Environ cent cinquante personnes se sont rassemblées samedi 9 janvier à Lons-le-Saunier à l'appel du Collectif jurassien contre l'aéroport de Notre Dame des Landes porté notamment par la Confédération paysanne. Un cortège s'est ensuite formé place de la Liberté pour rallier le parvis de la préfecture où une délégation a été reçue. C'est la seule déclinaison franc-comtoise d'une journée nationale dont on peut voir un compte-rendu sur Reporterre, ici.
Outre des militants de la Conf', on voyait dans la manifestation des militants de divers partis de gauche (EELV, PCF, PG, NPA) et des opposants au Center parc de Poligny : le groupe Pierre et Vacances doit annoncer avant le 3 février s'il maintient ou non son projet. Car ce qui unit ces luttes est l'opposition à ce que les manifestants appellent les « grands projets inutiles imposés ». Parmi eux, André, représentant de la société de pêche de Sirod, explique la problématique liée à la ressource en eau du village de vacances en martelant sa détermination : « l'Ain a été coupé quatre fois cette année. Il y aurait aussi des rejets dans la Seille et l'Orain qui sont des rivières pauvres. Il y a 25 ans, on a dit non grand canal ! Protégeons nos zones humides, le Jura doit rester beau ! »
« Un gouvernement de gauche arrive au pouvoir et arrête un projet inutile »
Pour l'association le Pic noir, qui fédère les opposants au village de vacances de 400 cottages et à sa bulle à 29° permanents, Véronique Guislain dit ses inquiétudes : « après le débat qui a garanti la transparence sur le projet, ce sera plus difficile d'avoir des informations. Nous nous mobiliserons sur le site si nécessaire pour défendre l'intégrité de notre territoire ».
L'emblématique animateur du collectif Notre Dame des Landes, Claude Buchot, a ensuite présenté une analyse en termes très politiques, commençant ironiquement par un rappel : « Un gouvernement de gauche arrive au pouvoir et arrête un projet inutile, c'est impensable, mais il y a des exemples ! L'extension du camp militaire du Larzac a été stoppée après l'élection de Mitterrand en 1981. Et en 1997, Dominique Voynet a arrêté le Grand Canal. Il est révolu le temps où la gauche était porteuse de nos espérances, relayait les revendications populaires en début de mandat...
« Nous soutenons les paysans là-bas car ils ont un réel projet économique »
Le viticulteur bio de Maynal poursuit dans l'autopsie des utopies déçues : « Traditionnellement, la droite relaie les intérêts particuliers, mais aujourd'hui les deux grandes forces politiques obéissent aux diktats des financiers et nous n'avons plus qu'à résister. Le projet Notre Dame des Landes est plus grand que Genève-Cointrin. Il est inutile, n'apporte rien à l'économie du pays, c'est un concept périmé, toxique qui aggrave l'effet de serre, artificialise les sols. Sur le site, des paysans résistent, risquent l'expulsion par le tribunal où ils passent le 13 janvier... Alors que sur la ZAD, des paysans, des artisans construisent tout une économie, un système d'échanges ».
C'est ce que dira aussi Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne du Jura : « Nous soutenons les paysans là-bas car ils ont un réel projet économique. L'Etat et Vinci veulent des expulsions et ont fait leur procès en pleine COP 21, c'est un comble... » En cas d'expulsion, le message a été transmis au préfet : des Jurassiens iront sur place.
Claude Buchot en est persuadé : la lutte contre doit déboucher sur un projet pour : « il faut recréer une économie basée sur l'agriculture, l'artisanat et le commerce de proximité. Il est possible d'imaginer autre chose à condition de rompre... » On sent l'influence de ses amis du PG, notamment Gabriel Amard qui oeuvre à la logistique. Buchot continue : « la France est un grand pays malade, il faut changer sa civilisation de pacotille ».
On est venu d'autres départements. De Côte d'Or où Gael explique que l'Amicale contre l'aéroport nantais organise une manifestation samedi 16 janvier à Dijon
