« L'alternance politique tue l'école », dit le Lédonien de naissance Antoine Prost dans une récente interview au Télégramme de Brest. Le recteur de l'académie de Besançon, Jean-François Chanet, n'a pas hésité à le citer lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée. Comme s'il souhaitait que l'on se penche sur le sévère diagnostic que pose son collègue historien sur le système scolaire. Ou plutôt sur le désinvestissement de la société, de nombreux parents, vis à vis du travail scolaire ou de l'école trop prise à ses yeux comme une « garderie ».
C'est dans ce contexte que débarque l'EMC, l'enseignement moral et civique annoncé après les attentats parisiens de janvier. Son ambition est grande, mais sa mis en place cette année est « transitoire ». Qui va dispenser cette morale de nos temps troublés ? « On a spontanément pensé aux enseignants d'histoire-géographie, mais il n'y a aucune raison intellectuelle ou pédagogique pour que les enseignants de sciences ou de littérature n'aient pas leur mot à dire », note le recteur en admettant que l'affaire n'est pas prête : « il reste à le faire entrer en pratique, c'est de la responsabilité de chaque établissement ». L'Éducation nationale pourrait-elle s'inspirer du savoir faire de l'enseignement agricole en matière de mobilisation et de responsabilisation des élèves ? « Tout à fait », répond-il, laconique...
Un comité de recteurs Bourgogne-Franche-Comté
En fait, il aura d'autres chats à fouetter durant cette année scolaire. Bien sûr, il y aura une « nouvelle carte » des CIO
Le recteur a-t-il assez d'influence auprès des élus locaux qui se déchirent autour des questions de cantine ou de périscolaire ? C'est le cas entre Larnod et Pugey, près de Besançon, dont le RPI est menacé : « si deux communes divorcent, ni le recteur ni l'inspecteur d'académie ne peuvent leur imposer de vivre ensemble. Mais on essaye de persuader les élus de l'intérêt des enfants afin qu'il n'y aient pas quatre ou cinq niveaux dans une même classe. Le RPI Larnod-Pugey va continuer cette année... C'est différend à l'Hôpital du Grosbois car c'est une école intercommunale et Charbonnière les Sapins est maintenue », explique l'inspecteur d'académie du Doubs, Jean-Marie Renault.
La dimension sociale de l'action éducative...
28,1 : nombre moyen d'élève par classe en collège.
30,3 : nombre moyen d'élève par classe en lycée.
19 : nombre de postes que perd l'académie en primaire et maternelle (Jura : - 15 ; Doubs : - 3 ; Territoire de Belfort : - 1).
46 : nombre de postes que récupère l'académie dans le second degré : 20 sont affectés à l'éducation prioritaire.
Autres évolutions : - 2 personnels de direction ; + 1 conseiller principal d'éducation ; + 1 médecin scolaire : - 3 emplois ATSS
263 professeurs des écoles stagiaires dans le public (233 à la rentrée 2014).
295 enseignants stagiaires dans le second degré public.
1461 établissements scolaires publics et privés sous contrat : 1198 écoles, 145 collèges, 67 lycées, 2 Erea
85,3% : taux de réussite au brevet
89% : taux de réussite au bac.
Le rectorat peut-il être aussi persuasif quant à l'intérêt des enfants avec Pontarlier dont le maire est intransigeant sur les trois mois de stationnement maximum des gens du voyage sur une aire d'accueil, au risque de perturber une scolarité difficile à enclencher, ce qu'on a compris à Besançon ? « Cela n'entame en rien notre détermination à aller plus loin, mais l'important est que la scolarité commencée à Pontarlier puisse continuer sur d'autres territoires, le principal enjeu étant l'accès au collège ».
Pour marquer la dimension sociale de l'action de l'Éducation nationale, le recteur insiste aussi sur les efforts particuliers menés pour la scolarisation des enfants de trois ans dans les réseaux d'éducation prioritaire renforcés. Le nombre d'enfants scolarisés varie entre 66 et 82% parmi les « catégories socio-professionnelles défavorisées, contre 35% en moyenne académique ». C'est bien la moindre des choses car ce qui caractérise un REP+, c'est justement la forte proportion de pauvres, voire de situations de misère.