La lutte contre la loi travail entre Alstom et la fac de lettres

Alors que les yeux du pays sont tournés vers Belfort où les salariés d'Alstom, en grève le 27 septembre, jouent gros, à la faculté des lettres de Besançon une petite assemblée générale s'est tenue pour tenter d'organiser la (re)mobilisation.

comob

Comment relancer la mobilisation contre la loi travail alors qu'on vient à peine de rentrer de vacances ? C'est la question qui se pose aux acteurs du mouvement social à la veille du premier rendez-vous donné par l'intersyndicale ce jeudi 15 septembre. A Belfort, les salariés d'Alstom ont vite fait le lien avec la lutte qui s'annonce contre la fermeture du site. Leur cortège doit démarrer de l'usine pour rejoindre la manifestation en ville.

Philippe Pillot, le délégué central FO d'Alstom, l'a aussi fait : « pourquoi déplacer 400 salariés de Belfort à Reichshoffen compte tenu que la charge transférée à Belfort est nulle et que celle de Reichshoffen sera également nulle en 2018 si les trains d'équilibre du territoire ne leur sont pas alloués ? Grâce à la soi-disant excellente loi travail, une telle situation justifiera le licenciement économique... Alors entre une entreprise qui ferme ses sites et un gouvernement qui l'aide à licencier son personnel, l'avenir du site Alstom de Belfort et sans doute d'autres à venir, est tout tracé ».

Alstom : « l'examen de passage »

Cette manifestation « sera notre examen de passage. Si on le rate, si la mobilisation n’est pas au rendez-vous, on est
foutus... Il faut donner le frisson aux Belfortains, leur montrer que les Alstom sont là. Il faut faire peur à la direction », dit pour sa part le délégué CFDT Olivier Kholer.

A Besançon, les six grévistes de la petite entreprise Sol-Pose, embarqués dans un conflit de nettement moindre ampleur, ne se sentent pas moins concernés : « la CGT nous aide et nous soutient, ils nous ont invités à manifester... C'est en se soutenant qu'on y arrivera », explique l'un d'eux.

Comment faire repartir le mouvement à l'université ?

A la fac de lettres et sciences humaines de Besançon, la seule de l'université à avoir bougé avant l'été, la question est moins évidente à trancher. Une quarantaine de personnes, dont quelques enseignants et quelques lycéens, ont tenu mardi une assemblée générale pour examiner la façon de rebondir. Un étudiant propose de « prendre position sur Alstom », il pressent que « quelque chose de gros se prépare ». Le sujet ne reviendra pas sur le tapis.

Les débats ont en fait beaucoup porté sur la structuration et l'animation du mouvement. Faut-il par exemple dissoudre le comité de mobilisation de l'année universitaire précédente ou le fondre dans un nouveau ? Question subalterne ? Pas du tout car elle prend en compte les départs de la fac et les arrivées de nouveaux étudiants, ce qui pose la question de la légitimité des décisions, et depuis des décennies explique pourquoi tout est toujours à recommencer... 

L'AG se poursuit sur la pelouse

On se demande aussi s'il faut laisser la place aux 150 étudiants arrivant à 13 heures pour un cours. « On a le droit de rester car le conseil de gestion a voté une motion de soutien et le prêt de l'amphi Donzelot jusqu'à la fin de la mobilisation », dit une étudiante. « Pas besoin de faire un esclandre, il fait beau, allons dehors », répond un étudiant. Un autre ajoute que « la loi est passée » et que « ce n'est pas la meilleure façon de commencer l'année en se fritant avec une classe ». On décide donc de poursuivre l'AG sur la pelouse...

Là, on s'interroge sur la répartition des rôles entre l'assemblée générale et le comité de mobilisation, la place des syndicats. Les libertaires penchent pour un comité « faisant ce que l'AG décide ». Les plus expérimentés suggèrent que le comité doit avoir la capacité de « préparer les AG sinon la mobilisation ne tiendra pas ». La proposition d'une assemblée générale à la fin de la manifestation bisontine est lancée, mais rien n'est décidé : « ça dépend, on verra bien comment ça se passe ».

« Ça marchera s'il y a
du contact et du dialogue »

On se demande enfin si l'on va constituer jeudi un cortège dans la fac, passant par les amphithéâtres, pour inciter les étudiants à rejoindre le rassemblement des salariés. Là aussi, rien n'est décidé. On convient finalement qu'il faut « refaire de l'information » afin de « remettre les choses à plat sur la loi travail existante », c'est-à-dire votée. Mais pas encore munie des 127 décrets dont beaucoup doivent être publiés le mois prochain. Cet aspect des choses n'aura pas été abordé. Dans un aparté, un étudiant glisse qu'en son temps, le CPE avait été voté, mais les décrets jamais publiés...

Ce qui semble décidé, c'est la tenue d'un « débat libre » mardi 20 septembre à 18 h afin de dresser un bilan des mobilisations d'avant l'été et d'évoquer les perspectives. « Ça ne marchera que s'il y a du contact et du dialogue », dit une enseignante avant d'aller donner un cours.

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !