Quatre syndicats au préfet du Doubs : « Voulez-vous nous mettre à genoux ? »

Estimant qu'un « palier inadmissible a été franchi » samedi 30 mars à Besançon la CGT, FO, FSU et Solidaires signent une lettre ouverte au représentant de l'Etat pour « dénoncer la doctrine du maintien de l'ordre à la française » et appellent « une réponse politique et non policière aux revendications ».

« Cela fait un moment qu'on trouve que les manifestations des gilets jaunes ou des organisations traditionnelles à Besançon sont de plus en plus durement encadrées, pour ne pas dire réprimées, alors qu'elles ont longtemps été bon enfant », explique Jean Le Floch, militant du Snasub-FSU, syndicat réunissant des non enseignants de l'Education nationale. Il co-signe avec les secrétaires des unions locales de la CGT, FO et Solidaires une lettre ouverte au préfet du Doubs après un acte 20 des gilets jaunes qui leur reste en travers de la gorge.

Plusieurs interpellations ont eu lieu samedi 30 mars à Besançon, les forces de l'ordre ayant été particulièrement offensives face à des manifestants loin d'être tous animés d'intentions belliqueuses. Le coup de matraque sur un jeune homme de dos qui n'avait rien de menaçant, filmé par Radio Bip, aura été le coup de trop. « On veut alerter parce que ce n'est pas acceptable », poursuit le syndicaliste, « Nice la semaine précédente, Besançon ce week-end : ces actes ont été couverts systématiquement a priori, les préfets se retrouvant ensuite en porte-à-faux ».

« Il faut des réponses politiques »

Pour Jean Le Floch, « on dérape complètement depuis quelques mois, on applique des lois sensées nous protéger du terrorisme, ce sont des choses qu'on ne fait pas dans une démocratie. La réponse des matraques et des gaz contre les revendications ne durent qu'un temps, il faut des réponses politiques ». Secrétaire de l'union départementale FO, Rachel Messousse ne dit pas autre chose quand elle pointe « l'accumulation de la répression de tous les mouvements sociaux ». 

Ce samedi 30 mars, ce fut même « le pompon » entre « le gilet jaune matraqué et le gazage des manifestants contre la réforme Blanquer devant le rectorat. Ça a été le cas plusieurs fois contre les gilets jaunes, mais la criminalisation de l'action syndicale a commencé avec la loi travail, a continué avec les ordonnances Macron, et c'est, depuis, monté crescendo… »  Pour Elisabeth, militante de Solidaires, le « traitement médiatique et gouvernemental a bloqué le mouvement, fait que beaucoup de gens sont restés en retrait ».

« On ne retournera pas à Germinal… »

A-t-on changé de régime ? Rachel Messousse se « pose la question » : « ils essayent, par le biais de la répression, de faire taire la colère qui monte dans le pays. Mais des manifs, il y en eu, il y en a, il y en aura encore. Il faudrait qu'on soit d'accord avec le gouvernement sur la réforme Blanquer, les salaires, les retraites, la fonction publique ! Et on devrait se taire ! On est dans une situation où on essaie de terroriser la population, mais plus on la terrorise, plus elle est en colère. Soit Macron n'a pas compris, soit il s'en fout. Mais on n'est pas des gueux, on ne retournera pas à Germinal… »

C'est à l'occasion d'une réunion de préparation du 1er mai, lundi 1er avril, que les quatre syndicats bisontins ont, assez naturellement, abordé la question des violences institutionnelles à l'encontre des manifestants. 

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