« Au premier contact avec la barre, je n'en suis jamais redescendue. Cela a été une révélation. J'avais accompagné par hasard une copine à une séance et cela m'a plu directement ». Emmeline Scachetti a 36 ans, sa passion pour la danse, particulièrement pour la pole dance, a tout juste 5 ans. Mieux vaut tard que jamais...
Elle a décidé de tout faire pour en vivre alors qu'une voix naturelle d'enseignement et de recherche s'offrait à elle. Trois jours après l'obtention de sa thèse d'histoire en novembre 2013, elle donnait son premier cours de... pole dance. Aujourd'hui, elle s'apprête à ouvrir une école. Plus jeune, elle voulait être professeur d'histoire : « c'est la discipline qui me plaisait le plus au collège et au lycée. Connaître l'histoire, c'est tenter de compendre le monde actuel. C'est la mémoire et les faits, connaître le chemin parcouru pour mieux dessiner le chemin de demain ». Son sujet de thèse ? La saline royale de Ledoux. « C'était le plus adapté pour moi, le plus humain, j'ai étudié cela sous un angle industriel et économique. J'ai mis dix ans pour la faire ».
Allier boulot et passion
Mais elle voulait « allier boulot et passion : c'est plus facile d'y aller chaque matin et il souffle comme un léger vent de liberté ». Elle a donc choisi sa profession et non le contraire. Elle n'abandonne pas l'histoire, elle donnait encore il y a peu des cours d'histoire du XIXème siècle et de méthodologie en master à Besançon. « J'aime l'enseignement, transmettre, c'est un vrai plaisir de parler d'histoire avec les étudiants, mais je priorise la danse maintenant. C'est une passion alors que l'histoire n'est qu'un goût prononcé ».
Emmeline Scachetti aime aussi les danses plus classiques comme la salsa, le jazz ou la bachata, mais c'est la pole dance qu'elle veut enseigner. Elle vibre aussi pour la musique, prêtant d'ailleurs sa voix à quelques projets musicaux, elle officie entre autres dans un groupe qui rend hommage à la formation américaine Big Soul. Elle aime les grandes chanteuses de soul comme Nina Simone et Sarah Vaughan ou encore le metal furieux de The Dillinger Escape Plan. Femme versatile, c'est dit !
Un esprit sain dans un corps sain
« J'avais besoin de cultiver mon corps et d'avoir un esprit sain dans un corps sain. Je n'étais pas sportive au départ, je faisais un jogging de temps en temps mais rien de vraiment engageant ». La pole dance est un vrai sport. On officie sur une barre verticale et on travaille autour. La barre est l'outil. À considérer aussi comme un art du spectacle. Emmeline Scachetti monte dans les rouges quand on voit en la pole dance quelque chose d'érotique ou de sexuel. « Comme toute danse chorégraphiée ou comme la gymnastique, il n'y a rien de foncièrement sexy, l'image est erronée, la verticalité de la barre ne s'arrête qu'à l'effort de l'exercice et ne représente rien d'autre ! »
Quelques exercices préalables sont nécessaires avant d'embrasser la barre ou de voler autour ! Échauffements du corps et des articulations, yoga, assouplissements et écarts de jambes. Au début, quelques courbatures et quelques bleus, mais rien de grave. « La pole dance s'adresse aux personnes qui veulent faire du sport et qui sont capables de concrétiser une volonté en une action, aux personnes qui veulent s'accomplir. Quiconque veut travailler le gainage, la force et la souplesse, l'équilibre et la coordination peut faire de la pole dance. En dehors du pur argument physique, cet art apporte de la confiance en soi en dépassant ses propres limites et en se réappropriant son corps".
Les danseuses de pole dance les plus connues en France sont Marion Crampe et Marianna Baume. Des compétitions officielles ont lieu dans le monde entier, pas encore dans la région. En douvrant une école en Franche-Comté, Emmeline invite à imaginer que cela pourra être possible à l'avenir.
Une histoire de dragons
Contact : 06.83.16.53.99 emmelinescachetti@yahoo.fr
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Son école doit ouvrir en septembre 2015 à Audincourt, Belfort et Besançon. Elle s'appellera Dragon Pole Dance. En référence avec le manga Dragon Ball dont elle est fan, et plus globalement de la culture japonaise. Elle est d'ailleurs allée plusieurs fois au Japon. « Je voulais donner une couleur d'arts martiaux avec l'image du dragon. Il symbolise la discipline. J'ai aimé la cérémonie du thé quand j'y étais, tout est classieux et ritualisé là-bas... » Le dragon tail et le dragon fly sont des figures de pole dance... Le nom s'imposait donc facilement.
« Après un passage par l'auto-entreprise, j'ai décidé de me lancer plus sérieusement et de créer mon EURL », dit la jeune femme qui a surmonté les lenteurs administratives et les soucis pratiques. La discipline est mixte, même si plus de femmes se laissent tenter, et l'un de ses objectifs une mixité encore plus homogène. « J'adore enseigner. Je suis enseignante à la base, j'apporte en plus de tout cela un côté ludique... J'ai écrit une thèse d'histoire, aujourd'hui, c'est mon histoire que j'écris ».