La grève massivement suivie lundi 28 novembre par les postiers de Besançon survient dans un contexte d'aggravation des conditions de travail alors que la poursuite des fermetures de bureaux, après le monde rural, devrait toucher le milieu urbain. Pour les usagers, le transfert du traitement du courrier comtois à Dijon explique certains retards de distribution.
90% de grévistes selon les syndicats Sud-PTT et CGT, 50% pour la direction. Ces deux chiffres disent clairement la mobilisation des facteurs et des guichetiers contre le projet de réorganisation de La Poste à Besançon où la plupart des bureaux étaient fermés lundi 28 novembre. Surtout quand on sait que les arrêts de travail touchent habituellement rarement plus de 20% du personnel.
Ce projet prévoit le rattachement de la Franche-Comté à... l'Alsace, ainsi que « le passage de 200 bureaux à 65 en 2018 », explique Elisabeth Louis, représentante Sud-PTT.
L'ampleur du mouvement donne du crédit aux constats alarmistes des syndicats. Délégué Sud-PTT, Julien Juif évoque deux affaires récentes de souffrance au travail, le suicide d'un facteur de Pontarlier et le refus de la hiérarchie d'une plateforme de courrier du Nord d'appeler les secours pour une employée victime d'un AVC. Leur contexte est « celui de 7500 suppressions d'emplois sur 240.000 depuis 2015 alors que La Poste a touché un milliard de CICE ces trois dernières années. Le sous-effectif est permanent, les conditions de travail dégradées, les files d'attentes s'allongent, les guichetiers se font engueuler, les dépassements d'horaires ne sont jamais comptabilisés... » Quant aux facteurs, il leur arrive de mettre davantage de temps pour délivrer un recommandé que les 90 secondes prévues...
Le traitement du courrier parti à Dijon
Devenue en 2010 société anonyme à capitaux publics malgré l'opposition de 2,3 millions de citoyens, La Poste vit une mutation brutalisant personnels et négligeant les usagers. A tel point que la parole de la direction de l'entreprise n'est plus considérée comme fiable, y compris par les élus : le conseil municipal avait voté une motion en mai 2015 et Jean-Louis Fousseret avait écrit à la direction de La Poste dont le projet était « inacceptable en l'état ».
Manifestement sans résultat : « La direction régionale avait noyé la presse et les élus lors de l'annonce en avril 2015 de la fermeture de la plateforme industrielle du courrier de Besançon en avril 2016, avec le transfert à Dijon et la suppression de 200 emplois. Elle avait promis une plateforme logistique urbaine à Besançon au moment où la direction nationale gelait la réorganisation. Elle ne parle plus de PLUplateforme logistique urbaine, mais de plateforme multi-activités sans qu'on sache ce que c'est », ajoute Julien Juif.
Régularisation des erreurs de salaires tous les six mois
Dans ces conditions, la réorganisation annoncée pour février 2017 des tournées de distribution à Besançon inquiète les intéressés avec dix postes en moins et le passage de 600 à 800 boîtes aux lettres par facteur. Les anciens employés de la PICplateforme industrielle du courrier passés à la distribution ont même vu leur salaires délectés d'une centaine d'euros par mois : « le DRH nous a dit que c'était une erreur, que c'était normal, et la régularisation aurait lieu tous les six mois », explique le syndicaliste en rappelant le salaire à l'embauche d'un facteur, sous droit privé depuis 1991 : 1100 euros...
Les usagers, que l'entreprise préfère appeler clients, ont aussi matière à s'interroger depuis le transfert du traitement du courrier à Dijon. Chacun a pu constater en effet un remplissage erratique de sa propre boîte aux lettres : plusieurs jours sans courrier, puis tout d'un coup toutes les lettres à la fois. « Il arrive qu'un million de plis soient en souffrance à Dijon, essentiellement le courrier franc-comtois. A Besançon, il y avait 80% de tri par tournée, maintenant, ils n'y arrivent plus à Dijon. On aurait pu garder une activité, il y a l'outil », explique Julien Juif.
Avant que le traitement du courrier ne se fasse la malle à Dijon, celui des colis était parti à... Bar-le-Duc en 2009. Ces colis, qui augmentent de 270% en période de Noël, n'auront pas tous la chance d'être livrés du premier coup : « les voitures ne sont pas assez grandes pour tout prendre ! »
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