Après 47 ans de service, la centrale nucléaire la plus proche de Besançon - 100 km - va s'arrêter. Située en Suisse, dans le canton de Berne, c'est l'une des quatre centrales (cinq réacteurs au total) de nos voisins. Décidé il y a six ans par l'exploitant, le groupe BKW Energie (ou Forces motrices bernoises) détenu majoritairement par le canton de Berne, l'arrêt est le premier d'une installation nucléaire dans la Confédération qui avait décidé de sortir progressivement de cette source d'énergie après l'accident de Fukushima en 2011.
Déconnectée du réseau vendredi 20 décembre, la centrale de Muhleberg commencera à être démantelée le 6 janvier 2020. Les turbines et générateurs devraient avoir été démontés en octobre 2020 et les combustibles devraient être retirés en 2024. Le stockage des déchets est prévu dans le pays en un lieu non encore déterminé. L'élimination de la radioactivité sur le site de la centrale est annoncée pour 2031, sa réaffectation éventuelle ne devant pas avoir lieu avant 2034.
Comprenant un unique réacteur à eau bouillante de 1100 mégawatts de puissance thermique, la centrale de Muhleberg est la plus petite des centrales helvétiques produisait 335 MW d'électricité. Construite en 1967, elle a, entre sa mise en service le 6 novembre 1972 et 2014, produit plus de 3000 MW. Elle produit 5% de l'électricité du pays qui est majoritairement d'origine hydraulique (60%).
Le coût de l'arrêt de la centrale est estimé à 927 millions de francs suisses (847 millions d'euros) auquel il faut ajouter le coût estimé du traitement des déchets, 1,4 milliard de CH-F (1,28 MD euros). Les 300 salariés de la centrale devraient être affectés au démantèlement ou dans d'autres secteurs du groupe BKW qui produit également de l'électricité à partir de sept barrages.
Touchée par des avaries, la centrale de Muhleberg, notamment des fissures et une soudure décollée dans le coeur du réacteur décelée dès 1990, la centrale avait néanmoins poursuivi son fonctionnement. En mars 2012, le tribunal administratif fédéral avait décidé la fermeture de la centrale pour raisons de sécurité pour mai 2013, mais deux mois plus tôt, après un appel de BKW, le tribunal fédéral avait annulé la décision de première instance au grand dam de Greenpeace-Suisse qui exigeait l'arrêt. Mais quelques mois plus tard, devant les importantes sommes à investir pour tenter de garantir la sécurité, l'entreprise annonçait programmer la fermeture pour 2019.
En mai 2017, à l'occasion d'une votation nationale, les Suisses avaient approuvé à 58% la sortie du nucléaire d'ici 2050 en approuvant la loi sur l'énergie six mois après avoir dit non à 54% à l'interdiction de construire de nouvelles centrales…
