L’ouverture selon Fabrice Frérot

Il voulait créer des jouets, il invente des solutions de verrouillage pour l'industrie du luxe ou les articles de sport. Le bisontin Fabrice Frérot a créé sa petite entreprise après avoir vendu un brevet.

Fabrice Frérot

L'oeil pétillant et le sourire aux lèvres, Fabrice Frérot vous salue joyeusement. Il a souvent l'air de bonne humeur. Ou d'humeur légère, mais on sent bien que ça carbure sous son crâne. Il arrive rarement à la même heure au bureau, apparaît soudain. On croit qu'il est encore là, il est déjà parti. Il a du Géo Trouvetou et du professeur Tournesol. Fabrice Frérot est un inventeur. Il s'endort tard dans la nuit avec un dictaphone pour noter aussitôt les solutions qui lui apparaissent en rêve et le réveillent. « Avant, je me relevais et écrivais mes idées... » C'est le matin tôt qu'il est « le plus productif », travaille dans on lit avec son blackberry. Parfois, il va au bureau, à la pépinière d'entreprises de Palente : « c'est pour le confort, pour ne pas travailler chez moi, ne pas mélanger vie professionnelle et familiale... » On le reconnaît de loin à ses belles chemises colorées.
Sa première invention, il y a quelques années, portait déjà sur un lit : « ça ne m'a pas plu de voir mon fils bébé dans un lit à barreaux, j'en ai conçu un autre. C'est un lit bas avec un cadre assez haut et une ouverture, mais il faut laisser les quatre coins, les enfants les recherchent pour dormir... Dès qu'il a su marcher, mon fils allait se coucher tout seul. Je ne l'ai pas commercialisé. J'ai contacté un fabricant, il n'a pas compris, a mis six mois à me répondre... Beaucoup ne veulent pas qu'il soit dit que ce ne sont pas eux qui ont inventé le truc... »
Né à Besançon il y a 43 ans dans une famille doloise aux nombreux entrepreneurs, il a connu 35 déménagements, vécu aux quatre coins de l'Hexagone et, enfant, en Afrique de l'ouest. On le croit ingénieur, il est surtout ingénieux. Après une formation de géomètre-topographe, il retourne à ses premières amours, la mécanique ! Auparavant, un BTS de conception des produits industriels l'avait conduit chez un sous-traitant de Renault, dans un bureau d'études, mais ça ne gazait pas : « j'avais des tas d'idées à apporter, je me heurtais sans cesse à la direction. Je me suis alors dit que j'allais inventer des jouets. J'ai essayé de vendre une boîte à souffle aux industriels du jouet... » Une boîte qui s'ouvre quand on souffle dans un petit trou, dans une certaine position... Génial, non ? Magique ! Les enfants vont adorer... Eh bien non. Là aussi, on aime bien que les idées soient maison. Une autre boîte se déverrouille quand on en soulève un côté : une bille sort d'un mécanisme et permet le déblocage de la serrure... « Un jour, quelqu'un m'a dit : allez dans le luxe, il y a de l'argent ! »
C'est comme ça qu'il s'est mis à faire des cadenas à ouverture magnétique : « c'est ludique, ça marche avec un aimant caché dans un sac à main... » Il a imaginé une boucle à ardillon verrouillable : « c'est original, personne n'avait pensé à verrouiller ça, ça a peu d'intérêt. Mais quand on pose le sac à main, l'ardillon peut se soulever tout seul... L'ardillon d'un bracelet de montre peut sortir et s'accrocher aux fringues... Quand on sangle un cheval et qu'il se gonfle, on entend après pendant la course le cliquetis de l'ardillon ! » Il a fait un cadenas sphérique sans clé, un coffret avec une ouverture secrète qui n'a « pas encore abouti », une boîte qui s'ouvre dans l'eau « sous la poussée d'Archimède »... On croirait écouter un conteur. On entend un créateur inspiré, sans cesse en éveil : « j'ai une vision des choses quand je travaille à un prototype. Dans ma tête, je zoome. Je suis tout petit dans le mécanisme, je vois les frottements, le service après vente, le recyclage... Tous mes prototypes ont marché du premier coup. J'ai la démarche inverse à celle de beaucoup de sous-traitants du luxe : ils conçoivent d'abord et regardent comment ça marche... »
Un brevet de charnière automatique pour une boîte à ouverture lente lui permet de créer sa petite entreprise à l'été 2010. L'année suivante marche bien, mais 2012 est « catastrophique », 2013 est « bien parti ». Il anticipe ses contrats : « quand je signe, j'ai au moins une piste de réflexion. J'ai une clause de moyens, mais aussi de résultat qui m'oblige à vendre une solution : je fais ma proposition quand je sens qu'il y en a une ! Et j'accepte d'être sollicité pour un problème différent : si j'ai la solution, je la donne ».
Il lit la revue Sciences et Avenir et des romans de Barjavel, s'est « plongé deux ans dans la théorie quantique et la relativité, le chaos et le big-bang ». Il assure : « aucun matériau ne m'arrête dès lors que j'en connais les caractéristiques mécaniques ».
   

 

 

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