Laurence Fluttaz : « voir ensemble les disparités et y remédier »

Membre du PS depuis le 22 avril 2002, la vice-présidente à la culture du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté a été en charge de l'enseignement supérieur de l'agglomération de Chalon-sur-Saône de 2008 à 2014. Pour l'heure, comme tous ses collègues, cette orthophoniste de 46 ans prend ses marques et prévoit un tour de la grande région...

Laurence Fluttaz : « un mandat, ce n'est pas un métier ». Ph D.B.

Comment naissez-vous à la politique ?

Il y a un terreau familial avec le coeur à gauche, un engagement associatif de mes parents, à la FCPE, Amnesty international. Mais ce qui m'a fait franchir le pas, c'est le 21 avril 2002. Je n'étais plus étudiante, je n'avais pas de carte politique, mais j'étais allée au meeting de Jospin...

Avez un engagement associatif, syndical ?

J'adhère au syndicat de ma profession, je suis orthophoniste libérale, et à la FCPE.

Quelles études avez-vous suivi ?

J'ai eu une mauvaise orientation. J'ai fait des études scientifiques, un bac D, mais j'ai davantage la fibre littéraire. Je suis plus à l'aise en langues, avec la littérature.

Quelle est votre plus grande découverte littéraire ?

Vous voulez la faire à la Fleur Pellerin ? (rire) J'ai toujours aimé lire...

Donc, vous prenez votre carte au PS le 22 évril 2002 après l'élimination de Lionel Jospin au soir du premier tour de l'élection présidentielle...

J'avais besoin de signifier un engagement fort. Le Pen au second tour, je ne voulais pas laisser faire ça pour mes enfants.

Puis vous vous présentez à des élections...

J'ai été élue aux municipales de 2008 à Chalon-sur-Saône avec Christophe Sirugue. On était alors soit adjoint, soit vice-président de l'agglo. J'ai été en charge de l'enseignement supérieur à la Communauté d'agglo du grand Chalon. Je ne connaissais pas. Mais j'ai apprécié, j'ai aimé être élue, travailler en équipe. J'ai découvert ce monde. Je me suis dit que ce devait être un engagement citoyen, que tout le monde doit se sentir concerné.

Chalon n'est pas une ville connue pour son université !

Il fallait arriver à faire vivre et reconnaître la ville comme une ville universitaire secondaire. Elle un IUT important, une école de média-vidéo et d'arts qu'on a développée, maintenue sur ce territoire avec un master. Le conservatoire a aussi une partie de l'enseignement supérieur de la musique, ça m'a conduit à aller à Dijon pour travailler avec la région, et c'est là que je me suis dit que c'était un échelon intéressant.

Marie-Guite Dufay, mais aussi Jean-Philippe Lefevre, adjoint à la culture à Dole qui est élu sur la liste de François Sauvadet, ont dit dans la campagne vouloir sanctuariser la culture. Ça veut dire quoi ?

Que c'est important par les temps qui courent que les vrais républicains sachent ce que c'est : une vraie valeur qui peut nous réunir. C'est le vivre ensemble, les fondamentaux d'une société, le regard critique, la connaissance de l'autre...

Que seront vos premiers actes de vice-présidente ?

Rencontrer les acteurs, les services, aller sur le territoire, faire le tour de la grande région. Je pensais réduire mon activité professionnelle à mi-temps, je vais sans doute descendre à un tiers temps. Je tiens à garder un pied dans le monde professionnel, j'ai un cabinet. Et un mandat, ce n'est pas un métier. Je ne veux pas le vivre comme un tremplin, je n'envisage pas de carrière...

Avez-vous conscience des grands sujets qui vous attendent ?

La charge de travail est énorme... J'ai pris conscience de ce qu'a dit Marie-Guite Dufay : il y a un désintérêt des citoyens pour la chose politique...

La politique se passe peut-être ailleurs que dans les assemblées ?

Je ne sais pas. J'ai peur que ce soit surtout dû à l'individualisme, aux gens en difficulté qui se replient...

Il y a aussi l'individualisme de la consommation...

Ça va de pair. On a du mal à voir collectif. Je suis contente de travailler avec Marie-Guite Dufay, car c'est sa ligne directrice. J'ai un devoir... Beaucoup de gens nous ont appelé après notre élection pour dire « ouf » ! On doit être très présents, être lisibles, travailler avec les acteurs, avec les citoyens...

Sanctuariser la culture, ça signifie pas de baisse de budget. Avez-vous des assurances ?

Oui.

En Franche-Comté, il y a eu une baisse du soutien au cinéma...

Je ne vais pas rentrer maintenant dans le fond des choses. Je prends connaissance des dossiers. Mais j'en entendu parler de celui-là, il y a quand même eu un retour en arrière... L'intérêt de la fusion, c'est qu'elle permettra de remettre les choses à plat. On verra l'articulation Chalon-Dijon, puis de l'autre côté : Besançon... Il faudra aplanir...

C'est à dire ?

Travailler ensemble pour voir les disparités et y remédier.

La culture, c'est le patrimoine, des troupes de théâtre, des aides...

Oui, des petites compagnies, un champ immense, mais je ne suis pas seule, il y a une conseillère régionale déléguée à la culture, Salima Inezarene, et une commission...

Quel est le dernier livre que vous avez lu, le dernier film que vous avez vu, le dernier concert...?

Je lis Le Petit oiseau du ciel de Joyce-Karol Oates, une romancière américaine. Ça fait longtemps que je ne suis pas allée au cinéma. Quant au dernier concert auquel j'ai assisté, c'est celui de la chorale Musique plurielle de Chalon. Je suis aussi allée à l'opéra de Dijon. J'aime beaucoup aller au conservatoire, à l'espace des arts où j'ai écouté récemment un trio de jazz...

La culture, c'est aussi la peinture, le sculpture, la photo...

Quand je vais à Paris, je vais souvent au musée Rodin que j'aime beaucoup, je vais au musée d'Orsay. On a aussi, à Chalon, le musée Niepce qui propose des expositions extraordinaires. Je suis allée aussi écouter des percussions à l'Arc, au Creusot... Il y a aussi le festival Chalon dans la rue... 

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