Les salariés de Nicollin ne veulent pas être « roulés dans la farine »

Des employés des centres de tri de déchets Nicollin à Pouilley-les-Vignes et à Corcelles-Ferrières ont installé ce matin des piquets de grève. Ils veulent améliorer les indemnités de licenciement prévues dans le plan social pour « quitter l'entreprise dignement ».

nicollin_grevistes

Un plan de 31 suppressions d'emplois sur 58 a été validé le 21 février 2013 par le comité d'entreprise de Nicollin à Corcelles-Ferrières, le marché public du traitement des ordures ménagères se terminant cette année. Le plan consiste en des départs volontaires moyennant une prime de 9000 euros. Il a eu un certain succès puisque à ce jour 33 salariés sont candidats au départ. D'autres peuvent encore se faire connaître jusqu'au jeudi 21 mars. Le choix définitif doit être validé par une commission paritaire prévue vendredi 22 mars en présence de l'Inspection du travail.
En déclenchant ce lundi matin une grève qui doit se poursuivre mardi, 34 salariés entendent obtenir davantage que ce que la négociation a validé. Ils revendiquent en outre 1000 euros supplémentaires par année d'ancienneté « de manière à partir dans des conditions correctes ».

L'entreprise compte 58 salariés dont 3 à Pouilley-les-Vignes et 4 à Pontarlier. Alain Chagué, représentant du syndicat Sud, est de ceux qui ont accepté de quitter l'entreprise : « pour la direction la prime « booster » de 9.000 euros que nous avons négociée est suffisante. Pour des salariés qui ont travaillé vingt ou vingt cinq ans ici et auront de la peine à retrouver du travail, ça ne va pas. »

Des promesses pour « doubler la motivation »

Pour la directrice du centre, Céline Louis, « tout s'est bien passé pendant les deux réunions du CE, tout était acté lors de la dernière réunion le 7 mars. Il y a 33 propositions de départ volontaire sur 31 requises, la priorité devrait aller aux plus anciens selon les catégories. La commission paritaire vendredi en présence de l'Inspection du travail décidera qui partira. »
La direction a fait constater par huissier le blocage du site de Corcelles Ferrières dans la matinée puis des camions sont sortis sans difficulté. Cependant le ramassage pour le Grand Besançon est bloqué. Céline Louis n'a encore eu aucun contact avec les grévistes. Alain Chagué a eu au téléphone la direction générale « qui n'a su que nous menacer de nous virer. Elle nous roule dans la farine depuis plusieurs années, c'est aussi ce qui explique que les salariés soient partants. Il y a déjà eu un mouvement social il y a deux ans quand 15 postes ont été supprimés. Les salariés ont entendu alors des promesses de maintien du site en échange d'une double motivation à travailler, puis ils ont vu depuis un an les clients privés s'en aller et en mai dernier du matériel être transféré sur d'autres sites à Nancy ou dans le sud. Les contrats, qui lient Nicollin aux collectivités du Grand Besançon via le Sybert et de la Communauté de communes du Val Saint-Vitois, ont cours jusqu'à la fin de l'année. Le site d'enfouissement est plein depuis un an et demi. Un projet de fusion avec le concurrent Vita a échoué, nous le personnel on ne les intéresse pas ! Il n'y a aucune perspective pour les trois sites. La stratégie de Nicollin est peut être ici de se faire oublier quelques années puis de redemander l'extension du site. »

Le troisième groupe en France et l'argent du foot-business

Ses collègues approuvent, à l'exception de huit ou dix non-grèvistes observant le brasero devant l'entrée depuis le local d'accueil. L'un d'eux quitte le site sans un regard, c'est un des adhérents de la section CFDT en phase avec la direction. Le groupe Nicollin, qui tenait à se maintenir dans l'est de la France, a réussi à s'implanter à Nancy. Il est le troisième en France derrière Sita (Suez) et Véolia. Louis Nicollin son fondateur, est classé parmi les 500 plus grosses fortunes de France. Il est aussi le président du club de foot de Montpellier. L'argent qui coule à flot dans le foot-business à Montpellier et ailleurs n'échappe pas à la perspicacité des grévistes. Nicollin vient d'échouer à recruter l'ancienne vedette Diego Maradona... Les salariés de Corcelles Ferrières ont d'autres préoccupations.

 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !