Remportant le second tour des élections régionales de 2015 avec 34,7 % des voix, Marie-Guite Dufay a été intronisée présidente du conseil régional le lundi 4 janvier 2016 avec 51 suffrages des 100 conseillers régionaux. Elle garde encore aujourd’hui son étiquette « socialiste », tout en ayant soutenu le candidat Emmanuel Macron en avril 2017. Les contestataires souhaitaient donc à ce double titre l’interpeler, afin de « clarifier ses positions. » Dès 8 heures 30 les chasubles syndicales et jaunes se regroupaient ainsi devant le bâtiment, avant de s’y engouffrer peu après 9 heures. Rapidement, à l’intérieur, les négociations débutent.
Les agents de sécurité tentent de contenir la foule, avant que consigne ne soit donnée de laisser entrer tout le monde. Le refoulement des opposants se serait sans doute soldé en blocage de l’entrée principale ou en occupation des locaux, et donc en perturbations bien plus massives. Les chasubles et drapeaux sont prohibés au check-point, avant d’être là encore très vite tolérés. Alors que des slogans sont entonnés, entre le directeur de cabinet de la présidente et le front syndical CGT-FO-Solidaires-FSU, chacun tente propositions et concessions.
Un soutien à la réforme des retraites « sur la ligne de Laurent Berger »
Les seconds obtiennent quand même de pouvoir s’exprimer à la tribune durant environ dix minutes, à condition de ne pas « semer plus de troubles ». Entre-temps, Marie-Guite Dufay vient elle-même engager le débat avec ses contradicteurs et s’assurer de ce statu quo. Elle tranche de suite le déroulement, annonçant « être d’accord pour entendre les préoccupations, sans pouvoir y répondre puisque la journée n’est pas dédiée à cela ». Un interlocuteur insiste : « quelles sont vos positions sur la réforme en cours ? » Elle répond « la soutenir, mais en étant sur la ligne de Laurent Berger ».
La Présidente n’en dira pas davantage sur ses convictions. Les convives sont plusieurs centaines à se masser sous la charpente du palais des congrès, ni contrariés ni enthousiastes du brouhaha, mais plutôt dans une attente indifférente. À 10 heures, le quatuor de l’intersyndicale prend place sur l’estrade et se saisit du micro. Frédéric Vuillaume (FO) commence en évoquant la loi de transformation de la fonction publique ainsi que la question des grilles de dotation. Vient ensuite José Avillès de la CGT, qui enfonce le clou sur une réforme des retraites jugée « injuste et cynique. »
Nathalie Faivre du SNES-FSU précise « être là au nom des lycées » ; s’inquiétant des budgets alloués, elle cite le manque de manuels scolaires, l’absence de vision sur la formation professionnelle, et le licenciement d’une collègue à Montbéliard. Julien Juif de SUD-PTT (Solidaires) clôture en invitant à la mobilisation le lendemain 10 heures 30 gare-Viotte. Pendant le départ des troupes, une banderole est déployée : « quand le sage montre la fortune de Bernard Arnaud, l’idiot regarde le gréviste ».
À 10 heures 15, la réception reprend par un jeu interactif, presque comme si de rien n’était.