Le Bol d’R : faire face à une réalité humaine désastreuse

Après plusieurs mois de demande de rendez-vous et de de dialogue en direction de la mairie sur la situation des demandeurs d'asile, le collectif Solmiré a réquisitionné à Besançon un local inoccupé pour proposer un accueil de jour à ces personnes à la rue. Le président Macron affirmait en juillet 2017 : « Je ne veux plus d’ici la fin de l’année avoir des hommes et des femmes dans les rues, dans les bois. Je veux partout des hébergements d’urgence. »

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Depuis l'été 2016, le Collectif Solmiré (Solidarité Migrants-Réfugiés), vient en aide aux familles demandeuses d'asile contraintes de dormir à la rue puisque les services de l’État leur refusent l’hébergement auquel elles ont légalement droit. Plusieurs campements se sont ainsi succédé à Besançon. En novembre 2013 la fermeture du campement de Battant avait correspondu à l'ouverture de l'ancienne maternité St Jacques comme abri de nuit. Aujourd'hui il n'y a par contre aucune alternative au campement d'Arènes? Les familles en errance s'y installent pour sortir de l'invisibilité. Celui qu'on ne voit pas n'existe pas.

Le campement d'Arènes

Le campement du Parking d'Arènes constitue un abri très précaire fait de tentes et de couvertures en ces temps froids et humides pour des personnes ayant l'intention de déposer un dossier d'asile mais qui se retrouvent avant leur rendez vous en Préfecture lâchées sans ressources. Or les délais de ces rendez vous atteignent parfois plusieurs mois (la moyenne à Besançon étant de 50 jours) alors que certains dispositifs dédiés ont été pensés pour héberger tous types de demandeurs et pré-demandeurs d’asile, isolés ou familles et éviter la formation de campements. (Lire l'article sur le Prahda).

Force est de constater que la réalité est autre. Si certaines personnes sont peu à peu hébergées, d'autres attendent sans réponse positive du 115 (accueil d'urgence) ni de la Préfecture. D'autres errant au gré du froid viennent s'y ajouter après avoir dormi en ville avec elles aussi un rendez vous à la Préfecture en poche.

Une aide quotidienne nécessaire aux besoins les plus vitaux

En marge de ce défaut d'hébergement il y a celui de l'accueil de jour qui caractérise le rôle du Bol d'R : fournir une aide quotidienne nécessaire aux besoins les plus vitaux à des demandeurs d'asile durant ce délai instauré par la Préfecture.

Le Bol d'R a donc ouvert, certes illicitement mais pour faire face à une réalité humaine désastreuse. Ce local propose donc : toilettes, douche, cuisine, lave-linge, espace de jeux pour les enfants, espace de dialogue à ces personnes sans ressources. Il est important de souligner que tout cela se développe sans aucunement faire concurrence aux structures dédiées car le Bol d'R s'adresse aux primo arrivants n'étant pas encore sur la liste des structures dédiées mais vers lesquelles ils sont dirigés dès qu'ils apparaissent sur les listes établies chaque vendredi en Préfecture.

Par ailleurs ce local s'adresse aussi aux personnes hébergées à Ecole-Valentin qui n'ont pas encore les moyens de faire la cuisine n'ayant à disposition qu'une petite plaque électrique par étage et pas de lieu pour laver leurs vêtements. Des cuisines sont enfin en cours d'aménagement alors que ce centre a ouvert en juillet. S'il y avait cohérence entre la loi, les moyens, le courage et l'action face à des situations humaines, ce local n'aurait jamais eu à ouvrir.

Le Bol d'R est une initiative citoyenne, une alerte lancée contre le déni de réalité de nos autorités qui la connaissent mais souhaiteraient surtout que tout cela ne se sache pas.

Le Bol d'R est une initiative citoyenne née de la nécessité ressentie par des Bisontins de devoir intervenir concrètement pour contribuer à un traitement plus digne de personnes dont la vie est déjà suffisamment difficile pour ne pas y rajouter notre indifférence. Pour ces citoyens engagés dans ce soutien la rue n'est pas une perspective envisageable en hiver.

Ce que le Bol d 'R a permis

Son ouverture a participé depuis au raccourcissement du délai de certains rendez vous en Préfecture et à l'accès pour certains demandeurs aux structures d'accueil de jour dédiées. Le campement visible a favorisé pour sa part l'hébergement de personnes y dormant mais pas de toutes. Toute fermeture imposée du campement pour la nuit et du local pour le jour ne résoudront en aucun cas le problème posé, sauf à penser que le non accueil est une solution.

Le bol d'R ne cherche pas à s'institutionnaliser. Il disparaîtra dès que l’État et la Mairie joueront leur rôle. Mais en attendant des personnes restent à la rue et les citoyens à l'initiative du bol d'R tiennent à souligner que l'asile est un droit imprescriptible sur tout le territoire français et qu'il revient à l'Ofpra seul de définir ceux qui sont éligibles au statut de réfugié.

La SAIEMB bailleur du local (24 rue d'Arènes) a demandé un référé d’expulsion au tribunal administratif qui statuera le 9 janvier à 9h30.

 

 

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