Pourquoi des agriculteurs bio manifestent mercredi 3 décembre

Le Groupement régional des agrobiologistes de Franche-Comté craint que les mesures agro-environnementales accordées à l'agriculture conventionnelle n'affaiblissent l'agriculture biologique alors que l'objectif politique est de doubler les surfaces d'ici 2017.

Rassemblement mercredi 3 décembre, de 11 h à 14 h, devant la Direction régionale de l'alimentation, l'agriculture et de la forêt, 191 rue de Belfort à Besançon.

Dans le cadre de la réécriture de la PAC 2015, faute d'enveloppe suffisante, la seule aide de reconnaissance pour l'agriculture biologique (appelée "Aide au maintien" par l'Etat) risque d'être supprimée pour la plupart des producteurs bio. Dans ce cadre, bien que la Région Franche-Comté ait totalement rempli sa mission (ce qui n'est pas le cas des autres régions), l'enveloppe allouée par l'Etat n'est pas en cohérence avec la situation franc-comtoise.

Parmi les plus touchés par cette imprévoyance politique : les pionniers de l'agriculture biologique.Tous les agriculteurs engagés en bio depuis plus de 10 ans ne toucheraient plus aucune aide. Ce serait acceptable si les aides agricoles cessaient aussi d'aller à ceux qui continuent d'utiliser des produits phytosanitaires hautement dangereux pour la santé, les dispersant - bon gré mal gré - dans leur environnement. Le nôtre aussi...

Parmi les plus touchés par cette imprévoyance politique, les pionniers de l'agriculture biologique. Ceux qui ont développé les techniques, créé les premières filières, ceux qui étaient seuls... Ceux qui ont essuyé les plâtres.

L'agriculture biologique, espoir en voie de disparition ?

L'aide au maintien a permis de passer des années climatiques ou de conjoncture plus difficiles. Dans les moments plus cléments, elle a été un plus, la moindre des reconnaissances par rapport aux efforts fournis. L'absence de cette aide conduira sans nul doute à des arrêts de productions bio qui pourraient impliquer la déstabilisation des filières en place (par manque brutal de volumes bio).

Les producteurs bio, engagés, permettent de répondre à la demande des consommateurs, largement croissante depuis plus de 15 ans. Ce sont eux qui vont chercher leurs pairs, les accompagnent techniquement pour développer les filières bio françaises et réduire l'importation. Mais surtout - ce sont eux qui ont commencé à produire autrement - avec le souci de préserver les biens communs (eau, air, biodiversité...) et aussi l'emploi rural. Eux qui ont montré la voie et qui continuent de le faire.

Non, l'agriculture intensive, à coup de monocultures et de chimie, n'est ni indispensable, ni inéluctable.

Des aides pour l'agriculture qui met un peu de vert...

Pendant ce temps, des aides financières (MAE : mesures agroenvironnementales) sont proposées aux producteurs conventionnels. En échanges de montants quasi identiques, voire supérieurs à ceux qui sont versés lors d'un engagement en agriculture biologique (voir extrait du rapport de la commission européenne en annexe), on met un peu de vert pour qu'il soit dit : on ne fait pas rien. Réduire de quelques pourcents la fréquence d'utilisation des pesticides, faire au moins trois cultures différentes dans sa rotation... Quelle révolution !

Nous encourageons bien sûr les efforts environnementaux qui sont faits par les producteurs conventionnels, mais seul le cahier des charges bio garantit un minimum de protection de l'environnement. Elle doit donc être reconnue en conséquence.

Cette incohérence de fléchage des moyens a été clairement dénoncée par la commission européenne mais le gouvernement français semble n'en avoir que faire.

Le plan Ambition bio 2017 : une politique d'affichage

En 2013, le gouvernement avait annoncé haut et fort un plan de développement de l'agriculture biologique : le plan Ambition Bio 2017. En 2014, il avoue discrètement - à nous les bio - que c'est un plan... sans aucun moyen alloué... Une politique d'affichage ! Afficher bio pour faire biau. Non, Mesdames et Messieurs les Ministres, nous ne sommes pas là pour ça.

Si l'agriculture biologique n'est pas reconnue par les pouvoirs publics, comment pourrait-elle l'être par les agriculteurs conventionnels ? Comment développer les surfaces en agriculture biologique dans ces conditions ? Nous souhaitons de nombreuses conversions en agriculture biologique. Pour cela, il est besoin de donner un signal fort en direction de tous les agriculteurs.

Sans être parfaite, l'agriculture biologique est la plus aboutie. Elle n'est pas arriérée, ni rétrograde. Basée sur la protection de notre environnement et la qualité des aliments, elle est au contraire celle qui demande des connaissances techniques pointues et beaucoup d'expérience.

Les producteurs bio : solidaires et déterminés

Les agriculteurs bio, qu'ils soient anciens ou récemment engagés, restent solidaires. Plus que de l'ambition, ils demandent de la cohérence dans les orientations de politique agricole. Qu'il soit tenu compte de la demande citoyenne, à savoir une reconnaissance et un soutien de l'agriculture bio qui ne fait pas semblant de vouloir préserver l'environnement et notre santé.

Ensemble, défendons notre environnement, notre qualité d'alimentation et nos emplois ruraux en soutenant l'agriculture biologique.

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