Philippe Martinez à Dole : « toutes les luttes d’aujourd’hui sont unitaires »

Le secrétaire général de la CGT a participé à la conférence régionale qui a vu la fusion des deux comités régionaux de Bourgogne et de Franche-Comté. Il estime qu'on « commence à voir l'effet des ordonnances : l'IUMM veut faire travailler onze heures de plus par semaine les métallos. Soit 590 heures supplémentaires par an dont 285 obligatoires, soit un samedi sur deux... »

Michel Faivre-Picon (secrétaire de l'ex comité régional de Franche-Comté), Richard Dhivers (secrétaire de l'UD du Jura), Philippe Martinez, Philippe Texier (secrétaire du comité régional Bourgogne-Franche-Comté). (Photo DB)

Les deux comités régionaux CGT Bourgogne et Franche-Comté ont fusionné à l'occasion d'une conférence régionale qui s'est tenue les 23 et 24 avril à Dole en présence du secrétaire général de la confédération, Philippe Martinez. Il s'était rendu auparavant au dépôt de la gare de la ville pour rencontrer 400 cheminots en grève. « Il y a le même taux de grévistes qu'au premier jour », avait-il indiqué lors d'une conférence de presse lors de laquelle il a critiqué les estimations de la direction : « elle compte les cars rajoutés comme des trains qui roulent. Et quand elle met deux rames à un TGV, elle compte deux train ! »

Ayant trouvé les cheminots « en forme » il y a une semaine, il les considère comme « au service de la population : ils expliquent que des lignes sont à reconquérir, des bassins d'emploi n'étant plus desservis par le fer ». Invité à comparer les mouvements sociaux sous Macron et Hollande, Philippe Martinez les trouve « différents » car aujourd'hui les salariés sont « plus impliqués : les mobilisations partent davantage de problèmes concrets et peuvent s'élargir » même s'il considère que l'expression « convergence des luttes est une tarte à la crème ».

« La CFDT et l'UNSA nous ont rejoints pour le 22 mai »

Il fait remarquer que « toutes les luttes d'aujourd'hui sont unitaires » et cite exemple la journée d'action fonction publique du 22 mai : « nous sommes passés de sept à neuf organisations syndicales car la CFDT et l'UNSA nous ont rejoints ». Quant aux cheminots, « tant qu'ils n'auront pas de réponses concrètes, ils continueront. Plus le gouvernement parle de concertation, moins il en fait. Les quatre organisations syndicales le disent... » La filialisation du fret est un exemple malvenu « quand la COP 21 recommande le transport des marchandise par fer ».

Il positive sur la solidarité qui s'est non seulement manifesté par la réception par la seule CGT de 300.000 euros en deux semaines, mais aussi parce que « tous les chèques sont accompagnés d'un petit mot... » Il salue aussi « les 800.000 euros récupérés par les artistes en un mois ».

Un journaliste demande s'il n'est pas « déstabilisant pour des organisations syndicales d'être devant un gouvernement qui fonce ». Il prend du champ pour répondre : « l'an dernier, certains nous ont reproché d'aborder ces questions lors du débat sur les ordonnances. Mais on a vu que c'était la même chose au début et à la fin des discussions. C'est la même chose en entreprise où ce sont les directions qui choisissent de quoi on discute... Pour le président de la République, les organisations syndicales sont inutiles. Il part du principe qu'il est seul à avoir raison. Quand il parle avec une infirmière qui évoque ses conditions de travail, il répond critères économiques. Cela montre qu'il est en décalage... »

« Quand on voit que c'est une DRH qui est ministre du travail ! »

Comment voit-il les mouvements politiques tenter de s'insérer dans le mouvement social ? « Plutôt bien... A la CGT, on a un beau projet pour la SNCF. La question, c'est comment les partis peuvent travailler sur une alternative. On a besoin que ces luttes aient des suites politiques. Il faut que derrière les projets syndicaux, sur Aéroport de Paris ou les Cristallerie de Baccarat, il y ait des projets politiques, avec une vision plus large de la société... Mais il faut qu'on nous respecte en qualité d'organisation syndicale, on n'est les porteurs de bidon de qui que ce soit. Quand on veut nous imposer des choses dont on n'a pas discuté, on n'est pas d'accord. Si vous faites référence au 5 mai, pour moi, il y a d'abord le 1er mai... »

La stratégie réformiste est-elle efficace quand le gouvernement fonce ? « Dur et mou, je ne sais pas ce que ça veut dire... Nous, on a une ambition sociale pour le pays. Certains ont surestimé la qualité d'écoute et de dialogue du président de la République. Il est dans une stratégie d'entreprise quand on voit que c'est une DRH qui est ministre du travail ! Soit on est d'accord avec eux, soit tant pis ! Il n'y a plus de dialogue social dans ce pays. D'ailleurs, on commence à voir l'effet des ordonnances : l'IUMM veut faire travailler onze heures de plus par semaine les métallos ! C'est 590 heures supplémentaires par an dont 285 obligatoires, soit un samedi sur deux... »

L'inversion de la hiérarchie des normes, inscrite dans les ordonnances, venant de loin, n'a-t-elle pas été insuffisamment combattue par le syndicalisme ? « Avant, il y avait une plus grande écoute. On nous dit souvent ''vous exagérez'', ''il faut laisser la liberté aux entreprises'', mais quand on voit qu'il y a 67% d'intérimaires sur les chaines chez Renault, il vaut mieux leur parler CDI plutôt que hiérarchie des normes... »

 

 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !