La jeunesse ne veut pas « travailler plus pour gagner moins »

Entre 7000 et 9000 manifestants ont défilé dans six villes de Franche-Comté dont de nombreux étudiants à Besançon où ils ont constitué un comité qui prévoit d'organiser une manifestation le 17 mars avant la journée nationale du 31 mars contre la « loi travail » de Myriam El Khomri.

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L'ancien Lip Alain Springaux est parmi les premiers à arriver place de la Révolution à Besançon. « J'en ai ras-le-bol, j'ai peur que la CFDT nationale se laisse un peu endormir. Le gouvernement mène une politique de droite, c'est normal qu'on réagisse... » A quelques pas, justement, deux déléguées CFDT aux Salins de Bregille sont là pendant que la sono du syndicat affirme qu'il faut compter avec lui. « On ne respecte pas les gens, la nouvelle loi ne soutient pas trop les nouveaux embauchés alors que c'est déjà difficile de trouver du travail, que ça marche pas mal au faciès... Et si les prud'hommes sont attaqués, on ne pourra plus se défendre... », dit Valérie Perrot. « Je suis de gauche, c'est pas comme ça qu'on construit une réforme, il n'y a pas eu de concertation avec ceux qui travaillenrt », dit Claire Dutart qui aimerait bien savoir « de quel côté est le gouvernement ».

La CFDT représentée par sa branche santé-sociaux alors que ses instances territoriales n'ont pas appelé au rassemblement, c'est un signe. Il y a de nombreux drapeaux CGT et Solidaires, un peu moins de FO et de FSU, des myriades de calicots individuels. On croise quelques élus municipaux communistes et écolos, un ancien socialiste. On voit quelques sigles politiques : EELV, PCF, NPA, PG, LO... Nathalie Faivre, responsable du Snes-FSU, explique que les profs sont là « contre la loi et en soutien aux jeunes. Les régressions sur la législation du travail dans le privé a tôt ou tard un impact sur les conditions d'exercice des fonctionnaires, et les enseignants sont concernés par le sort des élèves. Ils ont raison, les jeunes ! »

« Je n'ai pas voté pour que ce gouvernement fasse n'importe quoi »

Pas syndiqué, le sociologue Christian Guinchard trouve le projet « inéquitable et pas efficace. A chaque fois que des cadeaux sont faits au patronat, il n'y a pas d'amélioration pour les autres groupes sociaux. Je n'ai pas voté pour que ce gouvernement fasse n'importe quoi ». Romain Bader, délégué SUD à l'Adapei défile aussi avec des collègues : « on est choqué par le plafonnement des indemnités de licenciement, de l'augmentation de la durée du travail... On sera en grève le 15 mars parce que notre convention collective est remise en cause... »

 

La sono de Solidaires est mi martiale mi amusée : « Tremblez nantis, le peuple est de sortie ! » En remontant le défilé, on remonte vers les rangs étudiants qui sont en tête. Une joyeuse clameur emplit la rue de la préfecture quand un rouleau de papier-toilette atterrit dans la cour de la Banque de France. Plusieurs centaines de poumons reprennent en chœur : « on ne négocie pas la régression sociale, on la combat ».

« Contente d'être là, que ça bouge un peu... »

Un maigre cordon de policiers barre le portail de la préfecture. Un bouclier servira à arrêter la course d'un œuf lancé en leur direction. Mais tout reste calme et le face à face ne dure pas : le cortège poursuit sa route vers l'ancien hôpital Saint-Jacques. Une travailleuse sociale se dit « contente d'être là, que ça bouge un peu, pourvu que ce ne soit pas un avorton... J'ai des collègues qui sont venus faire un tour avant de repartir bosser ».

Étudiante en lettres, Éléonore a connu l'enseignement professionnel : « quand on a été en LP, on connaît la situation des apprentis qui gagnent peu pour le vrai travail d'un employé, les patrons s'enrichissent sur le dos des jeunes... » Aurélien, son compagnon salarié, n'en est pas à sa première manif et résume le slogan du jour : « travailler plus pour gagner moins ». Il est également cité par un petit groupe d'étudiantes de l'IRTS, l'institut régional du travail social : « ceux qui ont le statut de demandeur d'emploi en formation ne toucheront pas 20,54 € d'indemnité... » Le coût de l'absence, le coût de la grève...

 

Le cortège revient à son point de départ. Le chanteur Yves Jamait, programmé au Kursaal le soir, grimpe sur le camion sono de Solidaires et chauffe la foule avec Y'en a qui... 

Cyril Keller, le secrétaire de l'union départementale CGT, est souriant en échangeant avec les RG qui ont compté 2500 personnes. Pour les syndicats, il y en a 4000... « C'est bien, c'est un bon tremplin pour le 31 mars, d'ici là, on aura le temps d'aller dans les boîtes expliquer aux salariés... »

Le matin, une assemblée générale étudiante avait réuni 150 participants en fac de lettres : « on a décidé de constituer un comité de mobilisation pour tous, étudiants, lycéens, salariés, afin de préparer la suite de la mobilisation ». La prochaine AG est annoncée pour mardi 15 à midi à l'amphi Donzelot afin de « préparer la manif nationale du 17 » programmée par des organisations étudiantes et de jeunesse. « Quand on discute avec les étudiants, ils se rendent vite compte, un sur deux est salarié », expliquent-ils.   

En fait, cette manif du 9 mars est un tour de chauffe avant le 17 mars des syndicats étudiants et le 31 mars de plusieurs syndicats de salariés.

Parvis de la préfecture de Besançon.

 

Rue Pasteur.

 

La place de la Révolution chauffée par Yves Jamait.

 

13 heures, la place de la Révolution se remplit...

 

Les étudiants se réunissent à nouveau dès mardi 15 mars.

 

 

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