Pierre Chupin, nouveau président du Groupement régional des agriculteurs bio

Producteur de fruits à Devecey, il alimente une AMAP, des magasins locaux, fait de la vente directe et... des confitures. Le GRAB a alerté dès 2013 de l'insuffisance des moyens pour aider les conversions en agriculture bio : « il faut aller au contact des conventionnels pour convaincre et rassurer ».

Pierre Chupin

Le Groupement régional des agriculteurs biologiques a désigné jeudi 26 mars son nouveau président : Pierre Chupin remplace Nathanael Bordier. Constitué des groupements d'agrobio départementaux, le GRAB a notamment pour mission de les représenter au sein d'Interbio, la filière qui réunit aussi les distributeurs (Bioccop, Paniers bio...) et les transformateurs (Interval, Dornier, fruitières...).

Que fait le président du GRAB ?

Il anime, met les GAB en relation, fait le lien avec la fédération nationale des agrobio, organise des actions, lance des réflexions en lien avec les chambres d'agriculture ou la DRAAF, par exemple sur le plan bio ambition 2017 du ministre : comment faire pour doubler les surfaces...

Comment faire ?

On est d'accord, c'est nécessaire pour l'environnement et la santé des paysans, la demande existe, augmente de 10% par an, mais le problème, c'est qu'il n'y a pas 10% par an de conversions à l'agriculture bio...

C'est quel niveau ? 

Plutôt autour de 5%. On prévoit un pic de conversions en 2015-2016 car on  a stagné deux ou trois ans. Depuis 15 ans, il y a une croissance par paliers, sans chute. On avait dit en 2013 qu'il fallait augmenter le budget du plan ambition bio. Il ne s'agit pas que les techniciens des chambres d'agriculture attendent dans leurs bureaux, mais aillent au contact des agriculteurs conventionnels pour convaincre, rassurer...

Tous les techniciens ne vont pas le faire !

Ils ne veulent pas ! Alors on a dit qu'on allait le faire, mais qu'il fallait nous donner des crédits d'animation. En Franche-Comté, ils sont dix fois plus faibles qu'en Picardie qui a 1% de SAUsurface agricole utile en bio alors qu'on en a 5% !

Ça permet quoi les crédits d'animation ?

D'embaucher à Interbio ! Un spécialiste céréales, un spécialiste élevage... Ils vont au contact des conventionnels, mettent en relation les agriculteurs et les transformateurs. Dornier fait par exemple 50% de ses achats de céréales en Italie car c'est moins cher. Les prix de marché n'incitent pas à la conversion, mais les cours sont en train de baisser, donc il y aura des conversions. On n'a pas de baisse des cours de céréales bio car ce marché est européen. Les céréales bio de Franche-Comté restent sur le territoire car on est obligé d'en importer... Mais on a un problème : il suffirait que trois céréaliers de 1000 hectares de Bourgogne passent en bio, à 300 €/ha d'aide à la conversion, ils pourraient siphonner l'ensemble des aides à la conversion. C'est un sacré risque ! On a demandé au ministre de plafonner les aides.

Vous faites quoi ?

Des fruits sur 4,5 hectares à Devecey : fraises, cassis, groseilles, mûres. J'ai planté 3700 pommiers en 2012 et 2013, ils produiront en 2015-2016... J'ai commencé en 2009 sur un hectare à Montfaucon.

Quels sont les débouchés ?

Énormes ! Il faudrait être dix ! Pour les fraises, je fais de la vente directe avec un panneau sur la route : les gens vont cueillir et je pèse. Je fournis aussi une AMAP de plusieurs producteurs pour 40 familles sur Pontarlier. L'intérêt de l'AMAP, c'est aussi pour la trésorerie, soit ça fait une avance, soit c'est régulier. Je fournis aussi des fraises et bientôt des pommes à Biocoop. Je fais quelques marchés, des confitures avec les invendus que je vends à Biocoop, Doubs-Direct, Doubs-Pâturages.

Vous avez été candidat aux départementales pour EELV. Ça ne pose pas un problème d'être président du GRAB ?

Je ne mélange pas, je ne parle jamais de politique au GRAB. Le problème que j'ai eu avec les élections, c'est qu'elles sont arrivées pendant le beau temps ! J'ai dû tout faire en urgence alors qu'en plein hiver, je n'aurais pas eu de souci. Je ne pourrais pas faire campagne en mai ! Je ne pourrais pas être candidat à la présidence de la République, car c'est le début des fraises !

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