Les apiculteurs comptent sur la recherche

« L’abeille est une « espèce orpheline » : les laboratoires s’engagent peu pour soigner les maladies qui déciment les colonies parce qu’il n’y a pas de retour sur investissement rapide » alerte Pierre Duclos, vétérinaire et apiculteur. L'insecte sociable est pourtant une « sentinelle de l’écosystème ».

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« L’abeille est une « espèce orpheline » : les laboratoires s’engagent peu pour soigner les maladies qui déciment les colonies parce qu’il n’y a pas de retour sur investissement rapide » alerte Pierre Duclos, vétérinaire, apiculteur et membre de la Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales. Pourtant les superlatifs ne manquent pas pour vanter l’insecte, sa sociabilité, ses dispositions de « sentinelle et contributeur vital pour l’écosystème ».
Depuis 2007, le « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles » caractérise des disparitions massives, rapides et quasi-inexpliquées.
Les maladies graves, que signale M. Duclos lors de ces assises, sont la loque américaine et la varroose. La première, maladie bactérienne, a une durée de vie de plus de 30 ans dans la nature et d’une année dans la ruche. Elle impose un traitement rapide et radical. La seconde a pour origine l’acarien parasite, varroa, dont le cycle de reproduction se déroule à l’intérieur du couvain (ensemble des œufs, larves et nymphes contenus dans la ruche).
Les pesticides sont également en cause : « tous (insecticides, fongicides, herbicides, mollusquicides…) sont potentiellement dangereux pour les abeilles. Les doses « sub-létales » (non mortelles)  sont pernicieuses : décalées dans le temps, sans alerte directe sur la mortalité », à l’exemple du thiaméthoxam, employé pour traiter notamment le colza. Des mélanges de produits (pyréthrinoïdes et triazoles/imidazoles) peuvent causer des dégats importants notamment sur la capacité des abeilles à s’orienter et rentrer dans les ruches. 
Pierre Duclos encore : « Il faut revoir la référence pour homologuer les pesticides, revoir DL 50 qui était le dosage à partir duquel 50 % des abeilles adultes mourraient : les études commencent seulement sur l’effet des pesticides dans le pain d’abeille (pelotte de nectar et pollen) à l’intérieur des ruches. »

« Un tiers du cheptel
disparait chaque année,
quel éleveur peut supporter cela ? »

Les bonnes pratiques apicoles comme agricoles sont à renforcer : il est nécessaire de sélectionner des « abeilles hygiéniques » pour faire face aux pathologies. « Il faut utiliser des médicaments AMM (Autorisation de mise sur le marché) car les traitements maison sont risqués ». L’apiculteur subit les dégradations environnementales, il est aussi un éleveur qui doit savoir maîtriser les risques alimentaires, sanitaires, zootechniques…
« Le but des assises, les premières dans la région, c’est de sensibiliser les autorités au travail effectué et aux moyens nécessaires pour le poursuivre – un gros travail est fait en Franche-Comté, il faut pouvoir le poursuivre ! » selon Jean-Baptiste Malraux, responsable technique de l’Association de Développement de l’Apiculture en Franche-Comté (ADA FC). Johan Girard, président de l’association, apiculteur professionnel à Labergement Sainte Marie, remercie le Conseil général du Doubs pour une subvention de 8.000 euros sur deux ans qui a aidé à soigner la varroose.
Mais « ce traitement à l’amitrase, le seul actuellement contre le varroa, n’est pas pérenne » précise M. Duclos, une certaine résistance y a déjà été détectée. « Des molécules nouvelles sont à découvrir vite, sinon on est mal barrés… »

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