Loi travail : plusieurs centaines de manifestants à Besançon

Il n'y a pas eu qu'un défilé : une votation citoyenne contre le texte a recueilli environ 2000 signatures de plus... Une nouvelle journée de mobilisation est annoncée pour mardi 28 juin avec remise en préfecture des pétitions.

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Une mobilisation ne se mesure pas seulement au nombre des manifestants, ce caniculaire jeudi 23 en aura apporté une petite démonstration à Besançon. Ils étaient sans doute 400 à 500 à défiler en fin de matinée dans la Boucle contre la loi travail, il y a eu autour de 2000 participants à la votation organisée par l'intersyndicale place Pasteur entre 9 heures et 15 heures. On a même vu le maire d'Ornans, Sylvain Ducret (LR), membre du cabinet de la présidente du Conseil départemental  Christine Bouquin, venir vers 14 heures se faire expliquer l'article 2 de la loi, celui qui chamboule la hiérarchie des normes juridiques, ainsi que la position de la CGT par Jacques Bauquier, animateur régional des syndicats de la métallurgie. M Ducret a tenu d'emblée à indiquer qu'il refusait « l'amalgame entre casseurs et syndicalistes »...

« Il y a toujours un noyau dur d'un millier de personnes, c'est intéressant pour la durée », se réjouissait auparavant Jacques Bauquier. D'autant que « l'opinion publique ne se retourne pas, malgré des attaques comme les tentatives d'interdire la manifestation parisienne. Au bout de quatre mois, elle aurait pu se retourner ». En avait-il peut ? « On n'a jamais peur quand on se bat, on ne perd jamais rien quand on se bat. Il y a quatre mois, on n'aurait pas imaginé mener un tel combat ».

« On peut se battre
contre une loi votée »

Craignant une nouvelle utilisation du 49-3 par le gouvernement en juillet, il anticipe le retour des vacances : « des questions se poseront à nouveau à la rentrée. Le CPE montre qu'on qu'on peut se battre contre une loi votée ». Un instant plus tôt, la question estivale était évoquée un peu différemment par la sono de Solidaires où Fabrice Riceputi scandait : « pas de vacances pour les militants ! pas de repos pour le gouvernement ! »

Charles Piaget est toujours là et ne cache pas une colère intacte : « C'est une loi qui favorise considérablement le fait de revenir sur les protections sociales. Au lendemain de la guerre, chez Lip, on nous proposait déjà des heures supplémentaires non majorées, les patrons disaient "on traverse une période difficile"... Ils ont choisi le lieu où ils pourront réduire ces protections, l'entreprise, là où les travailleurs sont le plus sensible aux pressions. L'entreprise deviendra le lieu de l'injustice augmentée. C'est un recul terrible. Ce n'était guère imaginable avec la gauche, comme quoi le libéralisme a convaincu beaucoup de gens de ce parti, au sommet, pas à la base... »

Autour de 2000 participants à la votation... Le décompte exact sera connu le 28 pour la remise des signatures en préfecture.

La jeune base est d'ailleurs là. Représentant des Jeunes socialistes, Benjamin Couble défile avec quelques camarades dont la benjamine du Conseil régional, Elise Aebischer qui n'a pas raté beaucoup de rassemblements. « On est là contre la loi travail et pour la liberté de manifester », dit le jeune homme. Est-il toujours socialiste quand il constate ce que fait le pouvoir ? « Quand une loi est différente des engagements de 2012 et des valeurs, c'est normal d'être là. C'est pourtant difficile avec les partiels ou le bac... »

« Dans un an, on verra ce que c'est que le libéralisme pas social »

Ancien socialiste, Jean assiste au défilé un peu à l'écart : « je ne manifeste pas, je pense que la loi va dans le bon sens. Dans un an, on verra ce que c'est que le libéralisme pas social. Ce sont les patrons qui embauchent, il faut leur en donner l'envie... Les gens qui défilent ne sont pas les plus concernés, il y a beaucoup de gens du secteur public... »

Maire d'un petit village de la vallée de l'Ognon et salarié d'ERDF syndiqué à la CGT, Emmanuel répond à l'argument : « ça s'est toujours passé comme ça : les salariés du privé sont les premiers attaqués, puis on en remet une couche... Je suis aussi là pour les gamins. Je suis d'accord pour remettre du dialogue social dans l'entreprise, mais quand on voit comment les syndicats sont traités, je ne vois pas comment le dialogue est possible ».

La caricature, arme des gouvernés...

Sociologue en recherche d'emploi, Guillaume défile « pour le retrait » : « j'étais à Paris... La loi a été annoncée comme une opportunité pour créer de l'emploi, mais je pense que c'est inverse ». Roman, employé administratif à l'université, sait bien qu'il pas directement concerné. Quoique : « la fonction publique embauche de plus en plus de contractuels, et un peu de solidarité ne fait pas de mal ». Il est là pour participer à un mouvement « contre le modèle de société qu'on met en place depuis quelques années, ce modèle néolibéral qui ne prend pas en compte l'humain, où seul le profit compte »

Solidarité immédiate pour un malaise

Au niveau du 22, rue de la Préfecture, de l'eau tombe d'une fenêtre ouverte sur quelques manifestants. Les têtes se lèvent, personne. On ironise : « il se cache, on ne peut pas dire merci... » Un policier évoque la tension qui monte dans le pays : « personne n'écoute plus personne ».

A Besançon, ce jeudi, la journée d'action s'est déroulée sans incident. Et quand un jeune manifestant a fait un malaise en raison d'une insolation, une chaine de solidarité immédiate s'est vite constituée en attendant les pompiers, composée d'une journaliste, de manifestants dont un infirmier, de policiers, d'une femme médecin qui déjeunait sur terrasse voisine...

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