Le Journal de l’insoumission est jurassien

Ce mensuel de huit pages écrit par des militants, diffusé à la criée et dans les réseaux insoumis, n'entend pas donner une ligne politique, mais plutôt faire de l'éducation populaire. Proche de Jean-Luc Mélenchon, Gabriel Amard en est le directeur de la publication. 

amard

C'est un mensuel de huit pages et un site internet. Il s'appelle Le Journal de l'Insoumission et doit son existence à un groupe d'appui du Jura de la France insoumise, animé par Gabriel Amard. Maire (PS) de Viry-Chatillon (Essonne) de 1995 à 2006, il a été candidat (LFI) aux législatives de juin dernier dans le Jura et obtenu 14,2% après avoir été tête de liste du Front de gauche (PG-PCF) aux élections européennes en 2014 dans la circonscription Est.

Vendu à la criée dans les manifestations, ou par l'intermédiaire des groupes d'appui du mouvement, il est tiré à environ un millier d'exemplaires. Bien que né dans le Jura, ce n'est pas un journal départemental au vu de son sommaire. On lit par exemple un entretien avec le député Adrien Quatennens qui s'illustra dans le débat sur les ordonnances : « Macron est un illusionniste de premier choix », affirme-t-il notamment en considérant que « ces ordonnances ont pour objectif inavoué le remplacement du chômage de masse par la précarité de l'emploi ».

Les rédacteurs sont tous des militants. Parmi eux, le vigneron polinois Valentin Morel s'amuse à critiquer les « informations internationales manichéennes en France » tout en dénonçant une tendance à la « transformation de certains journalistes en éditocrates. Fini le temps des recherches, des analyses, de l'investigation qui aboutissait à un article éventuellement très espacé, place à la prescription d'opinion… »

Un papier sur la Colombie qui entre en campagne présidentielle, un autre sur les enjeux du Brexit vus par le rédacteur en chef adjoint du Monde diplomatique Renaud Lambert, un sujet de Claude Buchot sur la ZAD de Notre Dame des Landes… Ce journal pour militant n'est pas un tract, mais se veut un instrument d'éducation populaire. On y lit aussi un entretien avec Gilles Perret, réalisateur de La Sociale, qui a suivi la campagne présidentielle de Mélenchon et sortira un film l'an prochain. Une recette végétarienne et un papier sur l'utilité du lierre grimpant voisinent enfin avec une affichette et une bande dessinée sur le portage de parole.

Gabriel Amard, c'est vous le directeur de la publication !

J'ai déjà été directeur de la publication de deux périodiques qui ont tenu plusieurs années ! D'abord de la Discussion jaillit la lumière, reprenant un slogan de Michel Rocard en 1994, qui donnait la pensée de la gauche socialiste en Essonne. Puis Le P'tit Calstelviroishabitants de Viry-Chatillon que j'avais créé avant d'être élu maire et que j'ai continué. Ce n'était pas le journal de la mairie, mais un journal de réflexion sur la politique nationale et locale.

Il y a d'autres journaux insoumis...

L'Heure du peuple est le journal national de la France insoumise, c'est un hebdo papier, avec une rédaction, analysant la situation politique dont la locomotive est un site. Il descend de A Gauche, lui-même descendant de Données et Arguments, créé en 1978 par Jean-Luc Mélenchon.

Le votre est un journal de Jurassiens...

Il est créé par un groupe d'appui et on le met sur la plateforme de la France insoumise, et ça réagit : on a des correspondants dans le Sud, le Nord, l'Ile-de-France, Charleville, Dijon, Besançon...

A-t-il une vocation nationale ?

Oui, par ses contributeurs, mais il n'est pas descendant, ne fixe pas de ligne politique. On se fait par exemple l'écho d'une lutte de locataires peinant à récupérer des charges indues sans que ça engage la France insoumise.

Si ce n'est pas un organe de la FI, cela signifie-t-il que les journaux ne font pas leur travail ?

Non. Il y avait un espace que personne n'occupait : donner envie de s'engager en montrant une action remarquable. Il s'agit aussi de dire aux Insoulis : ne rentrez pas dans les travers des partis...

Y'a du boulot chez vous aussi ?

On organise une convention nationale en novembre qui va discuter de l'avenir à donner au mouvement pour les six mois à venir. Les deux tiers des participants seront tirés au sort, et le tiers restant sera partagé entre lanceurs d'alerte ou syndicalistes pour la moitié, et représentants des partis soutenant la France insoumise : Ensemble, Parti de gauche, Les Communistes insoumis, la Nouvelle gauche socialiste qui pourrait devenir les Socialistes insoumis, un pôle écologiste avec Sergio Coronado… Les conventions sont des lieux de débats, mais en même temps qu'ils ont lieu physiquement, avec les 1000 participants, ils ont aussi lieu en ligne...

Comment ça marche ?

Il y a un suivi en streaming de la convention en temps réel. Quand on a voté le programme, il y a eu 77.000 votes… Les présents à la convention n'ont pas davantage de voix que ceux qui suivent en ligne. Mais on a besoin de l'incarnation qui encourage. A la France insoumise, l'unité de base, c'est le groupe d'appui, pas la coordination régionale...

Elle existe ?

Je fais tout pour qu'il n'y en ait pas, ça deviendrait un enjeu de pouvoir. Un groupe d'appui n'a jamais plus de douze personnes. A partir de douze, on est sensé se dédoubler… A la convention, les 500.000 insoumis seront appelés à voter sur les grandes lignes… 

Pas sûr qu'ils votent tous !

J'espère qu'ils seront au moins 200.000… Macron nous aide à remobiliser. Il a eu un essoufflement post électoral pour tous.

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !