Les enfants captivés par la lecture

Le 3ème festival du livre jeunesse se tenait à Dole les 5, 6 et 7 avril. Autour du thème « Les p'tits papiers », il a été préparé depuis janvier dans les écoles et a représenté bien plus qu'un salon où les auteurs viennent dédicacer leur oeuvre.

Festival livre jeunesse Dole

De la lecture avant toute chose, ainsi que Paul Verlaine le disait pour la musique. Pour le festival du livre jeunesse, organisé par le réseau des médiathèques du Grand Dole, auteurs, illustrateurs, éditeurs et animateurs se sont installés durant trois jours à la Commanderie à deux pas de la fête foraine. Au centre de la vaste salle au rez de chaussée se sont retrouvés les enfants. Des cubes et parallélépipèdes de mousse, colorés et confortables pour organiser un coin lecture. Des bacs avec livres et bandes dessinées à volonté. Les adultes lisent, commentent et miment, en se tenant aussi proches que possible des enfants. D'autres enfants, en petit groupe, mettent en scène immédiatement les aventures entendues : pirates, aviateurs et toutes sortes d'animaux se poursuivent et sautent sur les cubes de mousse. Rien ne perturbe ceux qui sont captivés par la lecture.

Pour Georges Curie, qui fut Conseiller pour le livre et la lecture en région Bourgogne-Franche-Comté, « la lutte contre l'illettrisme est une ardente obligation et, plus tôt on familiarise l'enfant avec le livre et la lecture, moins on a à résoudre les problèmes d'illettrisme que l'on découvre au collège ou même plus tard. » Initiateur du Salon des bébés lecteurs de Quetigny (Côte d'Or), il a pris contact avec l'Association des maires du Jura pour proposer que des livres soient offerts aux jeunes parents à la maternité. Il propose également qu'une matière « lecture-culture » soit incluse dans la formation des assistantes maternelles. Il diffuse gracieusement un petit ouvrage qu'il a publié à ses frais, « Illetrisme, parlez-moi plutôt d'amour ».  Son combat en « électron libre » ne lui empêche pas de recommander l'activité de l'association bisontine Croqu'livre présente un peu plus loin.
Sa directrice Myriam Lemercier organise des séances de formation sur la littérature jeunesse et des animations autour du livre. L'association existe depuis 1980. Elle intervient dans les jardins d'enfants, les écoles des quartiers populaires, à l'occasion du festival Les Mots Doubs et proposera la « nuit du conte » à Saint Fergeux à Besançon le 7 juin. Pour Myriam Lemercier, « les parents sont au centre. En transmettant le plaisir de lire, ils facilitent l'apprentissage et le bien être futur. Les enseignants ont un rôle crucial de passeur. »

Matéo a 9 ans. Il a découvert vendredi le livre numérique pour enfant. La maison d'éditions des Hauts de Seine « La Souris qui raconte » a été invitée par le réseau de médiathèques du Grand Dole pour faire des démonstrations. Matéo a choisi l'histoire de Charbada. Sur la tablette numérique il trouve que « c'est mieux, il y a une animation en vrai et quand on est fatigué le soir on peut faire raconter l'histoire par la voix de l'ordinateur ». Ses parents n'achèteront pas de tablette pour le moment et Matéo continuera de lire avec gourmandise des bandes dessinées. 

Les enseignants fidèles à la pédagogie Freinet sont là également. Ils présentent une partie des 545 numéros déjà publiés de la Bibliothèque de Travail Junior (BTJ). Séverine Duparet est institutrice à Belmont en lisière de la forêt de Chaux, Olivier Grémion à Brevans près de Dole. L'Institut coopératif de l'école moderne (ICEM, représentant la pédagogie Freinet en France) développe une pédagogie de l'expression libre et pratique l'imprimerie, le cinéma à l'école, la classe-promenade, « l'abolition de l'estrade », le travail de groupe. En mars 2012, Olivier Grémion a réalisé avec ses élèves un fascicule sur un berger jurassien. Les enfants font des recherches, écrivent, travaillent ensemble et relisent les textes d'autres écoles, quand ils font partie d'une « classe lectrice » comme celle de Brevans. « L'ensemble des publications de BTJ tend à la constitution d'une encyclopédie. Alors que les magazines jeunesse dans le commerce reviennent sur des sujets d'une année à l'autre, nous ne cessons pas d'explorer, ainsi des numéros récents sur l'Algérie française ou Georges Brassens » précise Olivier Grémion. 

« Un enfant aveugle ou malvoyant est d'abord un enfant » défend l'association Les doigts qui rêvent. Gérant à Talant près de Dijon une maison d'édition spécialisée dans les « livres tact-illustrés », elle considère que « les premiers livres plaisir, ceux dont on se souvient toute sa vie, ceux qui tissent les liens entre parents et enfants, tous les enfants doivent y avoir droit ». Les albums tactiles proposés sont fabriqués dans un atelier d'insertion professionnelle. Ils sont élaborés à partir d'exigences particulières : deux écritures, en gros caractères et en braille pour permettre les échanges, des illustrations en relief (thermoformage et gaufrage), une reliure qui facilite la lecture digitale, des couleurs et des contrastes pour stimuler les basses visions et une image positive des enfants aveugles ou malvoyants. Solène Nègrerie est responsable de création, elle insiste sur la vocation de « livres de partage ». Patricia Richard, la présidente de l'association, présente l'édition comme « unique au monde » et anime un atelier de découverte et d'initiation au braille sur le stand. Chacun leur tour, les enfants font une expérience furtive de la privation d'un de leur sens. 

A l'étage Alain Goy entame ses contes d'arbres, P'tit loup puis le chêne et le hêtre qui, plantés côte à côte, se détestent. Les 35 auteurs poursuivent leurs séances de dédicace. Une amie assiste à la présentation d'un nouveau livre par un éditeur. A chaque fois qu'il tourne une page, les enfants s'exclament : « ohh ! »  Les parents en font autant. Le stade de l'enchantement reste accessible à tout âge. L'imprimerie AEncrages & Co propose des cartes souvenirs et Guy Dubled animateur à la MJC de Dole conduit des jeux d'expression théâtrale. Des cartes postales « A bientôt à Dole » sont offertes par la municipalité. On y met un mot, on l'adresse et elle est affranchie gracieusement. A la médiathèque de l'Hôtel-Dieu et à la Commanderie, 7 spectacles ont été donnés pour les enfants à partir de 18 mois. Au coeur de ce festival, le spectacle des enfants captivés par la lecture, apprenant à jouer ensemble et riant aux éclats était incomparable. 

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