Où en êtes-vous à MBF ?
L'entreprise est liquidée... Il y a un projet de reprise par les salariés en SCOP. Une centaine sont intéressés par le projet, mais pour qu'il soit viable, il faut des volumes. On avait en juin un accord de principe avec PSA et Renault pour nous accompagner. Nous avons besoin d'être dans le secteur automobile et leur avons demandé de maintenir des volumes de commandes afin de maintenir 130 emplois. Mais la crise des semi-conducteurs, les projets de mobilité électrique, la baisse des ventes ont pesé... PSA propose 30% des volumes et Renault ne veut pas travailler en direct avec MBF, propose de nous mettre en sous-traitant de rand 2.
Pour quel intérêt ?
Ne pas avoir de responsabilité sociale en cas de difficulté... On n'est pas de cet avis. On a dit à Renault : on a les moules, on a les machines, on peut produire pour Pierre, Paul ou Jacques... Pour l'instant, les échanges ne débouchent pas. Avec les 30% de volumes de PSA, on fait redémarrer le projet. Mais Renault semble jouer la stratégie du pourrissement. Il y a un danger à laisser trainer les choses, celui de perdre des savoir-faire et des compétences. C'est compliqué de retrouver du travail sur un bassin de Saint-Claude sinistré. Lors du dernier comité de pilotage du PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) de MBF, le 20 octobre, seulement 14 anciens salariés ont retrouvé du travail ! Quatre mois après la liquidation... Et cela, malgré le dumping du plan gouvernemental de 50 millions d'euros pour la fonderie mis en place fin avril...
Est-ce possible de chercher d'autres volumes, d'autres clients ?
C'est compliqué d'aller en chercher tant que l'activité n'a pas repris... Mais il y aura nécessité d'en retrouver dès qu'on sera reparti. Il faut 18 à 24 mois pour créer des nouvelles pièces... Dans notre business plan (plan d'affaires), on commence à développer de nouveaux marchés à l'horizon 2024-2025 car PSA et Renault ont prévu des baisses de production. On travaille sur les moteurs thermiques, mais il y en aurait moins... et en même temps on parle des nouvelles normes thermiques anti pollution EURO7...
Les salariés ont-ils le moral ?
Ils commencent à être impatients. On tient une assemblée générale chaque semaine pour faire le point, décider. Nous sommes 30 à 40 à chaque fois, avec du roulement. C'est pas mal, il y a toujours un noyau de 80 personnes volontaires...