Nouveau blocage des Gilets jaunes à Besançon : « peser sur les flux commerciaux »

Après la plateforme Easydis vendredi dernier, les Gilets jaunes se sont attaqués mardi 10 décembre à Trans Proxim Froid qui livre de petites et moyennes enseignes en Franche-Comté. Pour les participants, l’opération avait d’abord pour objectif de persister dans la logique de « blocage économique » accrue avec le contexte de protestation lié au projet de réforme du système de retraite. C’était également une réponse assumée, en l’occurrence à l’arrêté préfectoral interdisant les manifestations sur la zone initialement choisie.

transproxim

Dés 3h30 ce matin, une cinquantaine de téméraire s’est retrouvée rue Berthelod à la ZI des Trépillots, malgré une nuit courte pour beaucoup glaçante pour tous. La sélection de cette nouvelle cible n’est pas due au hasard, puisqu’il s’agit essentiellement de fourniture alimentaire périssable et sensible. À destination d’indépendants et de petits artisans parfois, mais aussi de certaines grandes chaînes bien connues de la restauration rapide. Après l’interdiction de manifestation aux abords d’Easydis, il s’agit donc pour ceux interrogés de « continuer de peser sur les flux commerciaux. »

Rapidement, un amoncellement de palettes, pneus, et barrières, glanés ici et là dans la zone, empêche toute possibilité de rejoindre ou quitter la boîte. Il n’y a pas encore grand monde il est vrai, mais avant 04h00 le premier camion est déjà bloqué à l’intérieur. C’est au même moment que les forces de l’ordre finissent par débarquer, ils sont une poignée sur la fin de service de nuit… un des gradés se mêle à la foule, ou des débats apaisés se succèdent à des hausses de ton notamment lorsque celui-ci dégaine son téléphone pour filmer longuement chaque visage rencontré.

« Il vaudrait mieux s’en prendre au Gouvernement »

À 5h30, les policiers aidés des quelques salariés sur place dégagent les obstacles. Si aucune opposition à ce démantèlement n’est à noter, la satisfaction des livreurs est de courte durée face au barrage humain qui se dresse à la première tentative de départ. Alors que leur nombre augmente, les discussions n’en sont que plus vives entre les protagonistes. Certains ont fait toute leur carrière ou presque dans cette branche, un autre à enchaîné pas mal de boulots « difficiles » avant d’arriver là, un dernier est un ancien militaire présent afin de « mettre du beurre dans les épinards. »

La majorité désapprouve le mode d’action, mais comprend le fond. Un des interlocuteurs trouve ainsi « dommage que ce soit une PME qui trinque, alors qu’il vaudrait mieux s’en prendre aux responsables, les grandes surfaces, les millionnaires, et le gouvernement. » « On est là pour l’avenir de tes gosses », rétorque un manifestant ; qui se voit offusqué « la perte d’une journée de salaire ou une double tournée à rattraper la nuit prochaine, qui bousille la sécurité et la vie de famille. » Un dernier chauffeur dénonce « les privilèges de certains, en particulier des cheminots. »

« La pagaille est énorme » admet un responsable, inquiet de la poursuite de ce « piquet » alors que les uniformes quittent les lieux. Persistent dialogues de sourds et échanges constructifs, mais si la mésentente est consommée le climat reste serein. Vers 7h00 une palette est sommairement incendiée pour apporter une source de chaleur, mobilisant inutilement une équipe de pompiers appelés à gérer ce « sinistre. » 08h00 le jour se lève, une fourgonnette de police revient. « Cette aprem’ c’est manif’ » rappellent certains, la mobilisation est levée sous les applaudissements.

 

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