la taille et l'emplacement de 50 à 120 euros par an...

Les carottes et les courgettes n'ont pas pris

Venu avec ses enfants, Nicolas Delamare est content. C'est son premier jardin : « la terre est dure, je l'ai retournée six fois... J'ai testé des radis, ça a marché, mais les carottes et les courgettes n'ont pas pris ». Comment a-t-il commencé ? Sourire : « avec ma maman quand j'étais petit ». Avec Deutch et Maria, ils échangent des trucs. Le marc de café qui repousse les fourmis, la patate douce laissée pourrir dans le sol pour faire du compost, les copeaux de bois qui empêchent les limaces de glisser...

Fatima Khaoua montre la parcelle que l'association des femmes des 408, qu'elle préside, a mis à disposition de l'école du quartier. Maria philosophe : « c'est censé être une économie, les légumes du marché ne sont pas à la portée de tous... Mais pour l'instant, on investit, à perte. Il faudra bien trois ou quatre ans avant qu'on récolte beaucoup ».

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