Près de 1500 manifestants vendredi 27 novembre en soirée à Besançon, plus de 500 le lendemain à Lons-le-Saunier, 400 à Montbéliard, 350 à Dole… Si l'on ajoute les 200 personnes qui avaient défilé à Saint-Claude une semaine plus tôt, vendredi 20, c'est près de 3000 citoyennes et citoyens franc-comtois qui ont dit publiquement non à la proposition de loi « Pour la Sécurité globale ». C'est à la fois peu et beaucoup. Peu au regard des enjeux, beaucoup si l'on considère que ces mobilisations étaient quasiment spontanée, organisées à la va-vite en quelques jours à peine après le vote, mardi 24, en première lecture du texte par les députés, boostées par la publication de la vidéo du passage à tabac de Michel Zecler.
« Filmer la police, c'est vital », soulignait une banderole dans le cortège bisontin qui est notamment passé devant la préfecture et le commissariat de police. Plusieurs prises de parole ont eu lieu place Pasteur, Séverine Veziès (LFI) et Barbara Romagnan (LDH) ont dénoncé la « dérive autoritaire » du régime. Une gilet jaune a souligné que les attitudes violentes de la police cela avaient « commencé en 2005 dans les banlieues », et ironisé sur le récent « emballement médiatique » provoqué par l'affaire Zecler.
Eric Barbier, membre du bureau national du SNJ et journaliste à L'Est républicain, a rappelé que le Schéma national de maintien de l'ordre, « document unilatéral » qui entend que les journaliste s'accréditent préalablement en préfecture pour couvrir une manifestation, « rend plus difficile le métier » et « relève de la même logique » que la proposition de loi Sécurité globale. Lui succédant au micro, Emma Audrey, journaliste à Radio BIP, ne cache pas sa colère : « depuis 2016, les journalistes indépendants sont harcelés, placés en garde à vue et les grandes rédactions se demandent si elles traitent le sujet ! Mais nous ne sommes pas des militants, nous sommes des journalistes ! »
A Montbéliard, où se tenait l'unique rassemblement de l'Aire urbaine, 400 personnes ont défilé à l'appel d'une intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires. Ils ont rendu notamment visite à la permanence du député Denis Sommer (LREM) qui a voté la loi mais n'était pas là. Selon L'Est républicain, un policier a eu la main égratignée dans une bousculade au cours de laquelle un seau de colle à affiches s'est renversé. Les manifestants ont promis de revenir pour le débat de la seconde lecture…
Bien que non touché par les violences policières, le Jura a néanmoins connu quelques procédures jugées attentatoires à la liberté de manifester à l'encontre de gilets jaunes, deux passant 20 heures en garde à vue au printemps. C'est sans doute le département de la région le plus mobilisé contre la proposition de loi : dès vendredi 20 novembre, environ 200 personnes ont manifesté dans les rues de Saint-Claude. Et samedi 28, il y avait plus de 500 personnes dans les rues de Lons-le-Saunier, et 350 dans celles de Dole, à l'appel d'un collectif regroupant 18 organisations syndicales, associatives et politiques.
A Lons-le-Saunier, au milieu d'un cortège où de nombreux jeunes avaient pris part, on notait la présence de plusieurs élus locaux, dont le président de l'agglomération Claude Borcard (PS) et les adjoints Anne Perrin (EELV) ou Thierry Gaffiot (PCF). L'appel collectif a été lu par la déléguée de la FSU Malorie Cousson et le secrétaire de l'UD CGT Richard Dhivers, avant que Daniel Bordur, fondateur de Factuel.info et militant du SNJ, ne mette l'accent sur les risques du Schéma national de maintien de l'ordre. Le cortège a ensuite arpenté la ville, évitant la rue des arcades pour faciliter le travail des commerçants qui rouvraient. Il a fait une halte à un carrefour, le temps d'une lecture du poème de Paul Eluard Liberté. Un choix de circonstance vivement apprécié des manifestants.
A Dole, le maire Jean-Baptiste Gagnoux (LREM) a lancé une polémique sur Facebook en fustigeant un appel à manifester en pleine ville le jour de la réouverture des commerces. Il a reproché à la seule CGT de ne pas avoir voulu modifier le parcours du défilé, ce que le secrétaire de l'union locale, Antoine Cordier, a démenti, précisant même avoir accepté des modifications à la demande du maire.