« On le boit, on le mange, on le respire… »

1,73 nanogrammes de glyphosate par millilitre de sang ! C'est la moyenne des analyses effectuées sur les urines de 110 pisseurs volontaires francs-comtois, tous testés positifs. Campagne glyphosate 25 a dévoilé les résultats qui vont de 0,41 à 3,86 ng/ml lors d'une conférence de presse précédant un rassemblement public à Besançon. 

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« Il y a la santé humaine, mais pour moi la santé de la nature est plus importante. Le glyphosate impacte très fortement le monde animal », explique le naturaliste Philippe Racamier. Une analyse de ses urines révèle qu'il avait le jour du prélèvement 2,40 nanogrammes de glyphosate par millilitre de sang. Ce vendredi 7 juin à l'Arsenal (ancienne faculté de médecine de Besançon), les « pisseurs volontaires » rendaient publics les résultats des analyses réalisées sur 110 d'entre eux en Franche-Comté. Ils vont de 0,41 ng/ml à 3,86 ng/ml, pour une moyenne de 1,73 ng/ml.

En France 100% des 2600 testés sont positifs : « Nous avons tous du glyphosate dans le corps... On le boit, on le mange, on le respire », affirme Hélène Malgouyres, présidente de campagne glyphosate 25. L'absorption du glyphosate se fait par l'alimentation à 20% selon un rapport de l'Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) cité par le dossier de presseNous avons sollicité l'EFSA pour obtenir cette étude, par la peau à 3%, et cinq fois plus pour une peau abîmée (ces données proviennent du dossier de presse de Campagne glyphosate 25), mais l'on pourrait le retrouver dans l'air, dans l'eau… Le glyphosate est présent partout et impacte de manière forte l'homme et la nature : «  c'est vrai que la biodiversité s'épuise, on le sait à l’échelle locale, régionale, nationale, mondiale … », explique Gille Benest, de France Nature Environnement.

« Le glyphosate a décollé dans les analyses entre 2010 et 2012… »

Quant à l'écologue Gille Sené, il souligne que « le glyphosate a décollé dans les analyses entre 2010 et 2012, moments où il est utilisé comme désherbant… Tout le monde pisse du glyphosate ». A cela Jean-Marie Pertusier, du collectif Franche-Comté sans OGM, ajoute : « en 50 ans on a empoisonné l'air, l'eau, la nature et l'homme ».

« Les politiques publiques ne luttent pas contre les pesticides... produire sans pesticide c'est possible », affirme Nicolas Girod, porte parole de la Confédération paysanne, « seul syndicat agricole luttant contre le glyphosate ». Il s'attaque à Bayer et Monsanto : «  Nous paysans et paysannes sommes soumis à cette multinationale qui nous a pris notre autonomie et nous a encouragés à détruire nos sols, notre environnement et, en premier lieu, notre santé, ainsi que celle des citoyens et citoyennes... Il faut accompagner les paysans et agriculteurs pour quitter les pesticides. »

Viennent ensuite des interventions dans la salle. « L'Europe interdit les pesticides, mais continue d'en produire pour les vendre à l'étranger », dit quelqu'un. Un autre rappelle que la France a refusé d'inscrire le terme d'écocide dans sa constitution. Quelques pays l'ont fait, l'Uruguay le premier.

« Porter plainte est la seule manière pour que ça bouge au niveau politique… »

Nelly, étudiante de 19 ans, est venue avec son frère : « ma mère nous a entrainés… Mais je suis intéressée, car j'habite à la campagne, les produits déversés dans les champs, je me les prends dans la gueule ». Pour le naturaliste Philippe Racamier, « il faut médiatiser cette affaire, que tout le monde connaisse les dangers du glyphosate, il faut dénoncer la dangerosité des pesticides... Porter plainte est la seule manière pour que ça bouge, notamment au niveau politique. »

La plupart des « pisseurs » présents à la conférence de presse se sont rendus ensuite place Saint-Pierre pour participer au 9eme rassemblement de Nous voulons des coquelicots. « Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant », scandent au micro trois jeunes filles présentes à chaque manifestation. « Ils sont dans l'eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et l'estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises. Les pesticides sont une tragédie pour la santé. »

Frédéric Delanoë, gérant d'un magasin Biocoop et « pisseur » analysé à 2,89 ng/ml de glyphosate, confie : « C'est un acte militant, même si on n'en veut pas, on en a quand même... Il faut arrêter d'attendre, agir maintenant... L'objectif principal, c'est l'arrêt des pesticides. Heureusement, aujourd'hui il y a une dynamique  ». Son ami Clément Gernot, 0,99 ng/ml, ajoute : « pour moi aussi c'est un acte militant, mais surtout je suis fils de paysan bio, ça fait 28 ans que je ne mange que du bio et pourtant j'ai du glyphosate dans le corps… »

 

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