Plus de 6000 Franc-Comtois défilent pour le climat

Des défilés se sont tenus samedi 16 mars à Besançon, Belfort, Montbéliard, Lure, Dole et Lons-le-Saunier (photo et reportage) où plus de 1000 personnes s'étaient donné rendez-vous. On a pu constater un début de convergence avec le mouvement des lycéens de la veille et les Gilets jaunes...

clim5

3000 personnes à Besançon, plus de 700 à Dole, environ 500 à Belfort et autant à Montbéliard, 350 à Lure... Les marches pour le climat ont connu un incontestable succès en Franche-Comté, mais c'est à Lons-le-Saunier que, proportionnellement à sa population, l'affluence a été la plus importante avec plus de 1000 manifestants. Presque partout, des lycéens qui avaient défilé la veille lors de la grève internationale pour le climat, ont récidivé. Partout également, des Gilets jaunes ont participé aux manifestations, constituant par exemple près du tiers de l'affluence à Dole. 

Place de la Liberté, à Lons-le-Saunier, Claude Buchot, viticulteur bio depuis quarante ans à Maynal, dans le Sud-Revermont, tient à témoigner de sa propre expérience : « tout est décalé d'un mois depuis 1978. On faisait la taille en mars et le liage en avril, on les fait maintenant en février et mars. Dans dix jours, j'aurai fini... » Le vignoble jurassien a cependant connu au moins une exception à ces perceptibles effets de l'évolution du climat : « en 2013, on a vendangé fin septembre, mais c'était une parenthèse... Tous les ans, j'ai vu les vendanges se faire de plus en plus tôt ».

Planter du savagnin à Prémanon ?

Cela n'entraîne-t-il pas un risque pour la présence de la vigne ? Par exemple avec le gel venant menacer des bourgeons plus précoces ? « Non, il y a toujours eu des gelées printanières... Mais je répète à mes collègues que le savagnin risque de disparaître du Revermont, car il ne supporte ni la canicule ni la sécheresse.... » Faudra-t-il en planter sur le premier plateau ou à Prémanon ? La plaisanterie n'en est peut-être pas une... Comme le comté au lait de brebis...

A quelques pas, Danièle, de la même génération, peut aussi témoigner d'une évolution parallèle, celle de la structure économique et sociale des fermes... « Je suis de milieu agricole. Quand j'étais enfant en Auvergne, il y avait des petites, des moyens et des gros paysans. Ce qui a changé, c'est qu'il n'y a plus que des gros... Ils ont cassé la nature, il n'y a plus de haies... En été, il n'y a plus d'eau dans la plaine de la Limagne, dans l'Allier, car l'eau est pompée par les maissiculteurs. J'ai ensuite vécu en Lorraine, vers Nancy, où il y a beaucoup de maïs... Il n'y a aucun respect. Je mange beaucoup de miel, mais il y a de moins en moins d'abeilles... »

A cet instant, Mathieu Grosset s'empare du micro : « on est nombreux, on pèse lourd ! On n'a pas peur de politiques qui permettraient à tous de vivre, de préserver les animaux, l'avenir de nos enfants... » Et de proposer un slogan : « des petits pas, des petits pas, ça ne suffit pas ! » Bien d'autres seront scandés dans le défilé qui passera devant la préfecture, l'hôtel de département et le bâtiment que la communauté d'agglo (ELCA) partage avec la mairie.

« Je n'ai pas pris pour char d'assaut, je le réserve pour entrer dans l'Elysée... »

Les calicots sont nombreux, inventifs, artistiques pour certains. Membre du collectif local organisateur de la marche pour le climat, Maryline, distribue des centaines de rubans verts qu'elle a confectionnés. « On est dans l'urgence, on n'a plus droit à l'erreur », argumente-t-elle.

Dans le cortège, quelques Gilets jaunes ravis d'être là. Les plaisanteries vont bon train. Une habitante du pays des Lacs l'avoue : elle a pollué pour venir manifester. Son voisin renchérit : « je n'ai pas pris pour char d'assaut, je le réserve pour entrer dans l'Elysée... » La dame relie les deux mouvements : « j'en ai marre, je veux des référendums sur toutes les questions importantes. Par exemple, je ne veux pas d'éolien industriel, mais du nucléaire... »

La phrase tombe dans l'oreille d'un écolo plus ancien : « je ne peux pas entendre ça ! » Elle tente d'argumenter sur « un prix Nobel français » qui aurait trouvé de quoi régler la question de la radioactivité. On en reste perplexe. Une fake new aurait-elle encore frappé ? Son voisin, venu de Crançot, lui sauve la mise en orientant la conversation : « on est surtout contre la privatisation des barrages payés avec nos impôts... » Il est également de tous les rassemblements qui dénonce cette perspective aux alentours du lac de Vouglans. Quand il ajoute « Il faut surtout changer de mode de production », on lui demande s'il est  Gilet jaune insoumis, il ne dément pas et sourit...

On voit des syndicalistes et quelques représentants de partis de gauche (PCF, EELV, LFI, PS...). Brigitte Monnet, ancienne conseillère régionale écolo, est contente du succès des rassemblements lycéens de la veille : « ça me redonne de l'espoir de voir la jeunesse... »

Après le « grand tour » de la ville, les manifestants reviennent à leur point de départ et poursuivent les échanges durant de longues minutes...

 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !